Ecrit le 21 mai 2008
séparons les gars des filles
L’information est si étonnante qu’on a du mal à y croire : l’assemblée Nationale remet en cause la mixité à l’école. Oui, la mixité ! Dans les années 60 à Châteaubriant, le Lycée et le Cours Complémentaire étaient mixtes. Certes le directeur souhaitait que garçons et filles soient séparés dans les rangs et dans les salles de cours, mais, tout de même, les cours étaient mixtes. Pourquoi donc faire marche arrière 50 ans plus tard ?
Une école pour les filles
l’assemblée Nationale a voté un texte, le 28 mars 2008, dont l’article 2 a ému le sénat. Celui-ci a donné un avis le 1er avril, en disant :
1- « Le projet de loi précise que le principe de l’égalité d’accès aux biens et services n’interdit pas d’organiser des enseignements en regroupant les élèves en fonction de leur sexe ».
Le sénat rappelle alors que l’article L 121-1 du Code de l’Education assigne aux établissements scolaires le rôle de « favoriser la mixité et l’égalité entre les hommes et les femmes ».
Le sénat insiste : cette loi ne doit pas « remettre en question, pour des motifs culturels et religieux, la bonne intégration des jeunes filles dans la vie des établissements d’enseignement, et leur participation à l’ensemble des activités, notamment sportives, qu’ils proposent ». Il élève également une mise en garde contre l’organisation d’enseignements distincts « qui reproduiraient des stéréotypes sexués contre lesquels il convient au contraire de lutter, et qui proposeraient, par exemple, des cours de couture réservés aux filles, et des ateliers de mécanique pour les garçons ».
Et la pub ?
2 - Le sénat épingle une autre phrase de l’article 2, celui qui dit : « le contenu des médias et de la publicité n’est pas considéré comme un accès aux biens et services ni comme une fourniture de biens et services » au sens de la présente loi.
Le sénat craint en effet que, comme certains propos le laissent penser, « cette disposition n’ait pour objet plus ou moins avoué, car pas nécessairement avouable, d’autoriser des représentations de la femme discriminatoires dans les médias et la publicité ».
Selon Mme Khiari, sénatrice, " la mixité est un acquis fragile. Parmi ses détracteurs, trois arguments sont invoqués.
– Le premier, d’ordre pédagogique, met en évidence le frein que peut constituer la mixité aux performances respectives des filles et des garçons.
– Le second, d’ordre social, souligne la montée des violences dans les établissements, et notamment des violences sexuelles.
– Le troisième, que l’on peut classer, faute de mieux, dans la catégorie ...
« morale » ... déplore l’indécence qu’il y aurait à suivre, pour les garçons et les filles, des cours en commun.
La délégation aux droits des femmes du sénat s’était saisie de cette question en 2004. Elle avait conclu que les réponses aux problèmes soulevés se trouvaient non pas dans la ségrégation, mais dans la formation des enseignants, l’encadrement éducatif, le contenu des manuels scolaires et « surtout dans la volonté politique d’accompagner les jeunes femmes dans des choix d’orientations professionnelles dont elles ont tendance à s’auto-exclure ».
« Après avoir affirmé la supériorité du curé sur l’instituteur dans la transmission des valeurs ; après avoir voulu imposer les statistiques ethniques, instrument fort utile pour gommer la question sociale et renvoyer les causes de la délinquance à l’origine ; en donnant maintenant la possibilité de déroger au principe de mixité dans l’éducation, on s’en prend une fois de plus à notre modèle laïque et républicain » dit encore Mme Kiari.
Mais en séance, au sénat, la secrétaire d’Etat à la famille, Nadine Morano, a tenu bon : « Si le gouvernement est très attaché à la mixité, [la possibilité qu’un enseignement ] puisse être dispensé en séparant les garçons des filles [ est défendable ]. Cela se fait à l’école de la légion d’honneur, dans l’enseignement privé », a-t-elle précisé. Un exemple qui fait envie, assurément !
Rupture rions un peu
Pour nous, le gouvernement devrait aller plus loin dans cette affaire.
Rétablir les travaux manuels différenciés : la cuisine et le ménage pour les filles, la mécanique pour les garçons.
Conforter les jouets différenciés : des poupées pour les filles, des armes pour les garçons.
Réformer la mode : jupes obligatoires pour les filles, pantalons pour les garçons.
séparer résolument les hommes des femmes dans les manifestations populaires. Par exemple, à la Foire de Béré, il faudrait créer deux couloirs de circulation dans les allées : un pour les hommes, un pour les femmes.
La loi devrait aussi dire qu’hommes et femmes ne devront pas manifester côte à côte. Les hommes dans la rue, les femmes sur les trottoirs. Ah non, une fille sur le trottoir ça fait penser au tapin. Disons donc : les hommes dans la rue, les femmes à la maison.
Va falloir créer des stades pour les filles et d’autres pour les garçons, des piscines pour les filles et d’autres pour les garçons.
Et a-t-on pensé au corps enseignant : des professeurs pour les garçons, des professeures pour les filles. Etant donné la féminisation du corps professoral, ça va poser des problèmes !
Alors oui, rions un peu. Les choses sont si tristes !
Sources :
– http://www.assemblee-nationale.fr/13/ta/ta0115.asp
– http://www.senat.fr/rap/r07-252/r07-2520.html
Un intéressant rapport du sénat : http://www.senat.fr/rap/r03-263/
r03-26310.html
Trou de mémoire
« l’annonce était martiale et ne manquait pas d’allure » commente Le Canard Enchaîné. Le 10 mai, en effet, N.Sarkozy a déclaré : « Cette histoire [de l’esclavage ] doit être inscrite dans les manuels scolaires afin que nos enfants puissent comprendre ce qu’a été l’esclavage, afin que nos enfants puissent mesurer les souffrances que l’esclavage a engendré, les blessures qu’il a laissées dans l’âme de tous ceux que rien ne peut délier de ce passé tragique ». Cet enseignement, selon lui, devait se faire dès la prochaine rentrée.
Amateur de coups médiatiques, N.Sar-kozy multiplie les mauvaises notes, Il convient en effet de noter que l’esclavage est déjà dans les programmes scolaires (Loi Taubira du 21 mai 2001)(1) et notamment dans deux classes du primaire, le CM1 et le CM2 depuis 2002 (2).
Une page de l’histoire française qui aurait pu être supprimée cette année des programmes par l’arrêté du 4 avril 2007 si des enseignants et des militants associatifs ne s’étaient élevés contre cette manœuvre.
(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_Taubira
(2) Voir ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/bo/2007/hs5/hs5_approfon-dissement.pdf, pages 18 et 20