Ecrit le 4 février 2004
Chinoiseries
Selon un document révélé par Ouest-France du 28 janvier 2004 les entreprises chinoises savent vendre leur marchandise en précisant que « les salaires les plus bas sont appliqués ». Le document remis aux clients potentiels détaille les conditions de vie des salariés : cadres et ouvriers sont logés en dortoirs : « Huit à dix ouvriers partagent une chambre soit 3,6 m2 par personne ». Les cadres, eux, disposent de 11,7 m2 chacun. On admirera la précision en regrettant de ne pas savoir, cependant, la dimension des WC et la largeur des lits.
Les ouvriers travaillent à la pièce, 44 heures par semaine, (avec des heures supplémentaires en plus) avec des congés se limitant aux jours fériés nationaux. Un modèle pour la France ? L’esclavage comme moyen d’échapper à la misère ?
Trafic
Un trafic de main-d’œuvre a été découvert notamment à St Mars la Jaille. En deux ans, plusieurs centaines d’immigrés auraient travaillé dans trois abattoirs de l’Ouest dans des conditions proches de l’esclavage : des conditions pénibles, des horaires pouvant aller de cinq heures du matin à 21 heures, parfois sous les coups et les insultes, avec un salaire nettement inférieur à ce qui leur avait été promis. Ils ont fini par porter plainte devant les prud’hommes notamment abus de vulnérabilité. Audience programmée le 3 février 2004. En attendant ces immigrés vont être expulsés !!
Ecrit le 11 février 2004 :
On a pressé le citron,
il faut jeter la peau !
En décidant l’expulsion des travailleurs maliens employés illégalement dans les abattoirs de Saint Mars la Jaille, et dans les conditions d’esclavage qui ont été décrites (relire La Mée de la semaine dernière), le préfet du Maine et Loire a délibérément choisi le camp des bourreaux contre celui de leurs victimes. La décision du Tribunal administratif de Nantes n’a fait que confirmer cette décision inique. Dehors les Maliens, avant même que le Tribunal des Prud’hommes ait pu examiner leur affaire !
" C’est la rage au ventre que les Alternatifs ont suivi ce bien mauvais feuilleton de l’exploitation de la misère et de l’hypocrisie capitaliste.
désormais les responsables du trafic d’êtres humains, véritables esclavagistes des temps modernes, et leurs commanditaires que sont les dirigeants des entreprises d’abattage, peuvent dormir tranquille : l’Etat assure le service après exploitation. Et la justice veille ". (communiqué des Alternatifs)
Ecrit le 4 février 2004 :
De Virville : la presse bâillonnée ?
Une déclaration commune du MRC, du PCF, du PRG, du PS et des Verts, a été faite le mardi 27 janvier 2004, au sujet des projets « De Virville » (relire Salariés - Refondation sociale). Curieusement on n’en a pas vu la trace dans la Grande Presse Régionale (même celle qui se veut à dimension nationale). Curieux ....
Cette déclaration explique que les propositions faites par M. de Virville à François Fillon constituent « une grave menace pour notre modèle social », par la remise en cause, au-delà des lois votées par la gauche (35 heures, emplois jeunes, loi de modernisation sociale), « de l’ensemble des acquis sociaux depuis la Libération » et cite :
– . La loi Fillon sur le « dialogue social » qui permet la généralisation d’accords d’entreprises moins favorables que les conventions collectives,
– . la création du RMA avec une couverture sociale au rabais
– . la réduction brutale de la durée d’indemnisation des personnes aux Assedic, en ASS ou avec statut d’intermittent du spectacle.
– . le rapport Virville, remise en cause du droit du travail, en particulier du contrat à durée indéterminée, avec la volonté de mettre en place une société fondée sur la précarité et la mise en concurrence des individus.
Le projet De Virville-Fillon aura pour conséquences :
– de faire peser sur les salariés des risques sociaux majeurs, en généralisant la précarité dans le contrat de travail, en rendant très difficile l’accès à la formation, en accumulant les difficultés pour constituer une retraite à taux plein, en généralisant l’instabilité et la concurrence dans la relation sociale. C’est en somme la logique de l’intermittence qui s’installe.
– d’organiser un avenir incertain pour les ménages, rendant difficile l’accès au logement, à la propriété, au crédit bancaire de manière générale et notre capacité à créer des emplois stables, condition indispensable pour avoir confiance dans l’avenir de notre modèle social.
Le Mouvement Républicain Citoyen, le Parti Communiste, le Parti Radical de gauche, le Parti Socialiste et les Verts, condamnent vivement ce projet et demandent au gouvernement de rejeter les préconisations du rapport Virville et d’organiser un débat à l’Assemblée Nationale sur la question de l’emploi avant les échéances électorales de mars prochain.
Ecrit le 11 février 2004 :
PCF : Campagne pour l’emploi
Le Parti communiste français (PCF) a lancé le 7 février 2004 une grande campagne nationale « contre les licenciements, le chômage, la précarité » et « pour une sécurité d’emploi ou de formation », lors d’une conférence nationale qui veut « contribuer à transformer la colère sociale en intervention massive pour faire autrement, subvertir les institutions en partant des situations existantes qu’il s’agit de transformer ». Les Communistes veulent « partir de la vie réelle, de situations concrètes » pour proposer « des actions et des rassemblements ».
Dans le cadre de la campagne électorale pour les régionales et les cantonales, ils proposent également de « mieux saisir la portée pratique des pouvoirs concrets dont disposent les élus à tous les niveaux »
Ecrit le 18 février 2004 :
précarité à durée indéterminée
LDH : détournement
(communiqué paru dans le numéro 129 du bulletin de la Ligue des Droits de l’homme, fin janvier 2004)
(...)
Au rythme du double discours permanent, les mots finissent par perdre leur sens :
Favoriser l’emploi, c’est permettre aux entreprises de licencier plus facilement ou, mieux encore, de ne pas offrir d’emploi permanent.
Une fin de contrat à durée déterminée, c’est nettement moins voyant qu’un licenciement.
Favoriser le dialogue social, c’est autoriser les entreprises à déroger à la loi en morcelant les représentations des salariés.
Réduire la fracture sociale, c’est créer de plus en plus de sans ressources et de sans droits.
démocratie ?
A force de travestir ainsi la réalité sous couvert de formules « démocratiques », c’est le principe même de démocratie que l’on met en cause. A quoi sert d’exercer ses droits de citoyens puisqu’ votant pour la réduction des injustices sociales, on finit par obtenir encore plus d’inégalités ?
Bien sûr, la Ligue des Droits de l’homme n’a pas à se substituer aux organisations syndicales. Bien sûr, elle n’a pas compétence pour proposer des solutions économiques et sociales. Pour autant, elle ne peut se contenter d’enregistrer cette régression des droits économiques et sociaux. Aucune démocratie ne peut vivre en laissant de côté des millions de personnes ; il n’existe aucune garantie des droits lorsque l’on est incapable d’exercer une citoyenneté qui est d’autant plus impossible à vivre que l’on est réduit à survivre.
Interpellons ...
" Nous devons interpeller avec force toutes les autorités publiques, tous les ressorts citoyens encore présents dans ce pays.
Nous devons dire avec force que construire un monde aussi injuste n’est pas acceptable et qu’il faut inverser les priorités.
La question n’est pas de savoir si l’on peut faire autrement. La question est d’appliquer, au même titre que les libertés civiles, des droits économiques et sociaux qui en sont le corollaire indispensable. " dit la Ligue des Droits de l’homme.
Ecrit le 24 mars 2004 :
Le Medef veut modifier le Code du travail,
qui est, pour lui, un « handicap à la compétitivité »
Le Medef a présenté mardi 16 mars 2004, 44 propositions pour moderniser le Code du travail accusé d’être un « handicap pour la compétitivité » des entreprises, démarche qui s’inscrit dans la préparation, par le gouvernement, de la loi de mobilisation pour l’emploi.
Ces propositions se veulent un complément à celles du rapport de Virville, « auxquelles le Medef adhère globalement ».
Les 44 propositions ciblent 5 domaines : contrat de travail, salaire, durée du travail, institutions représentatives du personnel et sanctions.
Contrat de travail
En ce qui concerne le contrat de travail, le Medef propose notamment de revoir la notion de subordination entre employés et employeurs. Pour Maryse Dumas (CGT), le projet est de développer le statut de « travailleur indépendant » et de supprimer les garanties liées au salariat (conventions collectives, protection sociale, etc.)
Le Medef prévoit également, en matière de licenciement individuel, de « simplifier la procédure, d’harmoniser les délais et de clarifier les sanctions ».
Il demande par ailleurs de supprimer du Code du Travail les dispositions relatives au harcèlement moral estimant que son inscription au Code pénal suffit. (L’inscription du harcèlement moral dans le Code du travail a été introduite par la loi de modernisation sociale par le gouvernement Jospin.).
Salaires annualisés
Concernant les salaires, le Medef reprend sa proposition d’un Smic annualisé, un projet qui, selon les syndicats, induirait une perte de pouvoir d’achat pour les smicards.
Sur le dossier du temps de travail, il demande que ce soit « l’accord collectif ou de branche » qui fixe « le seuil de déclenchement des heures supplémentaires, leur volume et le taux de leur majoration ». Rien que ça ! Cette revendication aurait pour effet de mettre fin aux seuils imposés sur les heures supplémentaires.
Relations sociales
En ce qui concerne les relations sociales dans l’entreprise, le Medef reprend l’une des idées du rapport de Virville, contestée par les syndicats, qui consiste à « instituer une seule instance de dialogue social ».
Il propose également que soit imposée l’obligation de confidentialité des délégués du personnel, la suppression de la consultation du Comité d’Entreprise avant l’application d’un accord ou encore de son pouvoir d’appel à un expert indépendant.
Une véritable déclaration de guerre
Ces propositions sont « une véritable déclaration de guerre au salariat, il s’agit de 44 sommations au gouvernement », a souligné la CGT, s’inquiétant de voir le gouvernement en retenir certaines dans son projet.
Jean-Marc Bilquez (FO) qualifie ces propositions de « provocations complètement excessives » et ironise en estimant qu’au vu des positions du Medef, celles de M. de Virville font de lui un « enfant de chœur ».
Quant à Michel Coquillion (CFTC), il estime que la publication de ce « brûlot » à trois jours des élections régionales doit pousser le gouvernement à « prendre des distances très claires, très fortes » au risque sinon de voir dans son silence « une acceptation tacite » de ces propositions.
Enfin, Michel Jalmain (CFDT) estime que le Medef se livre « Ã une véritable surenchère sur le rapport de Virville », y voyant une « maladresse au moment où le gouvernement discute avec les partenaires sociaux sur le projet de loi et où le patronat est engagé dans les négociations sur l’emploi et les restructurations ».