Ecrit le 10 février 2010
Nivelons par le bas !
Un projet de décret du gouvernement prévoit « la réorientation professionnelle des agents de l’Etat ». Comme c’est bien dit ! Concrètement, il s’agit d’accélérer la disparition des fonctionnaires en France. l’agent « dont l’emploi est supprimé dans le cadre d’un projet de réorganisation » de son service sera mis en disponibilité d’office s’il refuse trois postes proposés en remplacement par l’administration, disponibilité sans salaire ! Et s’il refuse encore trois autres postes, il sera licencié.
Il suffira que l’Etat fasse des propositions de reclassement très dissuasives pour que les agents concernés, dont les postes sont supprimés, n’aient d’autre choix que de refuser. Et comme cela va concerner des dizaines de milliers d’agents, estime-t-on de source syndicale, il ne s’agirait donc ni plus ni moins que d’un licenciement, un véritable plan social, sans aucun garde-fou social. Les organisations syndicales craignent que ce dispositif soit utilisé abusivement afin de remplir les objectifs financiers de la révision générale des politiques publiques (RGPP), qui doit « moderniser la fonction publique ». Celle-ci prévoit notamment une vaste réorganisation de la fonction publique départementale, qui pourrait toucher 100.000 postes.
l’argument du gouvernement semble imparable : les fonctionnaires seront ainsi aussi (mal)traités que les salariés du secteur privé. Doit-on donc faire l’égalité en imposant de mauvaises conditions de travail et de salaire à tous ?
2700 €/heure
Si donc la nouvelle politique exige de niveler par le bas, nivelons ! Nivelons !
Ecrit le 17 février 2010
Plus de fonctionnaires !
En visite dans une usine, le président de la République a déclaré aux salariés : « est-ce que vous pensez que l’avenir de vos enfants c’est uniquement d’être fonctionnaire ? », « Ils sont payés avec vos impôts, avec les charges ». Ces déclarations trompeuses et blessantes sont inacceptables sur la forme et sur le fond.
Sur la forme, personne n’est dupe, il s’agit de surfer sur la bonne vieille division « public/privé ». Cette stratégie est illégitime puisqu’elle ne vise qu’Ã diviser et s’appuie sur des raccourcis inexacts
Sur le fond, elle est trompeuse. Il faut le redire avec force, les fonctionnaires participent à l’activité économique du pays. On retournera la question à Nicolas Sarkozy : que serait une société sans fonctionnaires, c’est-Ã -dire sans instituteurs, sans professeurs, sans chercheurs, sans infirmières, sans agents tenant l’Etat civil ? .. Et sans policiers pour accompagner les ministres en déplacement ?
Il est faux de dire que les charges paient les fonctionnaires, ce sont les impôts qui les paient (tout comme le prix d’un bien ou d’un service paie les salariés qui l’ont produit, c’est le cycle économique normal), mais pour leur part, les charges paient la sécurité sociale, c’est-Ã -dire les retraites, les remboursements de frais de santé, l’indemnisation chômage dont le total représente 30 % du revenu des Français. Sous-entendre que les fonctionnaires grèvent la compétitivité du pays est d’un simplisme inadmissible. n’en déplaise à Nicolas Sarkozy, la compétitivité est également le fruit des politiques publiques qui assurent : des infrastructures (réseau de transport), une main d’œuvre qualifiée et plutôt en bonne santé, des subventions (autant de facteurs dont bénéficient les entreprises) et un modèle social qui a permis de mieux résister à la crise.
Du reste, il suffit de voir la publicité faite par les autorités publiques à l’extérieur de nos frontières pour comprendre l’inexactitude de ce type de propos. Ainsi, selon l’agence française des investissements internationaux : « En termes de coût global d’une entreprise, la France est leader européen des faibles coûts. En France, les coûts d’implantation d’une entreprise, incluant la main-d’œuvre, l’immobilier, le transport, les services publics et les taxes, sont très compétitifs. En incluant les charges de sécurité sociale, les coûts totaux de charges salariales sont plus faibles que ceux de l’angleterre ou de l’allemagne ».
Cette attaque anti-fonctionnaires n’est malheureusement pas le fruit du hasard : il s’agit de remettre en cause la fonction publique dans son rôle et son statut, sous prétexte que c’est en rognant sur les fonctionnaires qu’on rétablira la situation des finances publiques, ce qui est faux (on rappellera sur ce point que les allègements massifs d’impôt n’ont pas eu les effets économiques escomptés et qu’ils contribuent pour l’essentiel à la dégradation des finances publiques et des services publics).
Communiqué du SNUI