Ecrit le 14 juillet 2010
Maraîchers au Grand Auverné
Grand Auverné, au lieu-dit « La Cour » : la maison est ancienne, en travaux de rénovation, la végétation pousse librement, les propriétaires sont dans les champs. Jean Christophe Gabory et Annabelle Jarry se sont installés, là , comme maraîchers. Rien ne les y prédisposait vraiment. Lui était facteur de piano, elle était travailleuse sociale. Quel virage !
« Je ne suis pas d’origine agricole, explique Jean-Christophe. Après avoir vécu 12 ans aux Antilles, je suis revenu en France. J’avais 30 ans. Pour obtenir un salaire, je suis allé aux vendanges. Pour 15 jours croyais-je. J’y suis resté quatre mois : j’avais découvert la terre ! sûrde mon choix, j’ai fait deux ans de formation, à Vallet puis près d’Angers, pour décrocher un diplôme, et j’ai trouvé du travail en maraîchage : 8 patrons, presque tous bio, qui m’ont apporté la pratique du métier. J’ai fait aussi du travail saisonnier dans les pommes, pour mieux connaître cette culture et enfin j’ai eu envie de m’installer, si possible dans une ferme abandonnée. J’ai cherché en Vendée, plus de 80 exploitations. Rien ».
Le choix de la terre
Finalement Jean Christophe a trouvé une ferme de 3,5 ha autour d’une maison d’habitation. Abandonnée ? Ah oui, la maison était habitée par les ronces, la toiture n’existait plus. « Pourquoi abandonnée ? Parce que je souhaitais une terre non cultivée depuis longtemps, pour pouvoir tout de suite démarrer en bio ».
Trois hectares et demi, c’est un peu juste. Heureusement le propriétaire avait encore un terrain de deux hectares à vendre, « moitié au voisin, moitié à moi, et, par chance, c’était du sable, donc plus facile à exploiter ». Sur une partie du reste de la propriété, en terres argileuses, Jean-Christophe a pu creuser un fossé et créer ainsi une réserve d’eau. Il a aussi implanté 800 m2 de serres, il en aura bientôt 1200 m2 de plus !
Annabelle était travailleuse sociale au Mans, s’occupant plus particulièrement des gens du voyage. « J’étais militante associative, du côté écolo, et j’ai eu envie de passer des pancartes à la réalité. J’ai donc fait un CAP de cuisine et six mois de maraîchage bio ». hélas le restaurant qu’elle projetait d’ouvrir n’a pu aller à terme et c’est par hasard, pour calmer sa déception, qu’elle est venue chez des amis au Grand Auverné. Elle ne savait pas qu’elle y rencontrerait Jean Christophe.
« Nous avons commencé à produire sur un demi-hectare pour nous laisser le temps de préparer le sol. Tout de suite nous avons eu le label bio car le sol était en jachère depuis plus de 3 ans. Et nous sommes allés vendre au marché à partir d’août 2007. Des fois c’était bien. d’autres fois nous n’avons vendu que 4 salades sur les 24 apportées. Il fallait garder le moral ». Il en fallait surtout pour se lancer seul, tout au motoculteur, dans un champ en friches. « Ce n’est que peu à peu, par auto-financement, que nous avons pu nous équiper »
Sur le marché de Châteaubriant, il n’y a que deux producteurs bio. « Peu à peu notre clientèle s’est faite, maintenant nous sommes connus et nous avons bonne réputation ».
La création de l’aMAP de Châteaubriant est une chance pour ce jeune couple. « Quarante et un adhérents ! Quarante et un paniers à fournir chaque semaine et payés d’avance. Pour nous c’est une sécurité ». De plus, une vente à la ferme a lieu le mardi en fin de journée. « Les clients du marché se sont inquiétés, craignant que nous ne les abandonnions pour ceux de l’aMAP mais il n’y a pas de crainte à avoir, nous savons que nous pourrons fournir ». Il faudra ajouter 1000 m2 de serres !
« Il nous paraît évident que nos clients viennent parce qu’ils savent que nous produisons bio, beau et bon. Les clients du mercredi ne sont pas les mêmes que ceux de l’aMAP. Les Anglais sont clients fidèles et, eux, ils connaissent le chou-rave ! »
Tous les légumes
Les légumes sont cueillis à maturité, la veille de la livraison. « Et le jeudi j’envoie un message aux adhérents de l’aMAP pour annoncer la production de la semaine : au moins 5 légumes par semaine, 30 dans l’année ».
« Nous faisons tous les légumes : tomates, betteraves, aubergines, courgettes, melons, concombres, carottes, navets, radis, chou-rave, cardes, fenouil, salades » l’an dernier nous avons eu tant de tomates que nous en avons proposé dans les bio-coops à Nantes, avec succès « . Pour la première fois, cette année, la ferme a produit des pommes de terre. » Au printemps prochain nous aurons des variétés précoces « » Nous aimons beaucoup les courges, c’est un peu notre spécialité. Ce légume se conserve très bien et a un intérêt gustatif s’il est bien choisi. Bien sûr, la courge est recherchée pour ses qualités décoratives, mais mon métier à moi c’est de nourrir les gens " explique Jean Christophe.
Pour la tomate, « nous cultivons la paola, tomate régulière qui a du goût et se conserve bien. Mais nous essayons une douzaine de variétés anciennes. Les clients sont attirés par le jeu des couleurs et, quand ils goûtent, hmmm ! Ils reviennent ! ». Pour la courgette, c’est la même chose : il y a la verte, et puis la jaune et même la ronde.
« Notre choix est lié au goût. Tous les ans nous essayons de nouvelles variétés ». sur 186 variétés de tomates
Coccinelles et savon noir
Comme tous les producteurs, les maraîchers bio sont sujets aux aléas climatiques et aux insectes. « Cette année, il y a beaucoup de pucerons précoces. Et les coccinelles ne sont pas prêtes ! ». Jean Christophe a acheté des « bêtes à bon dieu » mais elles sont trop peu vigoureuses. d’ailleurs il fait trop froid la nuit. Alors il reste une méthode ancienne : une pulvérisation de savon noir dilué (qui tue les pucerons mais pas les coccinelles ). Et ça fonctionne si on le fait sérieusement, en allant à la chasse aux pucerons même quand ils se cachent sous les feuilles !.
– Le mardi soir à la ferme,
– Le mercredi sur le marché de Châteaubriant (au milieu de la rue Aristide Briand)
Entre la marchande de galettes et l’apiculteur.
– Le vendredi avec l’aMAP.
c’est bien parti !
06 21 25 47 89 - 06 98 72 39 19
Jean-Christophe se produira le 7 juin 2014 Ã ’’La Charrue’’