Ecrit le 31 août 2016
« Vous, le peuple, vous avez le pouvoir, le pouvoir de rendre la vie belle et libre, le pouvoir de faire de cette vie une merveilleuse aventure. Alors, au nom même de la démocratie, utilisons ce pouvoir. Il faut tous nous unir, il faut tous nous battre pour un monde nouveau, un monde humain qui donnera à chacun l’occasion de travailler, qui apportera un avenir à la jeunesse et à la vieillesse la sécurité ». Le dictateur : Discours final du barbier juif de Charlie Chaplin
C’était au temps où on rêvait encore de démocratie, de gouvernement par le peuple, pour le peuple. Mais de nos jours, les gouvernants, dans le monde entier, se moquent pas mal du peuple : ils sont dans les mains des puissances financières et nul ne se soucie de limiter leur pouvoir. Comme disait Julien Bretonnière, de Derval, il y a quelques années, « n’est-il pas encore temps de résister aux lobbies de l’argent qui engendrent tant de destructions ? A nos petits enfants, quelle manière de vivre, quelles références propose-t-on ? l’avenir qu’il va falloir construire suscite bien des remises en question ».
Naguère l’enfance était une période protégée. Les enfants maintenant sont plongés très jeunes dans un monde en guerre. A l’heure de la rentrée scolaire, où l’on espère voir en France des enfants heureux, voici des exemples récents.
On se souvient de Aylan, cet enfant kurde retrouvé mort sur une plage turque le 2 septembre 2015.
Mais voici Omrane, il a quatre ans, rescapé d’un bombardement à Alep. « Il attend sur une chaise. Secoué mais vivant. Blessé, avec du sang et de la poussière sur le visage. La photo est esthétique : il n’y a pas d’enfant-symbole sans une mise en scène propre à attirer nos regards » (comme dit Agora-Vox, 22 août 2016). Omrane est le nouveau symbole de l’horreur de la guerre en Syrie. Le règne médiatique d’Omrane commence. Jusqu’au suivant. Car il s’usera : l’Occident est un gros consommateur d’images de ce type. Il en faudra d’autres.
Problème : Mamhoud Raslan, le photographe de cet enfant, a publié sa propre photo en compagnie de membres d’un groupe islamiste qu’il admire. Un groupe dont deux membres ont égorgé publiquement un enfant il y a peu
Gaziantep : un garçon de 13-14 ans s’est fait sauter lors d’une grande fête de mariage kurde, le 20 août 2016, tuant 54 personnes, dont beaucoup d’enfants. Avec Daesch, le recours aux enfants est systématique : propagande, combattants et kamikazes.
La guerre provoque l’exode : « Un tiers environ des réfugiés et des migrants qui traversent la méditerranée pour rejoindre l’Europe sont des enfants. La plupart d’entre eux voyagent seuls, exposés à l’exploitation, ou ont été séparés de leur famille en chemin. Ceux qui ont été traumatisés par la guerre ne reçoivent quasiment pas de soutien psycho-social. Il y a peu de lieux où ils peuvent jouer en toute sécurité, et encore moins étudier ou aller à l’école. Certains des enfants que nous avons rencontrés ne vont plus à l’école depuis si longtemps qu’ils ne savent plus lire ni écrire » dit Amnesty.
Ces enfants ont besoin de sécurité, de soins particuliers, d’éducation, et d’un toit au-dessus de leur tête. Ils ont besoin que les gouvernements permettent et facilitent le regroupement familial. Ils ont besoin que les pays respectent leurs engagements concernant la relocalisation et la réinstallation des familles. En Europe, les gouvernements sont loin d’accéder à ces besoins. Par exemple, les dirigeants de l’Union européenne n’ont relocalisé que 5 % des réfugiés qu’ils avaient promis d’accueillir en juin dernier.
Enlèvements
En Inde, la vie d’un enfant peut vite se transformer en cauchemar. En 2014, la chaîne BBC a rapporté que toutes les huit minutes, un enfant disparaît en Inde, et la moitié des enfants disparus ne revoient jamais leurs parents. Les enfants enlevés sont poussés vers la prostitution, la mendicité, le travail forcé, et jusqu’au trafic d’organes. Dans une courte vidéo, l’organisation Ufaan.org attire l’attention du public sur le problème du trafic d’enfants.
Il y a heureusement quelques infos plus gaies : Ahmed, un jeune Egyptien de 13 ans, a traversé la mer sur un canot de migrants, le 19 août 2016, afin de trouver en Europe un médecin capable de sauver son petit frère gravement malade resté en Egypte. C’est à Lampedusa, en Italie, que l’adolescent a débarqué. Son histoire a ému tout le pays et l’hôpital Careggi de Florence en Toscane a proposé d’accueillir et de soigner le petit garçon âgé de sept ans.
Ajeet Singh, n’avait que 18 ans lorsqu’il a assisté en 1988 à une cérémonie de noces dans sa ville natale, non loin de Varanasi. C’est là qu’il a vu une petite danseuse qui se déhanchait sous les regards lascifs des invités mâles. Sa décision était prise : il allait combattre de front le système d’exploitation sexuelle en Inde. Il a fondé par la suite
une organisation baptisée Guria pour combattre l’exploitation sexuelle des jeunes filles. Ses amis et lui ont installé des caméras cachées dans le quartier rouge : ils ont réussi notamment à libérer 15 filles par jour, et pour le moment leur nombre s’élève à plus de 1.000. Mais Ajeet ne s’arrête pas. Il organise des campagnes spéciales pour sensibiliser la société sur la prostitution forcée. Une fois les filles sauvées, elles sont envoyées dans des centres d’accueil, reçoivent un soutien psychologique, pour ensuite retrouver une vie paisible chez leurs familles. L’organisation Guria assure de plus qu’elles ne reprennent jamais la vie d’antan, et leur propose de divers cours pour qu’elles maîtrisent une autre profession. En outre, Ajeet porte plainte contre les trafiquants pour qu’ils soient punis comme ils le méritent et ne soient pas libérés sous caution. Ajeet a donné à ces filles ce dont elles avaient le plus besoin, la liberté.
Mais tout ne se passe pas aussi bien comme en témoigne le film, qui vient de sortir, intitulé Iqbal. Une histoire vraie : le jeune garçon, Iqbal Masih, a été vendu par ses parents à quatre ans et ouvrier dans une fabrique de briques, puis un atelier de tisserand jusqu’Ã son évasion à neuf ans. Il fut assassiné en 1995 à l’âge de douze ans dans son Pakistan natal, après des mois passés à porter sa cause et celle de tous les enfants esclaves du monde sur les tribunes internationales. Le film d’animation s’efforce de préserver et de raviver le souvenir de ce héros haut comme trois pommes : littéralement : la malnutrition l’avait laissé, à douze ans, aussi haut qu’un enfant de six ans.
Une rentrée toxique
A quelques jours de la rentrée, L’UFC-Que Choisir a recherché la présence de perturbateurs endocriniens, de composés cancérogènes, toxiques ou allergisants dans 52 articles de fournitures scolaires : 19 d’entre eux, soit plus du tiers de l’échantillon, sont à éviter et contiennent un triste florilège de substances indésirables : des phtalates perturbateurs endocriniens dans des crayons de couleur et dans des crayons de papier, du formaldéhyde irritant dans un stick de colle. Quant aux encres, on peut y trouver selon le cas des impuretés cancérogènes, des conservateurs ou des parfums allergisants.
Les substances nocives peuvent ainsi être ingérées lorsque les enfants mordillent les stylos et les crayons, ou passer à travers leur peau lorsque ceux-ci se tâchent les doigts avec de l’encre ou de la colle. Etonnez-vous de la progression des cancers ...