Ecrit le 14 août 2010
Attractivité et image de la France
C’était il y a quatre mois exactement : selon l’enquête annuelle menée par Ipsos pour le compte de la Chambre de commerce et de l’industrie de Paris (CCIP), les chefs d’entreprises européens se sentaient chargés, fiscalement. En France, où le taux de l’impôt sur les sociétés en 2009 est un des plus importants de l’Europe des Vingt-sept, à 33,3%, les PDG ne sont que 13% à estimer que leur pays est attractif pour une entreprise étrangère qui souhaiterait s’y implanter. Sans surprise, leurs homologues italiens et belges font également part de leur mécontentement, avec des réponses positives à hauteur, respectivement, de 14% et 23%.
Petit lot de consolation, selon cette enquête : les relations entre les entrepreneurs français et l’Etat s’améliorent. A la question : « Dans votre pays, le niveau des prélèvements obligatoires correspond-il à une qualité satisfaisante de service public ? », les patrons français ont en effet répondu « oui » à 61%, soit 16 points de plus qu’un an avant. (Source : Le Figaro, 24 mars 2010).
En Hollande, en revanche, où l’imposition sur les sociétés s’élève à 25,5%, les patrons se sont montrés plus satisfaits : 76% pensent que le royaume est fiscalement attractif, et 84% trouvent que l’Etat y joue bien son rôle.
Boum ! c’est pas ça !
Et boum ! Voilà qu’une étude de l’aFII (1) vient bouleverser ces idées reçues. Pourtant l’aFII est un organisme gouvernemental ! Dans un document de 68 pages, publié le 19 juillet 2010, l’aFII compare la France à 11 autres pays industriels, en s’appuyant sur des données économiques concernant l’internationalisation, les activités stratégiques, les compétences étrangères ainsi que les principaux déterminants des choix de localisation de l’investissement international créateur d’emploi.
Conclusions : la France se classe dans les meilleurs, entre le premier et le quatrième rang mondial dans neuf des quatorze critères d’attractivité pour des investisseurs étrangers. Dont, par exemple, le taux de subvention à l’investissement, le réseau de TGV, le prix de l’électricité, la productivité par personne, le pourcentage de jeunes d’éducation supérieure ou - qui l’eût cru ? - le temps de procédure pour créer une nouvelle entreprise.
Mais les tendances dominantes au dénigrement ou à l’autocritique, orchestrées par le gouvernement et le patronat, ont fini par nous accoutumer à une image négative injustifiée.
Plus faible qu’en Allemagne
« L’un des atouts de la France tient aux coûts d’implantation très avantageux qu’elle offre aux entreprises étrangères. Selon l’étude » Choix concurrentiels " de KPMG conduite en 2010, le montant total de ces coûts (emploi, installation, transport, impôts et taxes, équipement et énergie) est équivalent à celui acquitté au Royaume-Uni et plus faible qu’en Allemagne.
La France occupe la 6e place dans le monde pour les coûts d’implantation des entreprises et la 3e place européenne ".
Moins de grèves !
Oui mais il y a les grèves, disent les bonnes gens . Là encore l’aFII révèle que : « Les grèves dans le secteur privé sont beaucoup moins fréquentes en France que dans de nombreux pays européens (notamment Finlande, Belgique, Espagne ou Royaume-Uni) et aux États-Unis ».
Le système fiscal français se distingue par le niveau important des cotisations sociales (37 % en 2008, contre 28 % en moyenne dans l’UE-15) mais par un faible poids des impôts sur les revenus, les bénéfices et le capital (24 % en 2008, contre 35 % en moyenne dans l’UE-15).
Cotisations sociales : Bien-être social
Le taux de prélèvements obligatoires (en France : 43 % en 2008) est un des plus élevés, mais les charges sociales couvrent une gamme large de prestations. Le niveau des cotisations sociales reflète une forte consommation socialisée.
« Le classement international de la qualité de la vie proposé par » International Living " positionne la France au 1er rang mondial. Cet indice est basé sur des variables relatives au coût de la vie, à l’environnement, à la culture et aux loisirs, au degré de liberté politique, à la qualité de la santé, aux infrastructures, au risque et à la sécurité et au climat.
L’inégalité de la distribution des revenus est nettement moindre en France qu’en Allemagne, au Royaume-Uni ou aux États Unis. Durant les vingt dernières années, l’inégalité des revenus a augmenté dans la plupart des pays de l’OCDE, quand elle diminuait en France et en Espagne.
l’analyse des dépenses de protection sociale : couvrant l’invalidité, les familles/enfants, le logement, les exclusions sociales, la vieillesse, la maladie et les soins de santé, les prestations de protection sociale, les indemnités chômage : met en exergue l’ampleur des aides et mesures proposées en France ".
Financement public
« Le financement de ces dépenses par le secteur public est particulièrement élevé en France : 80 % des dépenses de santé et plus de 90 % des dépenses d’éducation » dit encore le rapport de l’aFii
Interrogés sur les points forts de la France par rapport aux autres pays européens, les chefs d’entreprises internationales implantées en France soulignent en premier lieu (plus de 80 % d’entre eux) la qualité de la vie et les infrastructures de transport et de communication. Ils mettent ensuite l’accent sur la qualité des ressources humaines en France. Une large majorité d’entre eux considèrent la formation et la qualification de la main-d’œuvre et la productivité du travail comme des points forts de la France (res-pectivement 73 % et 58 %).
La taille du marché français compte également (64 % des personnes interrogées). Enfin, la qualité des activités d’innovation et de recherche-et-développement est soulignée par 52 % des dirigeants d’entreprises étrangères.
En revanche, 79 % des interviewés estiment que la fiscalité sur les entreprises est un handicap de la France. 80 % portent la même appréciation s’agissant de la législation sur le temps de travail, et 69 % concernant le droit du travail.
La France : troisième
Les aspects négatifs sont contrebalancés par les aspects positifs puisque la France est en 2009 la troisième destination mondiale des flux d’IDE (Investissements directs étrangers) derrière les Etats-Unis et la Chine.. La Hollande, qui s’estime très attractive, n’est qu’en 9e position. Par rapport à la richesse nationale, la France accueille deux fois plus d’investissements étrangers que l’allemagne, l’Italie ou les États-Unis.
Double langage
Ainsi, ce rapport gouvernemental est très positif alors on se demande pourquoi le gouvernement passe son temps à noircir le tableau dans le but d’obtenir une augmentation du temps de travail et une baisse des salaires et revenus et des avantages sans cesse accrus pour les entreprises en oubliant que ce sont les salariés qui font tourner les entreprises et que, sans eux, les actionnaires ne feraient pas fortune !
(1) AFII -Agence Française pour les Investissements Internationaux , Elle est l’organisme de référence sur l’attractivité et l’image de la France