Ecrit le 11 janvier 2012
Fichage ADN « fourre-tout »
LeMonde.fr du 05/01 : Xavier Mathieu, ancien délégué CGT, était jugé en appel pour avoir refusé le prélèvement de ses empreintes génétiques, après le saccage de la sous-préfecture de Compiègne, en avril 2009. [] Sans surprise, le représentant du ministère public, qui était à l’origine de l’appel contre la relaxe obtenue par Xavier Mathieu devant le tribunal correctionnel de Compiègne, en mai 2011, a demandé la condamnation du dirigeant syndical à une peine d’amende « de 1 000 à 1 500 euros ». []
Le président du Syndicat de la magistrature, Matthieu Bonduelle a dénoncé le « dévoiement » du fichage génétique. [] « D’outil d’élucidation, il est devenu une sanction, une double peine », rappelant que de 3 000 personnes concernées en 2002, on était passé à 1,7 million aujourd’hui. « Je ne connais qu’une seule affaire de dégradation où l’on a utilisé le fichier des empreintes génétiques, c’est celui du vol de scooter du fils d’une personnalité politique importante... », a-il ironisé. []
Cette « disproportion » avait motivé la décision de relaxe prononcée par les premiers juges. Le tribunal d’Amiens soulignait en effet dans son jugement que les faits de dégradation volontaire qui avaient entraîné la condamnation du dirigeant syndical « avaient été commis en plein jour, dans le cadre d’une manifestation organisée. Ils s’inscrivent dans une logique parfaitement lisible de combat syndical et non dans une démarche à vocation purement délinquante et antisociale ». [] Les juges estimaient en conséquence que « le recueil d’ADN du prévenu en vue de son identification et de sa recherche était inadéquat, non pertinent, inutile et excessif ».
Après la plaidoirie de son avocate qui a demandé à la cour d’appel de conforter cette jurisprudence, Xavier Mathieu a rappelé l’annonce dans la presse de la fermeture de l’usine de Continental en 2009, l’émotion alors suscitée jusqu’au sommet de l’État par cette décision et la promesse faite aux salariés d’engager des poursuites contre les dirigeants de l’entreprise « Nous, on a été condamnés pour avoir saccagé la sous-préfecture, mais l’État a oublié de poursuivre les dirigeants de Continental qui ont saccagé des vies. » []. Jugement attendu le 3 février.
Bac « option minceur »
Le Dr Pierre Dukan, « l’inventeur du régime le plus en vogue ces dernières années », publie une « Lettre ouverte au futur président de la République ». Au motif d’alerter sur l’enjeu national que serait l’obésité, il souhaite instaurer une option « poids d’équilibre » au baccalauréat.
« Il s’agirait de soumettre les candidats à six pesées en l’espace de 2 ans, ainsi qu’à quelques heures de cours sur les rudiments de la nutrition, et d’offrir quelques points faciles à ceux dont l’indice de masse corporelle resterait compris entre 18 et 25, le taux généralement admis pour les adultes ».Au ministère de l’Éducation nationale, on « s’étonne de la proposition étrange du Dr Dukan qui fait de la discrimination physique sans le savoir ». []
Le discours du Dr Dukan tend, selon ses confrères, à générer des angoisses plutôt malsaines chez les adolescents. Le Dr Jacques Fricker déclare que « le problème n’est pas tant que cette proposition discrimine les gros (ils le sont déjà ) mais qu’elle induit un processus pernicieux d’embrigadement des jeunes pour la pesée et induit des comportements obsessionnels. Alors qu’une majorité de jeunes n’a aucun problème, on va en créer ».
Ndlr : Dukan, ou l’option « latin graisse » !
Prothèses PIP
Le Figaro.fr du 06/01 : « un chirurgien marseillais le Dr Christian Marinetti, a prévenu l’Agence du médicament sur les risques anormaux de rupture des prothèses PIP il y a 3 ans, en vain ». Il déclare ainsi : « J’ai eu une première rupture précoce de PIP fin 2007. J’ai immédiatement prévenu l’Afssaps ».
Courant 2008, les ruptures se répétant, il envoie un mail à l’Afssaps pour appuyer ses signalements. Toujours pas de réponse... En octobre 2009, le chirurgien se manifeste à nouveau auprès de l’Afssaps. En l’absence de réponse, en février 2010, il renvoie une nouvelle lettre recommandée. L’Afssaps lui indique alors qu’elle s’occupe du problème. Elle fera en effet une descente dans les locaux de l’entreprise varoise en mars qui aboutira à la suspension de la commercialisation de ses produits puis à la liquidation de l’entreprise. [...]
Le chirurgien parle d’« incompétence de l’Afssaps et de la TÃœV », l’organisme certificateur allemand. « Il a fallu la dénonciation d’un salarié de l’entreprise pour que l’afssaps réagisse et déclenche l’inspection chez PIP en mars 2010 ».
En novembre 2010, face aux gendarmes, le PDG Jean Claude Mas déclarait : « Je n’ai rien à dire aux victimes ». L’incroyable aplomb du père des prothèses PIP est à la mesure de l’incompétence de l’affssaps.
L’électricité plus chère
Le journal de l’environnement du 03/01 : l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) a rendu public son rapport sur les évaluations complémentaires de sûreté des 59 réacteurs nucléaires en service ou en construction et 20 autres installations nucléaires jugées prioritaires, à l’instar des réacteurs de recherche ou des usines du cycle du combustible. l’autorité de sûreté nucléaire va imposer d’importantes mesures de renforcement de la sûreté à EDF et Areva, notamment. Ces prescriptions vont inévitablement renchérir le coût du kWh atomique. Si l’électronucléaire a encore un avenir dans l’Hexagone, ce ne sera plus au même prix qu’aujourd’hui.
Deux grandes options s’ouvrent donc pour le plus gros exploitant nucléaire du mon de. La plus « simple » est de faire accepter une forte hausse du prix de l’électricité. Ce qui n’est pas gagné à 100 jours du premier tour de la présidentielle. Autre possibilité : revoir à la baisse son programme d’allongement de la durée de vie des centrales. Ce qui revient à prévoir la construction de nouveaux moyens de production, en substitution des réacteurs que l’on préférera arrêter plutôt que moderniser. Dans les deux cas, les Français devront payer leur courant plus cher. c’est aussi ça la conséquence de Fukushima.
Voeux aux enseignants
L’Humanité.fr du 05/01 : Le candidat Sarkozy semble avoir renoncé à séduire le gros du corps enseignant. s’il est réélu, « cela impliquera de la part des professeurs d’accepter de nouvelles manières de travailler, d’être plus présents dans les établissements ». Il demande donc de faire mieux, à moyens constants. [] Attaquant les projets de gauche, il a dit : « imaginer la recréation de postes dans l’éducation nationale, c’est irresponsable compte tenu de la situation financière de notre pays ». Et malgré ces « moyens constants », il promet... des augmentations de salaire.
Autre angle d’attaque : achever le collège unique. Son idée est que les classes de 5e et 6e se concentrent sur les enseignements fondamentaux, « en assurant une meilleure continuité avec le primaire » ; et que les classes de 4e et 3e préparent à l’enseignement professionnel, ouvrant ainsi la porte aux entreprises dans le collège. Il veut même aller plus loin, en imposant une année de formation en alternance, avant le bac professionnel.
Il ne s’est d’ailleurs pas caché de vouloir finir de briser l’Education Nationale et redéfinir le métier d’enseignant dont la mission repose sur de vieux textes remontant aux années 1950, pour l’adapter aux réalités du monde actuel. Enfin, comme pour achever son auditoire et en rajouter sur « l’autonomie », Nicolas Sarkozy a à nouveau défendu le projet, très contesté par les syndicats enseignants, de la nouvelle évaluation des enseignants sous la responsabilité des chefs d’établissement.