Ecrit le 2 février 2012
déplacement bidonné
L’Humanité.fr avait révélé comment les services de l’Élysée avaient tenté en vain de rameuter le voisinage pour faire croire à une visite populaire et réussie de Nicolas Sarkozy à Metz, le 1er janvier dernier. Ils ont récidivé lors du déplacement du président de la République à Longjumeau, le 2 février. Mais le manège a été découvert.
L’Élysée souhaitait frapper fort médiatiquement avec ce déplacement dans l’Essonne, en montrant un président en visite sur un chantier, proche d’ouvriers le plus nombreux possible. Il s’agissait aussi d’assurer la promotion des mesures sur le logement annoncées le 29 janvier. Mais un cadre du chantier a tout raconté. Selon son témoignage anonyme dévoilé par Europe 1, les services de Nicolas Sarkozy auraient ratissé large, jusqu’à l’autre bout du département, pour faire venir plusieurs dizaines de personnes en plus de la soixantaine d’ouvriers à l’œuvre habituellement sur le chantier. []
« Des fournisseurs, des partenaires, des chefs de chantiers et même des inconnus parfois travaillant à l’autre bout du département francilien auraient été ainsi invités à venir faire de la figuration ». []. Pour ces figurants, il fallait faire semblant de travailler, donc de contrevenir au code du travail qui interdit tout travail lorsque les températures sont glaciales comme celles d’hier. Une fois le cortège présidentiel parti, tous ces figurants se sont envolés et le chantier est redevenu vide.
Interrogé par Europe 1, le service de communication de l’Élysée a confirmé le scénario. « Nous avons simplement voulu donner la possibilité d’être présents, à tous ceux qui ont, par le passé, ou auraient à l’avenir à travailler sur ce chantier. »
Imposture
LeMonde.fr du 01/02 : Dans le Wall Street Journal, en compagnie de quinze autres « scientifiques inquiets », désireux de rassurer les lecteurs du quotidien économique, Claude Allègre déclare « qu’il n’y a pas besoin de paniquer à propos du changement climatique. »[] Les seize conjurés - tous retraités et/ou étrangers aux sciences du climat, à une exception près - affirment, entre autres : « il n’y a nul argument scientifique convaincant en faveur d’une action drastique pour décarboner l’économie mondiale ». Reprenant une vieille antienne, ils précisent que « l’absence de réchauffement depuis plus d’une décennie (...) suggère que les modèles informatiques ont grandement exagéré ce que peut provoquer le CO2 additionnel ».[]
Pour faire sérieux, les seize signataires se piquent d’un peu d’économie et citent les travaux de William Nordhaus. Selon une vaste étude réalisée par ce dernier, professeur d’économie à la Yale University, la meilleure option est « une politique permettant encore cinquante ans de croissance non entravée par un contrôle des gaz à effet de serre », écrivent Claude Allègre et ses coauteurs.
hélas ! William Nordhaus a lu le Wall Street Journal. Et il a posté une cinglante réplique. « Cet article déforme complètement mon travail. Je montre depuis longtemps que ralentir le réchauffement aurait un bénéfice économique net (...), écrit-il. Je suis favorable à une taxe carbone depuis de nombreuses années comme le meilleur moyen d’attaquer le problème. Soit - ces seize signataires - sont complètement ignorants de l’économie sur cette question, soit ils ont volontairement déformé mes découvertes. »
Claude Allègre avait déjà été pris en flagrant délit de pratiquer ce genre d’enrôlements forcés. Dans son livre L’Imposture climatique (Plon, 2010), il citait notamment une douzaine de chercheurs comme partageant ses vues sur le climat. Alors que, renseignements pris, la plupart les combattaient âprement. Pour ceux, au moins, qui avaient pu être interrogés. Car certains de ces « enrôlés » n’existaient simplement pas.
Ndlr : Allègre ment
Le train de vie de François Fillon à Matignon
leMonde.fr du 01/02 : Avec un montant de 362,2 millions d’euros en 2012, le budget de communication de Matignon est plus de trois fois supérieur à celui de l’Elysée (112,8 millions d’euros). En hausse de 12,2 % par rapport à celui de l’année précédente. [] Ainsi, les effectifs (105 personnes) et le budget (26,5 millions) du service d’information du gouvernement (SIG) ont littéralement explosé : les dépenses de fonctionnement du SIG sont passées de 4,9 millions d’euros en 2007 à 16,5 millions en 2010, et près de 20 millions en 2011 et 2012.
Épinglé par le rapport de la Cour des comptes de 2009 sur les crédits consacrés aux sondages, l’Élysée a tout simplement utilisé le SIG, sans réduire le volume de ces études d’opinion : « Auparavant, l’interlocuteur du SIG était quasi exclusivement le cabinet du premier ministre. Aujourd’hui, la cellule de communication du chef de l’État intervient dans ce processus de choix d’études et de sondages. »
Après avoir minutieusement exploré le budget de l’Elysée, René Dosière, député (app. PS) de l’Aisne, s’est penché sur le train de vie de Matignon et des ministères, dont il rend compte dans son livre (paru le 2 février), L’Argent de l’Etat (Le Seuil). []. C’est en réponse à l’une de ses questions que Matignon précise que « M. Fillon dispose d’un appartement de 7 pièces pour une surface totale de 309,72 m2 ». Son prédécesseur, Dominique de Villepin, disposait d’un appartement de 90 m2. Matignon n’avait jamais fait état de ces travaux d’aménagement.
M. Fillon est aussi un grand voyageur : plus de 700 heures de déplacements aériens et une dépense moyenne de plus de 4 millions par an. Ce n’est qu’Ã partir de 2010 que Matignon a commencé à régler les déplacements - publics et privés - effectués à bord de la flotte gouvernementale de l’ETEC. Dans le Journal officiel du 24 janvier, en réponse à une question adressée le 23 août 2011, le premier ministre indique avoir effectué 7 déplacements privés avec la flotte gouvernementale, et remboursé 6 955,70 euros pour une durée de vol de 13 heures 05.
Ndlr : c’est beau la vertu quand elle ne s’applique qu’aux autres !
La règle d’or en Allemagne
Le’Monde.fr du 03/02 : Alors que la chancelière Angela Merkel, pousse les Européens à réduire leurs dépenses et leurs déficits publics, son gouvernement a le plus grand mal à faire approuver par les parlementaires allemands une baisse d’impôts. Plusieurs États-régions, pourtant gouvernés par les chrétiens-démocrates, préfèrent diminuer leur endettement.
La baisse n’est pourtant pas énorme : 6 milliards d’euros accordés essentiellement pour faire plaisir au Parti libéral. Le gouvernement a jusqu’au 15 février pour trancher ce différend avec le Bundesrat, la Chambre haute, mais rares sont ceux qui pensent qu’il y parviendra. Le débat est rendu encore plus complexe par la « règle d’or » budgétaire qui, à partir de 2020, interdit aux Etats-régions de contracter de nouvelles dettes. Or, la situation de certains d’entre eux a peu à envier à la Grèce. Comme l’a révélé en décembre 2011 une enquête de Die Zeit titrée « Nos Etats grecs », une famille de quatre personnes habitant Brême (qui, comme Berlin et Hambourg, a le statut d’Etat-région) est endettée - en raison du montant de la dette publique - pour 113 000 euros, à peu près comme une famille grecque (116 000 euros). Heureusement pour les Brêmois, ils bénéficient du AAA de l’Allemagne. [].
fédéralisme oblige, les habitants des quatre Etats-régions les plus riches (Bavière, Bade-Wurtemberg, Hesse et Hambourg) sont tenus d’aider les douze autres. régulièrement, leurs édiles menacent « de ne plus payer pour Berlin » .
A défaut d’envoyer un commissaire aux dépenses en Grèce, peut-être Mme Merkel pourrait-elle commencer par en envoyer un à Brême. Voire à Berlin.