Ecrit le 3 octobre 2012
La carrière des princes
A Châteaubriant, jusqu’Ã la construction de la piscine de la rue de la Libération (année 1960), pour se baigner à Châteaubriant il n’y avait que « la carrière des princes » située route de Juigné. Cette carrière était profonde et dangereuse pour ceux qui ne savaient pas nager.
Il existait un autre lieu plus agréable, situé à environ sept kilomètres : la Blisière, étang en bordure de la forêt de Juigné. Cet endroit était très fréquenté par la jeunesse qui s’y rendait surtout à vélo. Bien sûril y avait une petite plage et quelques cabines au toit de tôle ondulée, mais c’était assez vaseux ! Il y avait aussi un dancing-guinguette le dimanche, avec un orchestre. Et des marchands de galettes, saucisses et frites.
La Blisière
A l’époque, les propriétaires de la forêt avaient ouvert et aménagé l’endroit dans le but d’offrir un endroit de détente aux visiteurs. Tout était prévu : la plage pour le bain, une estacade pour les plongeurs et l’accostage des embarcations, des cabines pour la décence, un bar pour la soif, des galettes saucisses pour le goûter et une guinguette avec kiosque pour y danser. Sans compter la forêt pour se promener ou pour graver des initiales dans un cœur sur le tronc des hêtres. Un camion était même mis à la disposition des moins mobiles pour les amener et les reconduire. A l’époque ces propriétaires étaient philanthropes. Les temps ont changé ...
Signé : A.Borgone - octobre 2012
La petite baignade
Mais en dehors de ces deux baignades, il en existait une autre beaucoup plus discrète : « la petite baignade », à environ un kilomètre de Châteaubriant sur la « Route de la Maison brûlée » en allant vers Soudan. Il suffisait d’aller jusqu’au passage à niveau du « Pas Besnier » et de prendre à droite l’étroit chemin herbeux qui descendait vers les herbages et la rivière La Chère.
A environ 400 mètres se trouvait la petite merveille : un endroit dépourvu d’herbe et de nénuphars, 15 mètres de long sur 8 mètres de marge. Lorsque la SNCF construisit les lignes vers Segré et Laval, elle obstrua et dévia la rivière qui faisait un grand méandre à cet endroit-là ! Cela évita la construction d’un pont. Elle creusa un canal d’environ 400 mètres de long sur 10 mètres de large et 1,50 m de profondeur. C’est là que prit naissance cette fameuse baignade.
L’été c’était peu profond, environ 40 centimètres. Il n’y avait donc aucun risque de se noyer. Le plaisir était de se mouiller un peu en évitant couleuvres et aspics ainsi que les nombreuses sangsues très collantes. L’endroit était peu fréquenté mais cependant des garderies (d’enfants) venaient parfois y passer un après-midi, déguster le petit « quatre-heures » et se désaltérer avec le fameux « coco » arrosé d’eau fraîche. Souvenirs, souvenirs !
Il n’y a plus de possibilité d’accéder à cette petite baignade : les grands travaux routiers ont obstrué le chemin et les rives sont envahies de saules et de broussailles. Soixante-dix ans se sont écoulés. J ’étais au bord de cette baignade un après-midi de 1942 : un train blindé allemand avec canons, mitrailleuses, chars et soldats casqués, roulait lentement vers Châteaubriant. J’étais à environ dix mètres en contrebas de ce train-fantôme. Ce fut une des grandes peurs de ma jeunesse.
Signé : Paul Chazé
Notes
La Carrière s’appelle aussi « Carrière du Prince ». Elle appartenait à la famille préaulx, propriétaire, entre autres, de la forêt de La Guerche et du château de Tressé à Pouancé. Le 7 février 1864, au Conseil Municipal de Châteaubriant, il est question de la pierre extraite à Châteaubriant à « La Carrière du Prince » pour les besoins de la commune. La note s’élève à 454,90 frs pour 306 m3. Le Conseil Municipal, considérant que « ces matériaux ont été extraits par un atelier de charité installé par la ville pour donner du pain à de pauvres ouvriers inocupés (sic ! ) », que la famille De préaulx a toujours été secourable aux pauvres de Châteaubriant, sollicite de Mme la Marquise l’abandon du prix des matériaux. Le 3 juillet 1864, le maire communique à son Conseil Municipal la lettre de Mme la Marquise de préaulx annonçant qu’elle abandonne, en faveur de la commune, les droits de carrière qui lui sont dus. Le Conseil Municipal, « touché de la bienveillance constamment montrée par Mme la Marquise envers les pauvres ouvriers de la commune employés à l’extraction de ces matériaux, dit que mention de cette libéralité sera faite au registre de délibérations afin de lui en témoigner officiellement sa reconnaissance ».
Le saut à vélo
André Sinenberg se souvient bien de la fameuse carrière (qui existe toujours). A proximité de la route, dans le quartier des Cohardières, il y avait des cabines, une petite plage naturelle et un banc de sable en pente douce permettant l’accès à l’eau et délimitant, sur le côté, une sorte de petit bassin destiné aux enfants. Il y avait là aussi un ponton et, en face, au dessus de la falaise, un plongeoir « que nous appelions : la girafe ». Au ponton, il y avait souvent un moniteur de natation. Les personnes étaient attachées, par un harnais, à une poulie pivotante, pour apprendre à faire les bon gestes.
« Un jour, avec mes copains, en plein mois de juin, nous avons fait l’école buissonnière mais notre instituteur nous a vite retrouvés ! Une autre fois, avec mes copains Milo Souillé et Charles Hardy, nous avons fait un concours : » qui sera le premier arrivé ? « . Ce fut moi et j’ai pilé juste au bord du ponton. hélas je n’avais qu’un frein à ma bicyclette et, sous la pression, celui-ci a lâché et j’ai fait, malgré moi, un beau plongeon dans l’eau. J’ai ramené le vélo d’une main en nageant sur le dos. Je ne m’en suis pas vanté à la maison et j’ai fait sécher mes vêtements avant de rentrer. Mais un jeune homme présent, Jean Chrétien, m’a dit : » André, si tu recommences un tel plongeon, tu auras une bière à chaque fois « . Eh bien j’ai recommencé, une bonne dizaine de fois, en me plaçant de plus en plus loin, pour avoir plus d’élan. Jusqu’au jour où je me suis fait très mal ... »
La Blisière : c’est dans cette guinguette que neuf otages de la Sablière écrivirent leur dernière lettre le 15 décembre 1941 avant d’être fusillés par les Nazis. Les vieux bâtiments en bois, délabrés, ont brûlé il y a quelques années.
Le coco
Le coco est une poudre de réglisse jaune ocre aromatisée à l’anis. mélangé avec de l’eau, il fait une boisson désaltérante. Cette boisson commença à se vendre dans les rues de Paris à la fin du XVIIIe siècle. Gagne-petit, le marchand de coco, en tablier blanc, portait une fontaine en tôle peinte sur le dos et quelques gobelets à la ceinture. Le plus illustre des marchands de coco, de 1830 à 1848, fut le père La Rose, ainsi nommé parce qu’il portait une rose au-dessus de sa fontaine. C’était, sur les boulevards de Paris, un personnage populaire. Il donnait à boire gratis aux gamins qui n’avaient pas d’argent (source : Wikipedia). La poudre peut aussi être consommée en mouillant un doigt et en le trempant ensuite dans la poudre. En cas d’excès : hypertension et diarrhée