Ecrit le 24 octobre 2012
Fracture sanitaire
leMonde.fr du 17/10 : A la veille du dernier round de négociations avec les syndicats médicaux sur les dépassements d’honoraires, l’association de consommateurs UFC-Que choisir publie une étude accablante sur l’ampleur du phénomène. L’association de consommateurs a dû « aspirer » les données du site Ameli-direct, contenant les tarifs pratiqués par l’ensemble des médecins français : l’assurance-maladie refuse en effet de transmettre les données détaillées qui alimentent son site.[]
Selon l’UFC, 80 % des Français habitent dans une zone où l’accès à un gynécologue ou un ophtalmologue respectant le tarif de la sécu est compliqué. Pour les deux autres spécialités sur lesquelles l’étude s’est focalisée, le problème est moins fort mais reste impressionnant, avec 58 % des Français qui vivent dans une zone déficitaire en pédiatres qui ne facturent pas de dépassements. Pour les généralistes, le taux descend à 27 %, mais concerne tout de même 17,3 millions de personnes. La plupart des généralistes français sont en effet inscrits en secteur 1, et n’ont donc pas le droit de pratiquer de dépassements.
Les résultats montrent l’existence d’une véritable « fracture sanitaire », avec un nombre considérable de Français qui vivent dans des zones à « accès difficile ». Ces zones ont été définies par l’association comme les communes où la proportion de médecins ne pratiquant pas de dépassements et exerçant à moins de 45 minutes du domicile pour les spécialistes, 30 minutes pour les généralistes, est au moins 30 % inférieure à la moyenne nationale. En prenant le critère encore plus restrictif des communes à 60 % en dessous de la moyenne, zones qui constituent de véritables « déserts médicaux » selon l’association, le nombre de Français concernés reste impressionnant : avec 54 % des assurés concernés pour la gynécologie, 45 % pour l’ophtalmologie.
Sans surprise, les grandes villes et les campagnes sont les principales zones où l’accès aux soins sans dépassement est particulièrement difficile. [] Tous praticiens confondus, « ce sont les villes moyennes de province qui s’en sortent le mieux », estime l’association, qui compte mettre en ligne un moteur de recherche où les internautes pourront évaluer les difficultés d’accès aux soins dans leur commune. []
Selon UFC-Que choisir, « il est temps de mettre fin au laisser-faire bienveillant des pouvoirs publics alors que les tarifs des médecins ont été revalorisés plus rapidement que l’inflation depuis trente ans ».
UFC-Que choisir demande que les négociations en cours aboutissent à des solutions radicales comme l’interdiction d’installation dans les zones surdotées de médecins en secteur 2 (dépassements autorisés), ainsi que la suppression des exonérations de cotisations sociales pour les médecins qui s’y installent. Selon l’association, les dépassements devraient être plafonnés à 40 % du tarif de la sécu, « ce qui constitue la prise en charge médiane par les mutuelles ». Autant de solutions très éloignées du compromis a minima vers lequel semblent se diriger les syndicats médicaux et l’assurance-maladie.
Ameli pas joli : la fourmi écrasée
Le Canard enchaîné du 17/10 : « Fourmi Santé » est un petit site Internet lancé en 2011 pour permettre au patient de choisir son toubib et de comparer les prix des soins. Ou comment s’y retrouver dans les tarifs des médecins conventionnés de secteur 1 et de secteur 2, les dépassements d’honoraires (que ne rembourse pas la sécu), le coût des mutuelles, le remboursement des médicaments... Pour ce travail de bénédictin, « Fourmi Santé » utilisait des données publiées sur Ameli, le site de l’Assurance-maladie. Un simulateur calculait la part revenant à la charge du patient. Une tâche que la sécu aurait pu effectuer elle-même pour rendre service aux assurés sociaux et pour lutter contre l’inflation des dépenses de santé.
C’est fini. Écrasée, la Fourmi. « Touche pas à mes données ! » s’est énervée la Cnam. Le portail s’est vu interdire de reprendre ces données publiques ! Et le ministère de la Santé n’a pas bougé le petit orteil. Il faut dire que cette petite « Fourmi » mettait les toubibs de mauvaise humeur. Ils n’avaient nulle envie que leurs tarifs soient affichés et comparés. Dans le cadre de la négociation, museler ce site était une bonne manière faite aux médecins. Et gratuite, celle-là .
Moralité : il est plus facile d’écraser une fourmi que de mettre un coup de pied dans la fourmilière médicale.
Achetez français !!!
Challenges.fr du 15/10 : L’Office fédéral de police criminelle allemand (BKA) a publié un rapport sur les véhicules volés en 2011 sur le territoire allemand. Les malfrats préfèrent les marques locales haut de gamme. Selon les déclarations faites par leur propriétaire, 99 Porsche sur 10.000 sont volées. Arrivent ensuite BMW (97 sur 10.000) et Audi (96 sur 10.000). Parmi les marques étrangères, ce sont Toyota, Skoda et Honda qui ont le plus la cote auprès des voleurs en Allemagne.
En revanche, le désintérêt pour les marques françaises est presque vexant : sur une base de 100.000 Renault en circulation, « seules » 24 étaient portées disparues en 2011. Ce taux de vol est encore plus bas pour Citroë n : 17 pour 100.000. Quant à Peugeot, avec une part de 12 pour 100.000, c’est la marque qui intéresse le moins les voleurs d’outre-Rhin !
En France, les malfrats préfèrent aussi les véhicules produits par nos voisins. Selon le palmarès établi chaque année par Auto Plus auprès des assureurs, huit modèles de marque allemande figurent dans le top 20 des voitures volées en France l’an dernier ! Certes, la Renault Twingo reste le hit absolu des voleurs, mais la BMW X6 figure aussi sur le podium, avec 183 vols sur 10.000 voitures.
Question à mille euros
Le Monde du 04/10 : dans quel pays d’Europe 20 % des salariés gagnent-ils en brut moins de 10,36 euros l’heure ? Le pays où, dans les restos, les salons de coiffure ou chez les chauffeurs de taxi et les « techniciens de surface », ce salaire mirifique, souvent en CDD, est le lot de trois personnes sur quatre ? Le pays où 10 % de la population a un deuxième boulot salarié à environ 400 euros par mois ? où seulement un jeune sur cinq a décroché un diplôme plus élevé que ses parents ?
Ne cherchez plus ! C’est l’Allemagne. Oui, l’« autre » Allemagne, pas celle qui fait la course en tête en Europe, qui exporte et dont 10 % des citoyens possèdent 53 % des richesses, quand la moitié des salariés s’en partagent 1 %.
525 euros qui manquent
laTribune.fr du 18/10 : 525 euros : c’est le montant moyen dont les Français estiment manquer pour « vivre correctement » selon le baromètre Sofinco, qui analyse les perceptions que les ménages ont du coût de la vie. [...]
Avec la crise, la manière de dépenser son argent change : les dépenses contraintes, comme le logement, et de première nécessité se stabilisent. Seuls 12% des Français les diminuent, contre 21% l’an dernier. A contrario, les dépenses secondaires diminuent sensiblement : 6% des Français réduisent leurs dépenses alimentaires (+3 points par rapport à 2011), et 59% d’entre eux rognent sur les dépenses de loisirs (+7 points). néanmoins, par rapport à 2011, les ménages sortent davantage (spectacles, restaurant, visites...), et dépensent un peu plus pour s’habiller.
63% d’entre eux affirment par ailleurs que leur épargne s’étiole, mobilisée pour faire face aux dépenses du quotidien. C’est d’ailleurs une des causes des rachats partiels effectués sur les contrats d’assurance vie depuis août 2011. Avec une épargne qui se réduit, les ménages diffèrent certains projets. C’est le cas de 23% des Français (+4 points), et de 30% des foyers de plus de cinq personnes.
L’augmentation des dépenses quotidiennes et des charges est le sujet le plus préoccupant des deux dernières années.