Ecrit le 18 septembre 2013
« Inquiétudes, amertume et colère ne cessent de grandir parmi nous, salariés, jeunes, privés d’emploi, retraités. Les salaires, les minima sociaux et les pensions stagnent ou régressent. Le chômage, continue sa hausse insupportable. Les conditions de travail se dégradent. La jeunesse galère de petits boulots en sales boulots. La perspective d’une retraite bien méritée et d’une reconnaissance de la pénibilité au travail s’éloignent ». C’est ce qu’a déclaré Serge Adry lors de la manifestation du 10 septembre 2013 à Châteaubriant, au sujet de la réforme des retraites.
Nous vivons de plus en plus mal l’aggravation des inégalités, l’intensification de la précarité et de la misère. Le gouvernement écoute beaucoup, il écoute d’ailleurs peut être trop car il n’entend pas. « La surdité est une maladie professionnelle, en général les deux oreilles sont atteintes. Eh bien dans ce cas précis, seule une oreille est atteinte, la gauche. () »
La CGT, avec d’autres organisations syndicales en France et en Europe, considère qu’une rupture est nécessaire pour réorienter les politiques sociales et économiques, et renouer avec la croissance, la création de richesses pour une autre répartition.
Aujourd’hui les moyens de relance de l’économie sont captés par les actionnaires dont les dividendes ne cessent d’augmenter,
- - Au détriment de l’augmentation des salaires
- - Au détriment de l’emploi.
Le patronat vient d’obtenir 20 milliards de crédit d’impôt portant ainsi à 200 milliards les aides publiques aux entreprises, malgré cela, l’industrie continue de détruire des emplois. Le patronat veut l’adaptation des salariés aux rythmes et volumes de production.
En Angleterre, il y a déjà un million de salariés avec des contrats de travail « zéro heure » c’est-Ã -dire aucune heure inscrite sur le contrat de travail. [Ndlr : c’est un contrat de travail sans garantie d’un temps de travail ou d’un salaire minimum. Souvent, les employés ne sont avertis du travail qui leur est proposé que quelques heures avant leur prise de service. Les horaires varient suivant les semaines et les salaires fluctuent considérablement. Par conséquent, il leur est difficile de se fixer un budget, de rembourser des crédits ou d’établir un programme pour d’autres obligations].
Serge Adry continue : « Le gouvernement dit qu’il ne peut pas faire autrement, qu’il n’y a plus d’argent pour les retraites, que l’Etat est en faillite, que c’est aux salariés de payer. c’est fauxde l’argent il y en a, près de 500 milliards sont planqués dans les paradis fiscaux. Les profits ont augmenté de 180 milliards en 30 ans ».
Quand on vit plus longtemps, on peut travailler plus longtemps ! répètent le gouvernement et le patronat. Eh bien c’est fauxl’augmentation de l’espérance de vie ne profite pas à tout le monde de la même façon. 60% des salariés sont en maladie, en invalidité ou au chômage lorsqu’ils pren-nent leur retraite. Allonger encore la durée de cotisation amènerait les trois quarts des salariés à ne plus être au travail quand ils partiront en retraite.
On nous dit que : « Augmenter le nombre d’années de cotisations permet de maintenir le niveau des retraites ». c’est un objectif inatteignable. La plupart des salariés ne pourront pas atteindre leur nombre d’années de cotisations, les femmes en premier lieu, mais aussi ceux qui ont commencé à cotiser tard, les jeunes. Ils subiront donc une baisse de leur retraite et en plus une décote.
On nous dit que « augmenter le nombre d’années de cotisations n’a aucune conséquence sur l’emploi ». Bien sûrque c’est faux. 5 millions de personnes sont déjà en recherche d’emploi, près d’un jeune sur quatre est au chômage. Pourquoi faire crever les vieux au boulot pour laisser les jeunes au chômage ?
On nous dit que « les salariés du public touchent des retraites plus fortes que dans le privé ». c’est une légende bien entretenue afin de diviser les salariés entre eux. Ce qu’il faut changer ce n’est pas les 6 derniers mois de référence pour le public, c’est réduire les 25 meilleures années pour le privé.
On nous dit que « En Europe les salariés travaillent déjà plus longtemps » Fauxen Allemagne, c’est 35 annuités, en Italie 35 annuités, en Espagne 35 annuités Nous c’est déjà 42 annuités.
La CGT fait des propositions pour maintenir et améliorer le système par répartition.
- - La relance de l’emploi, la hausse des salaires, la suppression des exonérations patronales.
- - l’augmentation des cotisations patronales. Cette augmentation permettrait de taxer le capital, de diminuer le montant des dividendes versés chaque année aux actionnaires des grands groupes. Ces dividendes, n’ont aucune utilité sociale, ils ne créent pas d’emplois et nourrissent la spéculation.
- - Le respect de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes apporterait un solde positif de 5 milliards d’euros dès 2015, et près de 10 milliards d’euros en 2020.
Pour la CGT ce n’est pas le travail qui coûte cher, mais bien le capital.
délit de vieillesse
Giles Barracand, pour l’Union Syndicale Solidaires, commente : « L’âge légal a été repoussé de 2 années par Sarkozy, le nombre d’annuités augmenté par Fillon. A l’époque, le Parti socialiste.... tenait un autre discours, il était pour le maintien des 60 ans. Aujourd’hui, il valide l’ensemble de ces réformes et les injustices qui leur sont liées. Cherchez l’erreur ! ».
" Pire aujourd’hui, avec cette nouvelle réforme, ils poursuivent le sabotage de nos acquis. 41,75 annuités pour la génération née en 1960, jusqu’Ã 43 annuités en 2035, à raison d’un trimestre tous les trois ans. Au regard de l’âge de début d’activité professionnelle, nous allons avoir des générations qui ne pourront bénéficier d’une retraite à taux plein qu’Ã partir de 67 ans ! 67 ans c’est du délire, 67 ans, allons-nous accepter que nos collègues, nos enfants subissent un tel recul au regard des luttes passées.. . ?
Tout ce que le patronat pourra faire pour faire reculer les droits sociaux il le fera si nous ne sommes pas assez forts en face. n’oublions pas que ces patrons du MEDEF qui exigent le rallongement, virent en même temps les salariés pour délit de vieillesse ! "
Aujourd’hui, la crise, le chômage touchent de plein fouet des millions de salariés. Cette situation économique résulte de choix politiques délibérés pris depuis plus de 25 ans.. Elle est liée aux choix d’une libéralisation totale de la circulation des capitaux, des marchandises et des services, sans contrôles, sans limites ou presque.... provoquant le dumping fiscal, social et environnemental.
c’est la « double réforme », la double peine ! Dans un premier temps, il y a une nouvelle « réforme des retraites »... Dans un deuxième temps, une deuxième réforme pour « baisser le coût du travail », notamment en augmentant la TVA et la CSG. Il ne se passe pas deux ans sans que les gouvernements successifs de gauche et de droite fassent « ces réformes ». A chaque fois, cela« doit » sauver le régime des retraites. Pourtant cela ne fait que renforcer la finance au détriment des salariés et retraités !
La fin des 60 ans
Pour le Front de Gauche, " Le projet gouvernemental de réforme des retraites légitime la fin de la retraite à 60 ans. Cette contre-réforme utilise les mêmes leviers que toutes les réformes de la droite. L’allongement de la durée de cotisations c’est le recul de l’âge réel de départ en retraite. Les jeunes seront particulièrement touchés. Les retraité-e-s sont mis à contribution. c’est une triste première pour un gouvernement de gauche.
Les patrons sont rassurés par l’annonce de l’allègement de leurs cotisations concernant les prestations familiales dès 2014. C’est un nouveau cadeau au patronat. Cette contre-réforme inefficace et injuste, c’est plus de chômage et moins de pouvoir d’achat. Les classes populaires, les classes moyennes et les retraité-e-s sont ponctionnées au lieu de mettre à contribution les entreprises et la finance. Elle obéit aux injonctions de Bruxelles. Les moyens financiers d’une autre réforme, socialement juste et efficace existent.
Le Front de Gauche demande le retrait de cette contre-réforme et l’abrogation des réformes depuis 1993, la retraite à 60 ans à taux plein et au minimum au niveau du Smic, une réelle politique de lutte contre le chômage et d’augmentation des salaires, la fin des exonérations de cotisations sociales.
Soutien à la réforme
Face à ses détracteurs, Michelle Meunier, sénatrice de Loire-Atlantique, approuve la réforme en cours. "Le système de retraite par répartition est au cœur de notre pacte républicain. Pour le défendre et le garantir, malgré les déficits creusés depuis plusieurs années, le premier ministre vient d’annoncer une réforme courageuse, concrète et juste qui répond à 4 objectifs :
- - Garantir notre modèle dans la durée et rétablir la confiance dans la pérennité des régimes,
- - Prendre en compte la pénibilité du travail,
- - Rendre le système plus juste qu’il ne l’est aujourd’hui,
- - Le rendre plus simple et plus lisible pour les Français-e-s.
Je soutiens cette réforme nécessaire et qui se place à la hauteur des enjeux, d’aujourd’hui et de demain."
Pour une réforme plus globale
Pour Europe-Ecologie-Les Verts, « le gouvernement ouvre enfin des chantiers nécessaires à un système de retraites plus juste prenant en compte les années d’apprentissage, les temps partiels, la pénibilité et l’égalité femme-homme attendue par les salarié-es. » Il faut cependant une réforme structurelle plus globale et plus profonde. Le système des retraites ne peut être dissocié du financement du chômage, de la perte d’autonomie, de la politique familiale. La réforme doit poursuivre les quatre objectifs suivants, auxquels elle ne répond pas actuellement :
- ♦ Assurer une plus grande justice sociale, par un prélèvement sur tous les revenus,
- ♦ Garantir un système de retraites pérenne dans un contexte de croissance nulle ou très faible
- ♦ Partager le temps de travail tout au long de la vie
- ♦ Mettre en place un revenu universel permettant à toutes et tous de vivre dignement
La réforme proposée par le gouvernement ne prévoit rien sur la hausse des pensions pour les retraités les plus pauvres, sur une meilleure prise en compte des parcours professionnels accidentés ou sur la taxation du capital ".