Ecrit le 19 novembre 2008
René Henriquet
12 novembre 2008 : au moment de partir en retraite et lors d’une réception organisée à la mairie de Châteaubriant, René Henriquet a retracé toute l’histoire du CAT (Centre d’Aide par le Travail) de 1970 à nos jours.
Depuis toujours, a-t-il dit, les relations avec la municipalité de Châteaubriant ont été chaleureuses et constructives. [Ndlr avec trois maires : Xavier Hunault, Martine Buron et Alain Hunault].
Tout a commencé en 1970
Tout a commencé en 1970 quand l’association de parents d’enfants inadaptés « les Papillons Blancs » a cherché à établir un établissement pour adultes afin d’assurer un avenir pour les plus de 20 ans sortant de l’Institut médico Éducatif.
Le soutien de M. Xavier Hunault, Maire et Conseiller Général, sera précieux et décisif ; il pouvait compter sur l’avis éclairé et l’action de M. Alexandre ménard adjoint, touché de près par le handicap [il sera d’ailleurs président d’honneur de la section de parents de Châteaubriant pendant de nombreuses années].
De nombreux courriers attestent de l’énergie déployée pour trouver des bâtiments et suivre la réalisation de ce projet Grâce au soutien financier et à la garantie des emprunts accordée par la municipalité, le 2e CAT du département a pu ouvrir le 1er octobre 1973 avec 25 places. Installé dans des locaux rénovés mais provisoires du fait d’une surface limitée et d’un terrain ne permettant pas d’extension pour un développement futur Le dicton « du provisoire qui dure longtemps » sera une réalité jusqu’en 2001.
A peine ouvert il fallut affronter le 1er choc pétrolier et la crise économique avec des difficultés pour trouver des travaux simples en complément de l’atelier de menuiserie. Nous avions peu d’équipements et un savoir-faire limité ; ce fut la période du porte-Ã -porte pour se faire connaître et trouver toutes sortes de travaux, parfois à l’extérieur comme des démolitions en maçonnerie, du nettoyage de caves, du ramassage de pierres dans une ferme, de la tonte de pelouse, de la métallerie etc
Imaginer, inventer, oser
Avec Yves Guillard directeur, Monique Josse éducatrice, Andrée Broquet cuisinière, nous avons expérimenté tout ce qui semblait à la portée des personnes accueillies (dont certaines n’avaient jamais travaillé auparavant). Il a fallu imaginer des apprentissages, inventer des adaptations, oser parfois, comme la démarche d’autonomie avec les déplacements à pieds et à vélos.
Ce fut précieux pour le 1er montage des stands de la Foire de BERE durant l’été 1974 ; la voie avait été préparée dès 1972 par la participation de l’IME avec l’entreprise de Paul Galisson et naturellement la bienveillance du président Alexandre ménard. Ce fut fantastique pour les Ateliers de la Mée de relever ce défi chaque année par tous les temps et quelques tempêtes de vent personnellement j’assurerai la responsabilité de ce chantier jusqu’en 1987 et en 2003 le trophée de la Foire de Béré sera attribué à l’IME et au CAT pour 30 années de fidélité.
L’effectif va augmenter progressivement pour atteindre 45 places en 1980, et le problème crucial sera de trouver des locaux adaptés notamment pour les équipes d’entretien d’espaces verts Après des cabanes sur le terrain de la voisine, puis à la Sapinière, ce sera encore la municipalité qui en 1982 mettra gracieusement les locaux de la Trinité à la disposition du CAT ; du provisoire qui durera aussi jusqu’en 2001. Merci à l’équipe municipale qui a su comprendre nos besoins et accompagner le développement du Centre d’Aide par le Travail.
A cette époque plusieurs projets de réimplantation de l’établissement sont étudiés mais n’aboutiront pas. ce sera donc un CAT éclaté en plusieurs lieux provisoires : on en comptera jusqu’Ã 7 à partir de 1995.
Devenu directeur
En 1988 j’assure la responsabilité de la direction et une des priorités sera la reconstruction d’une structure cohérente permettant des conditions d’accueil et de travail plus adaptées. Dès septembre 1988 la municipalité facilitera l’installation d’une équipe du CAT dans l’ancien restaurant d’entreprises Huard, devenu propriété communale ; plus tard ce restaurant à caractère social sera considéré comme élément structurant du quartier dans le cadre de la réhabilitation des friches industrielles après le départ de l’entreprise Kuhn-Huard en zone industrielle route de St Nazaire.
Aujourd’hui ce restaurant se dénomme la Mée délice et son emplacement est pertinent sur le pôle tertiaire de la rue des Vauzelles.
En 1990 le CAT adhère à l’aDIC (Association des Industriels du pays de Châteaubriant) pour mieux connaître le milieu économique environnant ce qui contribue également à élargir les contacts professionnels.
En 1993 nous organisons notre 20e anniversaire, ainsi les élus et visiteurs découvrent notre fonctionnement sur les différents sites à travers la ville. Ce sera un tournant pour l’évolution vers le futur.
Reconstruire
Avec le Maire Martine Buron et l’équipe municipale, le CAT bénéficiera aussi d’un soutien déterminant pour finaliser enfin le projet de reconstruction sur le site municipal de la SCT qui avait été pressenti dès 1992 ; ainsi une 1ére tranche de travaux sera réalisée dès 1995 pour accueillir 8 places supplémentaires portant l’effectif à 71 alors que le projet final ne sera agréé par la DASS qu’en 1999 avec des travaux réalisés en 2000 et 2001.
Il fallait une confiance réciproque pour réussir une telle opération qui ne manque pas d’originalité : un CAT en plusieurs lieux reconstruit en CAT-village dans la gare du petit train.
Du théâtre !
L’inauguration théâtrale le 19 janvier 2002 avec le Maire Alain Hunault marquera les esprits. s’il y a une activité qui surprend et qui dérange parfois c’est bien le théâtre : l’aventure a débuté en 1980 avec le soutien d’un comédien professionnel Philippe Mirassou ; il s’agissait de favoriser l’expression des personnes, de développer les repères spatio-temporels, la confiance en soi, l’ajustement du langage. Cela aboutira à la création de six spectacles de qualité professionnelle : Caresses, Cursus, Anton, Nage libre, Pollen et Juke Box.
Aujourd’hui l’aventure continue dans le cadre d’un projet éducatif européen sur trois ans (2006 à 2009) coordonné par le CAT avec un établissement en Allemagne et un établissement en Pologne ; c’est le metteur en scène Alexis Chevalier qui synchronise la création artistique de ce travail de recherche avec une appropriation d’un langage universel : « le théâtre, comme à son niveau la musique, a ce pouvoir de véhiculer du sens émotionnel à travers l’écriture des corps, des voix et des sons dans l’espace. ». Bien sûril y aura une trace avec une création originale : Kontakt ou le secret de léa.
Un rôle médico-social
Au quotidien le CAT est un établissement médico-social intégré dans l’environnement et au service de la population du Pays de Châteaubriant, il emploie aujourd’hui 107 personnes dont 86 personnes handicapées. Le CAT est une entreprise d’action sociale avec une identité professionnelle se traduisant par 2 démarches indissociables :
– La protection, garantie donnée à la personne de ne pas subir les effets de son immaturité ou de ses difficultés.
– La promotion à laquelle toute personne aspire en exerçant un métier professionnel utile et générant de la valeur.
Au-delà du travail et de l’aide par le travail, chaque personne accueillie au CAT bénéficie d’une prise en charge avec des soutiens éducatifs, psychologiques ou médicaux ; chaque personne doit être reconnue dans ses capacités et sa différence avec la perspective d’une autonomie sociale et professionnelle allant jusqu’à l’insertion en milieu ordinaire pour quelques uns.
Avec le nouveau bâtiment du CAT nous avons ressenti une évolution marquante avec une reconnaissance forte de la place des personnes handicapées et de l’intérêt manifesté à notre égard ; d’ailleurs notre implication locale sera reconnue à différents moments en 2004 : en septembre avec un trophée de l’entreprise décerné par l’aDIC puis en octobre au théâtre de Verre, après une représentation théâtrale dans le cadre de la journée de la dignité et le 40e anniversaire de l’association de parents de Châteaubriant.
Au-delà des lois, les moments vécus au quotidien par les ouvriers du CAT contribuent à leur conférer une véritable place de personnes et de citoyens reconnus à laquelle ils sont très sensibles.
Avec l’équipe pluridisciplinaire des Ateliers de la Mée nous avons bien conscience que « permettre à chaque usager de connaître et épanouir ses facultés, d’avoir accès à sa mesure, aux rôles sociaux et professionnels de tout citoyen » n’est jamais définitivement acquis.
Je suis heureux et assez fier de voir qu’avec l’équipe éducative nous avons su imaginer et préserver du temps pour ces activités de soutien à caractère social car la vie ce n’est pas que le travail. Ainsi à travers le foot, la vidéo photo, l’informatique, la psychomotricité, la connaissance du corps, la vie affective, l’alimentation, l’image de soi, la piscine, la randonnée, l’écriture, l’€uro, le code de la route, le théâtre, etc, autant de situations où le CAT, de par sa mission sociale, accompagne la personne vers un savoir-être relationnel dans l’accomplissement de sa vie en société, en cohérence avec un savoir- faire professionnel .
Je termine ma carrière professionnelle à la fin de l’année et Mme Isabelle MAUMY vient de prendre le relais.
Après 35 années passées aux Ateliers de la Mée j’ai conscience d’avoir vécu une aventure humaine exceptionnelle et passionnante. Je le dois aussi pour beaucoup à mon épouse Anne Marie, éducatrice à l’IME, pour sa compréhension et sa disponibilité face à mes engagements professionnels.
Un sourire
Je terminerai par un sourire :
Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup, Il enrichit ceux qui le reçoivent Sans appauvrir ceux qui le donnent. Il ne dure qu'un instant Mais son souvenir est parfois éternel. Personne n'est assez riche pour s'en passer, Personne n'est assez pauvre pour ne pas le mériter. Il crée le bonheur au foyer, soutient les affaires, Il est le signe sensible de l'amitié. Un sourire donne du repos à l'être fatigué, Rend du courage aux plus découragés. Il ne peut ni s'acheter, ni se prêter, ni se voler, Car c'est une chose qui n'a de valeur qu'Ã partir du moment où il se donne. Et si quelquefois vous rencontrez une personne qui ne sait plus avoir le sourire, Soyez généreux, donnez lui le vôtre Car nul n'a autant besoin d'un sourire Que celui qui ne peut en donner aux autres.
On ne dit plus « CAT » on dit : ESAT : établissement de service et d’aide par le travail. Voir celui de Vay