Les coulisses de la recherche
génération précaire
Big Bang
Ecrit le 3 mars 2004 :
pétition contre
la guerre à l’intelligence
Pour fédérer les mobilisations de plus en fortes, mais encore très éparses et éclatées, émanant des secteurs de la culture et du savoir, face aux attaques régulières, aux coupes budgétaires et aux menaces dont ils font l’objet de la part de l’actuel gouvernement, l’hebdomadaire culturel Les Inrockuptibles a lancé dans son numéro du 18 au 24 février un « Appel contre la guerre à l’intelligence » qui a remporté un grand succès et a eu le don de mettre en colère le Premier Ministre.
Cet appel dit ceci (extraits) :
" Tous les secteurs du savoir, de la recherche, de la pensée, du lien social, producteurs de connaissance et de débat public font aujourd’hui l’objet d’attaques massives, révélatrices d’un nouvel anti-intellectualisme d’Etat. C’est à la mise en place d’une politique extrêmement cohérente que nous assistons. Une politique d’appauvrissement et de précarisation de tous les espaces considérés comme improductifs à court terme, inutiles ou dissidents, de tout le travail invisible de l’intelligence, de tous ces lieux où la société se pense, se rêve, s’invente, se soigne, se juge, se répare. (...) Depuis deux ans, la liste est longue des compétences et savoirs pratiques méprisés, des débats raccourcis, amputés de leur épaisseur et de leurs contradictions fécondes.
Le gouvernement Raffarin fait un usage simpliste et terrifiant des fameuses leçons du 21 avril : en pleine crise de l’Etat-Providence, dans ces secteurs les plus sensibles que sont l’hôpital et la santé, l’école et l’université, la justice et le travail social, la culture et l’audiovisuel public, au moment d’une fracture urbaine sans précédent entre des centres-villes riches et paisibles et des périphéries abandonnées, à l’heure d’une décentralisation culturelle accélérée et sans filet et d’une industrie de la culture qui modifie en profondeur le paysage intellectuel, que fait le gouvernement ?
– Il livre l’architecture, l’urbanisme et la construction d’un nouvel espace public aux grands groupes de BTP.
– Il dégraisse les corps intermédiaires de la communauté éducative en supprimant emplois-jeunes, aide-éducateurs, infirmières, surveillants.
– Il fragilise le monde du spectacle au nom d’une réforme nécessaire du régime de l’intermittence.
– Il démoralise les professions de santé et accélère la « fuite des cerveaux » dans les universités étrangères.
– Il profite du départ à la retraite des générations du baby-boom pour faire disparaître des secteurs de recherche, des spécialités médicales, des disciplines éducatives.
– Il procède à des coupes sombres dans les budgets du savoir et de la recherche.
– Et il résout la prise en charge des « vieux » par la culpabilisation des familles, le rappel à l’ordre paternaliste des plus jeunes et la suppression d’un jour férié.
Cette guerre à l’intelligence est un fait sans précédent dans l’histoire récente de la nation. C’est la fin
d’une exception française : un simple regard chez quelques-uns de nos voisins européens, dans l’Angleterre post-thatchériene ou l’Italie berlusconienne permet pourtant de voir ce qu’il advient des écoles, des hôpitaux, des universités, des théâtres, des maisons d’édition au terme de ces politiques qui, menées au nom du bon sens économique et de la rigueur budgétaire, ont un coût humain, social et culturel exorbitant et des conséquences irréversibles. « La pétition continue en disant que » le sursaut des professions intellectuelles concerne l’ensemble de la société « et adresse au gouvernement une protestation solidaire » émanant de tous les secteurs attaqués par cet anti-intellectualisme d’Etat qu’aucun parti politique, de droite comme de gauche, n’a encore entrepris de dénoncer ".
Cette pétition a recueilli plus de 20 000 signatures
Ecrit le 3 mars 2004 :
Sauvons la recherche
Le gouvernement vient de manquer l’occasion de rétablir la confiance avec les personnels de la recherche.
Le Premier Ministre a indiqué qu’il débloquerait 300 millions pour la recherche. Plus précisément, il a considéré comme légitime le fait de payer en 2004 des crédits qui auraient dû être versés en 2002 et 2003 mais qui avaient été gelés. En d’autres termes, le gouvernement va simplement éponger une dette qu’il a depuis 2 ans.
En ce qui concerne la question des débouchés des jeunes chercheurs, la demande du collectif « Sauvons la recherche » était le rétablissement des 550 postes supprimés et la création d’un nombre adéquat de postes d’enseignants-chercheurs à l’Université,
« La réponse du gouvernement est indécente : il accorde 120 postes au lieu de 550 pour les organismes de recherche, et aucun poste à l’Université au lieu d’un millier ».
« Pour permettre à des jeunes chercheurs de postuler à des postes supplémentaires à l’Université, par exemple, il en coûterait, pour 2004, environ 30 000 euros annuels par poste... c’est-Ã -dire 30 millions d’euros pour 1000 postes ! 30 millions d’euros, c’est 2 % de la somme annuelle qui sera attribuée pour la baisse des charges dans la restauration. Ne pas accorder les postes statutaires demandés relève donc d’un choix politique ! »
Des postes statutaires transformés en CDD !
L’ancien ministre de la recherche, Roger-gérard Schwartzenberg, a qualifié les mesures du gouvernement de « pétard mouillé ». Il déplore la suppression pour 2004 de 550 emplois statutaires remplacés par des CDD. « Cette précarisation de l’emploi scientifique, ce recours à des »intermittents de la recherche« , sont très inadaptés à la recherche fondamentale, qui doit s’inscrire dans la durée (...). Notre pays, a-t-il ajouté, ne peut être formateur de chercheurs à titre onéreux et exportateur de chercheurs à titre gratuit » pour « des économies concurrentes ».
A l’appel du collectif « Sauvons la Recherche », fort de 55 000 pétitionnaires chercheurs et citoyens, risque de se produire une démission massive, le 9 mars prochain, d’un grand nombre de directeurs de recherche et de laboratoire.
Reconnaissant l’impossibilité de travailler avec le gouvernement dans les conditions actuelle, le collectif a décidé de lancer ses propres Etats-généraux de la Recherche. « Ceux-ci sont préparés par un groupe de travail composé de membres du collectif Sauvons la Recherche, de personnalités scientifiques, de représentants de jeunes chercheurs, et associera également des membres au-delà de la communauté scientifique. »
Ecrit le 24 mars 2004 :
Chercheurs ne trouvant pas finances
cherchent débouchés
Telle pourrait être la petite annonce des jeunes chercheurs français en thèse tant leur avenir est bouché ou précaire. Malheureusement, ce n’est pas pour autant que leurs aînés sont mieux lotis, à tel point que, au 19 mars, 3300 chercheurs (1342 directeurs d’unité et 1958 chefs d’équipe), habituellement plutôt à l’ombre de leur labo, n’ont pas hésité à démissionner de leurs responsabilités administratives pour enfin être écoutés. Que veulent ces dangereux activistes ? Ils désirent simplement que la France se dote d’une recherche qui soit à la hauteur d’une des premières puissances économiques.
Un chercheur sachant trouver sans argent
est un bon chercheur
Noble dessein. Mais pour cela, il faut de l’argent et le gouvernement préfère diminuer les impôts au profit des plus riches ou construire un nouveau porte-avion que de créer des postes de chercheurs statutaires. Actuellement, 550 chercheurs en CDD attendent désespérément d’être titularisés. On ne peut être intermittent de la recherche. Et chercheur ne doit pas rimer avec chercheur d’emploi.
Quand on constate que des laboratoires de recherche en écologie fondamentale, par exemple, n’ont pas vu une création de poste depuis 20 ans alors que les problèmes d’environnement nécessitent de bien connaître les milieux et donc de faire des études fondamentales, on pleure. Aujourd’hui, les chercheurs qui peuvent s’en tirer et qui ont les moyens de leurs ambitions passent par les fourches caudines des financeurs privés, tels que les trusts de l’industrie pharmacologique ou des produits phytosanitaires, qui représentent la première source de financement de la recherche avec 1.25 % du PIB pour seulement 0.95 % pour l’État.
Pourtant une recherche publique indépendante
est aussi importante qu’une justice indépendante.
Grand écart
Alors que les Régions participent au financement de bâtiments ou de projets de recherche, que les Pays de la Loire ont voté en décembre le principe de cofinancement d’un Cyclotron, on entend assez peu le président de région, lui-même éminent chercheur.
Et si François Fillon se targue d’avoir multiplié le nombre de chercheurs en Pays de la Loire (un tiers de plus en 5 ans), faut-il encore que ce ne soit pas au détriment d’autres régions.
Par ailleurs, la région peut et doit aider ce secteur d’activité, mais elle n’a pas à se substituer à la défaillance de l’État. M. Fillon doit à ce titre faire le grand écart entre ses projets pour la Région et son appartenance à un gouvernement qui n’aide pas la recherche publique à son juste niveau.
Allons messieurs et mesdames du gouvernement, pensez à l’avenir de notre recherche. L’argent des contribuables mérite d’être investi intelligemment : nous en avons bien besoin.
Patrick COTREL
Groupe des Élus VERTS et Apparentés
Conseil régional des Pays de la Loire
RLG
Ecrit le 24 mars 2004 :
LES CHERCHEURS FRANÇAIS TROUVENT DES SOUTIENS
Quelque 3300 directeurs de laboratoires français ont démissionné, au 19 mars, de leurs responsabilités administratives, et des milliers de chercheurs en colère face à l’insuffisance des crédits alloués par le gouvernement ont défilé à Paris et dans d’autres villes. Dans sa dernière édition, datée du 11 mars, l’hebdomadaire britannique Nature apporte un soutien appuyé au mouvement des chercheurs français : « Ils s’opposent avec raison à un gouvernement qui les néglige... [Celui-ci] n’a aucune vision à long terme pour la recherche fondamentale, et il y a très peu de raison de penser qu’il a l’intention d’en développer une » (voir : http://recherche-en-danger.apinc.org/
La revue britannique Nature apporte un soutien sans réserve au collectif « Sauvons la Recherche ». Elle rappelle les engagements pris par Jacques Chirac pendant la campagne présidentielle de 2002 pour une « action historique » en faveur de la recherche.
La réalité est différente
La réalité, d’après Nature, est tout autre : « baisses historiques des budgets de la science, recul historique des opportunités offertes aux jeunes scientifiques et, dernièrement, nombre historique de chercheurs manifestant dans la rue ».
Les années 60 restent dans la mémoire des scientifiques comme l’âge d’or de l’expansion de la recherche, notamment sous l’impulsion de Pierre Mendès France (1954), puis de Charles de Gaulle (1958).
hélas ! ce grand dessein national a récemment laissé place à une politique « boutiquière » dont le soutien financier (clientéliste ?) aux buralistes (150 millions d’euros) et aux restaurateurs (1,5 milliard d’euros) laisse un goût amer aux chercheurs qui n’en demandent pas autant :
« la réintégration des 550 postes permanents transformés en contrats à durée déterminée représente un coût de 20 millions d’euros par an selon le gouvernement ».
Un sondage de « La Croix » publié le 9 mars indique que : « 8 français sur 10 soutiennent ou affirment leur sympathie avec les chercheurs ».
Chercheurs expatriés
Le collectif des chercheurs expatriés invite les jeunes chercheurs - doctorants, post-doctorants et expatriés - à adresser leur curriculum vitae au ministère de la recherche en signe de solidarité avec les directeurs démissionnaires.
Le collectif relaie cette initiative auprès des chercheurs français à l’étranger qui souhaitent rentrer en France. De son point de vue, les postes en CDD proposés « sont très en dessous de leurs postes actuels dans les laboratoires à l’étranger ».
RLG
Exposition :
Les coulisses de la recherche
« L’ostéoporose touche 66 % des femmes à la ménopause et 90 % d’entre elles à 80 ans. Grâce à l’injection d’os artificiel liquide, dont nous détenons le seul brevet mondial, les populations vieillissantes vivront mieux », explique Guy Daculsi, biologiste et cristallographe de 55 ans, directeur du Centre de recherche sur les matériaux d’intérêt biologique (Université de Nantes).
L’os artificiel, qui se présente même sous forme liquide, se résorbe après injection et se transforme en os « mimant la nature ». Guy Daculsi en détaille les avantages : « Chirurgie moins invasive, temps de rééducation réduit, donc moins coûteux pour la sécurité sociale, travail de prévention et plus seulement de régénération. »
C’est l’un des exemples donnés par l’exposition « Les coulisses de la recherche » qu’on peut voir à Châteaubriant jusqu’au 2 février. En sept panneaux recto-verso, elle détaille le processus qui mène de la recherche fondamentale à la mise à disposition du grand public.
Cette exposition est due à l’association « Entreprises et patrimoine industriel » représentée par Jean-Yves BELLAYER et véronique GRATAS, qui organise des conférences, visites d’entreprises, circuits de découverte dans le but de valoriser le patrimoine industriel nantais et européen.
Innovations
L’exposition, à travers 7 exemples régionaux présente des objets « innovants » :
– L’os artificiel
– L’absorbeur crash (qui équipe les TGV et permet d’absorber les chocs). Le chercheur Marwan Dannawi étudie maintenant les chocs véhicules/piétons.
– Le bio-laveur (machine à laver les odeurs !)
– Le système SPADD (qui piège les vibrations dans le TGV)
– Le CID (qui enregistre et analyse le sommeil des gens malades)
– Le Myscript qui comprend l’écriture manuscrite : un boîtier, un papier et un stylo spéciaux, et le texte s’inscrit sur l’écran de l’ordinateur comme s’il avait été tapé à la machine.
– Et une nouvelle technique d’imagerie qui permet de voir l’infini petit avec un microscope optique « ordinaire »
Culture scientifique et technique
Tous ces objets qui, très vite, deviennent « normaux », sont le fruit de longues recherches qui peuvent durer 10-15 ans avant d’aboutir à une réalisation concrète.Les chercheurs, seuls ou avec la collaboration d’industriels, s’inscrivent dans la dynamique économique et sociale de l’innovation, moteur indispensable à la création et au maintien de l’emploi.
A Châteaubriant ils travaillent avec RBL Plastiques, Team Plastique et la FMGC
« Le passage de l’invention à l’innovation est long, difficile et risqué. Si la foi des chercheurs dans leurs inventions permet au transfert de technologie d’aboutir, elle n’est pas suffisante. Une fois la nouveauté scientifique acquise, ces inventeurs chercheurs doivent s’assurer que leur invention a une place sur le marché économique » explique véronique GRATAS.
Et si ces potentialités économiques sont confirmées, deux possibilités s’offrent aux chercheurs :
– créer une entreprise
– ou s’associer à un industriel intéressé pour commercialiser l’invention.
C’est ce parcours exigeant mais gratifiant que retrace l’exposition « Les Coulisses de la Recherche » .
Les méthodes employées, les choix arrêtés, les capacités et les erreurs humaines issues de ces activités créatrices constituent des repères qu’il est apparu intéressant de diffuser au plus grand nombre... hors coulisses.
Pratique :
L’exposition est visible jusqu’au 2 février 2006 inclus, dans les locaux de la Communauté de Communes du Castelbriantais, rue Delatour à Châteaubriant. Des étudiants de Nantes et de St Nazaire vont venir découvrir des entreprises de Châteaubriant .
Le but (qui est celui de l’ADIC) est de montrer que celles-ci peuvent présenter des innovations importantes, offrir des stages intéressants et, pourquoi pas, des emplois intéressants.
Stages : génération précaire
Chaque année, 800 000 conventions de stages sont signées en dehors de tout cadre juridique et environ 60 000 emplois seraient camouflés sous des stages. Selon une étude du Conseil économique et social de juillet 2005 près d’un étudiant sur deux effectue au moins un stage au cours de sa scolarité, certains durent plus d’un an, « sous couvert de formation », indemnisés à 30 % du Smic, sans contrat de travail ni fiche de paye.
Suite à une grève des stagiaires (mais pourquoi faut-il toujours faire grève pour être entendu ?) le premier ministre a proposé, le 16 janvier, une « charte de bonne pratique des stages ». Avec Indemnisation obligatoire pour les stages de plus de trois mois et franchise de cotisation sociale à hauteur de 360 euros par mois et par stagiaire. Reconnaissance de tous les stages longs comme élément du cursus universitaire. Prise en compte des stages dans l’ancienneté professionnelle.
Le mouvement « génération précaire » souhaite que le gouvernement n’en reste pas à un effet d’annonce. « Nous remarquons que le Premier Ministre présente comme des mesures nouvelles de nombreuses dispositions déjà en vigueur et qui ont permis les dérives actuelles. Nous insistons sur le fait que les stagiaires sont des travailleurs et doivent donc être reconnus par le code du travail. Une loi s’impose pour mettre un terme à l’exploitation de milliers de stagiaires et garantir que les stages servent effectivement l’insertion professionnelle. »
voir aussi : ces stagiaires que lon jette
Big Bang
Le site internet http://www.cnrs.fr/bigbang, mis en ligne le 19 janvier, comporte un dossier richement illustré et mis en page, qui fait le point sur les premiers instants de l’Univers, à l’attention des lycéens, étudiants et enseignants
Le site comprend à la fois
– une partie factuelle - "Ã partir de la première minute du Big Bang, on a des preuves quasi-irréfutables. On sait de quoi on parle -
– et une partie plus spéculative sur ces premiers moment
Le site est abondamment complété par des vidéos, graphiques animés et un glossaire très fourni. Il comprend également une bibliographie, une photothèque, une vidéothèque, ainsi qu’une série de jeux autour au Big Bang. C’est le dixième des dossiers « SagaScience », édités par le CNRS, qui avaient auparavant abordé des thèmes comme la robotique et l’évolution.