Ecrit le 3 septembre 2014
On ne valse pas avec la Droite sans qu’elle vous écrase les pieds (aurait dit Claude Lelouch).
Une fois de plus, nous assistons, en France, à l’impossibilité de mener une réelle politique de gauche, pour plusieurs raisons.
- - Les Français ne veulent pas être gouvernés à gauche : il n’est que de voir les échecs électoraux du Parti Communiste, du Front de Gauche et de tous les partis se réclamant de ce courant de pensée.
- - La gauche de la gauche ne veut pas gouverner : elle préfère la pureté idéologique à tout compromis de gouvernement.
- - Les Français ne veulent pas être gouvernés au Centre : les échecs de tous les partis centristes sont patents.
- - Il reste alors l’alternance entre la Droite et la Gauche (en espérant que nous n’irons pas vers l’extrême-droite), alternance très théorique car, en notre pays,
- c’est la Droite qui est aux manettes de l’économie, qui peut bloquer les entreprises (en investissant à l’étranger ou en plaçant son fric dans les paradis fiscaux).
- C’est la Droite qui fait l’opinion publique en contrôlant la presse et la télévision.
- Et quand la Gauche est arrivée au pouvoir, par les élections, c’est encore la Droite qui mène le bal pour la faire tomber en bloquant l’économie, et en faisant donner ses ’’ténors’’ qui occupent le champ médiatique, au point de faire passer des contre-vérités, même si elles frisent la stupidité. Rappelez-vous, en 1981, au lendemain de l’élection de Mitterrand, il y avait de nombreux citoyens qui croyaient que le gouvernement allait collectiviser les jardins familiaux !
- Actuellement, on fait croire aux Français que les chômeurs refusent de travailler, que la fraude aux allocations ruine les finances publiques, que les impôts sont trop lourds, que l’immigration est une catastrophe, etc.
François Hollande a été élu parce que N.Sarkozy a déçu, mais il n’a jamais mené une politique de gauche. La Droite et la crise économique mondiale ne lui ont pas facilité la tâche et on en arrive maintenant au pire : Manuel Valls a choisi, délibérément de mener une politique de droite, « social-libérale », c’est à dire plus libérale que sociale. Libérale fait penser à liberté, mais pas à égalité. Le libéralisme c’est tout simplement le droit du plus fort, le droit de celui qui a le pouvoir, de celui qui a le savoir, de celui qui a de l’argent, contre ceux qui n’en ont pas. Le droit d’imposer le travail le dimanche, le droit de limiter les salaires, la liberté de licencier sans garde-fous. On comprend que les patrons du CAC 40, d’entreprises de taille intermédiaire et de PME aient fait une ovation, à Manuel Valls, ’’levés en rangs serrés et applaudissant à tout rompre’’.
Cette ’’standing ovation’’, est une énorme gifle au peuple des ouvriers et des salariés qui savent que, en échange, ils n’obtiendront rien. Même pas un emploi. Comme l’écrit un de nos lecteurs : « Jusqu’où irons-nous dans le ridicule ? Adieu, l’Emploi, je ne te distingue même plus ».
Manuel Valls a affirmé que « ce sont les entreprises qui créent les emplois et qui tentent de les sauvegarder malgré une conjoncture morose » mais il a oublié que ce sont les salariés qui créent les richesses et n’en profitent pas, tant est inégalitaire la répartition des plus-values. Demain sans doute Manuel Valls favorisera encore les entreprises, au détriment des salariés.
Comme l’écrivait Baudelaire :
« Quand la terre est changée en un cachot humide / où l’Espérance, comme une chauve-souris, / S’en va battant les murs de son aile timide/ Et se cognant la tête à des plafonds pourris / l’Espoir, vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique / Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir » ..
Signé : BP