Ecrit le 4 février 2015
La Grèce annule la dette de l’Allemagne
Oui, vous avez bien lu mais sans doute avez-vous oublié L’histoire se passe en 1953, l’Allemagne de l’Ouest est très endettée, et même en situation de défaut de paiement. Ses dettes viennent des obligations issues du traité de Versailles de la première guerre mondiale, jamais honorées, des emprunts souscrits par la République de Weimar dont le paiement des intérêts avait été suspendu au début des années 1930, et des emprunts contractés après-guerre auprès des Alliés.
Parmi les créanciers de l’Allemagne : la Grèce, la France, la plupart des pays européens, la Suisse, les États-Unis, le Canada, l’Iran, l’Afrique du Sud ou la Yougoslavie. Et, tous, ils signent un accord à Londres le 27 février 1953 pour effacer plus de la moitié de la dette de la République fédérale. Cela a permis à l’Allemagne de se redresser et de retrouver une bonne santé économique.
Le nouveau premier ministre en Grèce, Alexis Tsipras, s’en souvient et souhaite, cette fois, renégocier la dette de son pays.
Et il va y arriver ! Même si Angela Merkel, la chancelière allemande et Jean-Claude Juncker, président de la Commission Européenne, grincent des dents en faisant de grands moulinets avec les bras ! « En demandant une forte réduction de la dette grecque et en promettant une vague de dépenses publiques, M. Tsipras a lancé le plus grand défi qu’on ait jamais vu à la monnaie unique européenne et, par conséquent, à la chancelière allemande Angela Merkel, elle qui a ouvert la voie, pour le continent, à l’austérité », écrit le journal The Economist.
Et les banquiers, qu’est-ce qu’ils disent ?
Eh bien ils ne sont pas hostiles à cette annulation ! « Cette restructuration est absolument nécessaire. Elle est non seulement nécessaire mais elle est possible », a estimé Matthieu Pigasse, vice-président de la Banque Lazard, en ajoutant « Je pense qu’il faut réduire de moitié la dette détenue par les institutions publiques en Grèce ».
Interrogé sur l’impact d’une telle restructuration pour les citoyens français, le banquier d’affaires a estimé qu’il serait « quasi-nul ». « Cette dette a déjà été émise donc elle est déjà incorporée dans les ratios dette/PIB des pays européens. Comme l’argent a déjà été sorti, cela n’aura aucun impact budgétaire réel (...) Le seul impact est un impact comptable », a-t-il poursuivi. [C’est un peu trop compliqué pour nous, ça ].
Parallèlement à sa demande de réduction de sa dette, le gouvernement grec n’a pas tardé à mettre en œuvre les engagements anti-austérité de Syriza : l’arrêt de la privatisation du port du Pirée a ainsi été confirmée, ainsi que l’arrêt de celle de la compagnie nationale d’électricité, DEI. Le gouvernement Tsipras a également l’intention de faire passer très vite une loi destinée à améliorer le niveau de vie des Grecs, notamment en relevant le salaire minimum et en mettant fin à l’obligation de mobilité dans les services publics imposée par la troïka des créanciers du pays (UE, BCE, FMI). Mesure symbolique, il a annoncé la réintégration des femmes de ménage de l’administration des Finances du pays, mises en disponibilité il y a un an et demi et qui, depuis, avaient installé un campement devant le ministère à Athènes. C’est des mesures comme cela qu’on aurait souhaité voir de la part du gouvernement de Fr.Hollande !
Du coup les banques grecques ont été fragilisées, d’autant plus qu’elles ont dû faire face aux retraits opérés ces dernières semaines par des épargnants inquiets de l’arrivée de Syriza. Mais ce ne sont pas les plus pauvres qui ont, ainsi, retiré de l’argent !
Ecrit le 11 février 2015
La mauvaise graisse
La dette grecque- Quelques chiffres
Fin 2014
- 11 millions d’habitants
- PIB : 180 milliards d’euros
- Dette publique : 320 milliards d’euros (176 % du PIB).
- PIB : chute de 25 % entre début 2008 et fin 2014 (six ans de récession).
Le PIB qui avait diminué de : 3,9 % en 2013 aurait crû (selon le gouvernement d’Antonis Samara) de 1,6 %. Il est vrai que quand on touche le fond, il est parfois possible de remonter un peu mais rien ne dit que l’on pourra atteindre la surface.
Le déficit public serait passé de : 13,5 % du PIB fin 2013 à : 1,6 % du PIB. Le dernier chiffre ne concerne que le déficit primaire (hors intérêts de la dette publique alors que c’est bien là l’un des principaux problèmes). Ce chiffre est, de toute façon, contesté par l’Union Européenne.
Les « plans de sauvetage » de la Grèce
Chiffres : Attac : Autriche (repris par Attac France) : Juin 2013 . Impossible d’avoir d’autres chiffres, la Troïka (BCE, Commission, FMI) entretenant la plus grande opacité sur la destination des fonds soi-disant versés à la Grèce.
Total des « aides » : 207 milliards d’euros depuis mars 2010 en 23 tranches de financement, après vérification que les plans de destruction sociale (les « conditionnalités » disent-ils) aient bien été respectées.
Sont allés à la Finance :
- 58 milliards : recapitalisation des banques.
- 101 milliards : versés aux créanciers de l’Etat grec (essentiellement des banques européennes et Etats-uniennes)
- 1 milliard : contribution de la Grèce au financement du mécanisme Européen de Stabilité. La triste image d’un sauveteur en mer ajoutant un kilo de plomb aux pieds d’une personne en train de se noyer.
- 35 milliards d’euros ont été consacrés au paiement d’intérêts sur les bons du Trésor en attente (du 4e trimestre 2010 au 4e trimestre 2012). Attac ne comptabilise pas ces sommes dans les sommes qui sont allées à la Finance mais c’est pourtant la seule source de financement de la Grèce (en dehors de fonds de la Troïka et des impôts prélevés en Grèce) qui n’a plus accès aux marchés financiers et ce sont les spéculateurs qui achètent ces bons du Trésor. Le taux des bons du Trésor à 3 mois (et donc sans risque véritable) atteignaient 5 %, un pactole pour les banques.
Au total 195 milliards sont allés à la Finance.
L’Etat grec a, par ailleurs, affecté une enveloppe de 10 milliards d’euros au budget de la défense (2010 et 2011) afin de ne pas réduire les dépenses militaires, ce qui aurait porté préjudice aux fabricants d’armes allemands et français. Le budget de la défense grecque s’élève à 4 % du PIB en Grèce contre 2,4 % en France.
c’est donc, au total, 195 milliards d’euros qui sont allés à la Finance et 10 milliards aux marchands de canon. Un total 205 milliards d’euros sur 207 milliards. La Grèce n’en aurait perçu que 2 milliards.
Les prétendus plans de sauvetage de la Grèce étaient finalement des plans de sauvetage de la Finance dont les Grecs n’ont pas vu la couleur.
Ces sommes étaient, d’ailleurs, versées sur un compte spécial, à la demande de N. Sarkozy et d’A. Merkel.
Et si on annulait 40 milliards de dette grecque ? Cela représenterait 10.5 € par an, par adulte résidant en France .