Ecrit le 11 février 2015
30 secondes chauve-souris
L’être humain ne grandira-t-il donc jamais ? Il a su, au fil des siècles, multiplier les modes de torture : la cage de fer, le collier de piques, le crucifiement, l’empalement, le scaphisme, le taureau d’airain, l’écraseur de tête, l’arrachement de la langue, le rat prisonnier, etc. Les civilisations les plus prestigieuses, les religions les plus répandues, toutes ont pratiqué. Les plus récents ? Guantanamo aux USA et Daesh en Syrie. Et je décapite, et je fais brûler vif et je fouette. A la violence en Syrie répondent des exé-cutions capitales en Jordanie. L’être humain n’est pas grand-chose quand des intérêts ’’supérieurs’’ sont en jeu, quand la conquête du pouvoir estime qu’il est nécessaire de conquérir les esprits. La flagellation en public en Arabie Saoudite fait penser aux pendaisons en public dans les camps nazis.
Raif Badawi, 31 ans, animateur du site internet Liberal Saudi Network [définitive-ment fermé] et lauréat 2014 du prix Reporters sans frontières (RSF) pour la liberté de la presse, est emprisonné depuis 2012 et a été condamné en novembre par la justice de son pays, qui applique une vision très rigoriste de la charia (loi islamique), rappelle le quotidien canadien. Badawi a déjà subi 50 premiers coups de fouet le 9 janvier 2015, il devrait encore en subir 950 ! Heureusement l’opinion publique internationale s’en émeut et le châtiment est, pour le moment, suspendu.
« Lorsque le fouet frappe, le sang est chassé des tissus situés sous la peau [...] Les lésions causées aux petits vaisseaux sanguins et cellules individuelles provo-quent un écoulement de sang et de liquide tissulaire à l’intérieur de la peau et des tissus sous-jacents, ce qui augmente la tension dans ces zones », a expliqué un lédecin à Amnesty International. « De nouveaux coups de fouet sur ces zones peuvent provoquer une déchirure cutanée, en particulier sur les parties osseuses du corps. Plus on administre de coups les uns sur les autres, plus le risque que cela ne cause des blessures ouvertes est élevé. Cela est important parce que ces lésions sont susceptibles d’être plus douloureuses et de s’infecter, ce qui occasionne des souffrances accrues sur une période plus longue, l’infection retardant la cicatrisation ».
En Belgique, des militants d’Amnesty diffusent des cris de douleur et des bruits de flagellation en direction de l’ambassade d’Arabie saoudite. Mais celle-ci ne supporte manifestement pas ces bruits et a demandé à la police d’interdire la diffusion de ces cris, qui ne font pourtant que refléter l’horreur de ce châtiment...
On torture aux quatre coins de la planète, dans les cellules obscures de certaines prisons, dans des centres de détention secrets et même au vu et au su de tout le monde. Heureusement, ailleurs, ça se passe mieux. Aux Philippines, les policiers ont inventé une roue, comme au casino, avec de belles couleurs et jouent avec les prisonniers. où s’arrête la flèche ? ’’30 secondes chauve-souris’’ par exemple, c’est sympa : la tête en bas. Ou bien 20 secondes de tabassage ou de suffocation les méthodes de torture manifestent tant d’imagination de la part des hommes, et dans tous les pays du monde, avec le plaisir de faire souffrir ! Stop-Torture, dit Amnesty International, qui a recensé des cas de torture dans 141 pays au cours des cinq dernières années.
Mais comment l’être humain peut-il tomber si bas ?