Écrit le 27 janvier 2016
Des voeux attrape tout
Dans un communiqué, les élus de La Voie Citoyenne (Bernard Gaudin, Marie Humeau, Nelly Boucherie) déclarent :
A Châteaubriant, les voeux du maire se suivent et se ressemblent : une vidéo et un discours où M. Hunault s’approprie tout. Le diaporama énumère pèle-mêle des événements sans autre logique que chronologique. Les initiatives communales, intercommunales, départementales et associatives sont mélangées comme si toutes étaient des actions de la municipalité.
Quelques exemples : on y parle du jardin des Lilas sans nommer l’association Rencontres qui le met en valeur ; on y parle de l’exposition sur l’Egypte au château sans nommer le Conseil départemental ; le département n’est pas non plus cité pour le financement des travaux du nouvel espace maman-bébé géré par la Croix Rouge . On y voit même des événements organisés par des associations qui se sont vu refuser leurs demandes de subventions auprès de la mairie en 2015 comme « le salon bien-être » au Marché Couvert et la « Fête de la soupe » au Jardin des Remparts.
Dans son discours, M. le Maire n’a pas manqué de présenter les nouveaux équipements pour l’année 2016 : le terrain synthétique et l’espace aquatique, réalisés, rappelons-le, par la Communauté de Communes et non la ville.
M. le Maire aurait pu parler de la prochaine réunion publique préalable à la révision du Plan Local d’Urbanisme, des évolutions à venir du Pays de Châteaubriant et des intercommunalités qui nous entourent. Il aurait pu parler de l’accueil de familles réfugiées, comme il s’y était engagé. Mais rien sur ces sujets .
Il aurait aussi pu parler de la diminution continue du nombre d’habitants et d’emplois à Châteaubriant. Mais là , plus difficile sans doute pour M. Hunault d’endosser sa part de responsabilité. [Fin]
Centre Social
[Ndlr 1 : le maire de Châteaubriant n’a pas omis de parler des 400 000 € qu’il a décrochés pour le Dojo. Cette subvention lui avait pourtant été refusée par le CNDS, Centre National pour le développement du Sport. Vexé, le maire a dit, à l’époque, que la ville n’avait pas besoin de cette subvention. Fort bien, c’est noté ! A quoi va donc servir cette somme ? A financer le centre social dont la ville a tant besoin ? A financer une maison des associations ? Chiche !]
Prix Montyon
Le Prix Montyon, décerné par l’Académie Française, a été créé par Jean-Baptiste de Montyon et remis la première fois en 1794 à Françoise Legros pour son rôle dans la libération de Jean Henri, dit Latude.
Le 24 janvier 1892, la municipalité de Châteaubriant a demandé que ce prix soit remis au docteur Chatellier, médecin castelbriantais ’’qui a dépensé au service des Pauvres toute sa fortune et continue, malgré son grand âge, à leur donner chaque jour des soins qui ne sont point rémunérés’’. Rappelons qu’Ã cette époque les médecins se déplaçaient le plus souvent à pieds (voire à cheval).
Ecrit le 27 janvier 2016
Dites-moi pas que c’est pas vrai
Article du Quotidien du Peuple, Janvier 2051, en direct de Châteaubriant - France
Le sieur Alain Hunault vient de lancer sa 50e cérémonie des voeux pour la nouvelle année en tant que maire-président de Châteaubriant. Record de longévité pour ce type d’agglomération. Effectivement, au début des années 2000 - en 2001 pour être précis, année de son élection - Châteaubriant n’était qu’une petite bourgade plutôt sur le déclin. La métropole Nantes-Rennes-Phare de l’Ouest n’existait pas encore. La population de Châteaubriant déclinait, son industrie dépérissait, la France et ses 36 000 communes vivaient encore au Moyen-âge de l’évolution.
Aujourd’hui, l’agglomération de Châteaubriant compte environ 50 000 habitants dans une enclave de la métropole Nantes-Rennes-Phare de l’Ouest. C’est une grande maison de retraite encore verte et très tranquille. Alain Hunault a su jouer sur son conservatisme absolutiste :
- - des caméras à chaque coin de rue pour commencer,
- - puis une brigade citoyenne pour continuer.
Toutes les forces vives ont quitté le territoire. Seuls sont restés les vieux qui voulaient vivre leur retraite tranquille. Les seuls jeunes présents maintenant sur le territoire travaillent dans les maisons de retraite qu’on trouve à tous les coins de rue.
Ce soir, pour les voeux, la Halle de Béré accueillait plus de 2000 personnes (moyenne d’âge de 90 ans). Dans l’entrée pour le traditionnel serrage de pinces à M’sieur not’bon Maire comme certains disent encore ici, les discussions tournent autour des progrès des nouvelles prothèses en tout genre permettant à ces vieux de courir comme à leurs 40 ans.
D’autres échangeaient tout de même sur les difficultés d’élever les nouveaux robodroïds. Échange entendu ce soir : Il m’a dit : « Plein le cul de ta vaisselle la vieille, j’me casse, j’vais m’en jeter une à la Bodega ! » Cette fameuse Bodega est un des rares endroits où les jeunes et les robodroïds peuvent encore s’amuser tant que la Brigade Citoyenne ne déboule pas pour tabasser tout ce joli monde. Les jeunes et les robodroïds n’étaient pas présents à la cérémonie des voeux ...
Est-il possible de trouver une voix dissonante au milieu du concert de louanges à la gloire d’Alain Hunault ? Pas dans sa garde rapprochée en tout cas ! Catherine Ciron, toujours présente et pimpante (la chirurgie esthétique est passée par là , elle a dépassé les 85 ans tout de même !) n’en finit pas avec ses « Alain » par ci et « Alain » par là Pas possible de trouver la moindre opposition lors de la cérémonie de voeux.
Nous avons donc enquêté et retrouvé Josette Patate* (*le nom a été modifié à sa demande afin qu’elle continue à profiter de sa retraite tranquille) dans une des maisons de retraite. Elle a écrit pendant près de 50 ans dans un journal associatif crypto-gauchiste selon Alain Hunault : « C’est incroyable que les gens puissent encore faire confiance à ce personnage. Dès tout jeune, il avait une attitude de vieux c... alors maintenant, vous imaginez. Mais bon à bientôt 110 ans, ce n’est plus à moi d’aller le combattre ! Vous allez voir qu’il va nous raconter ce soir la même chose que les 49 précédentes... » . Josette s’est arrêtée là pour retourner à la lecture d’un livre d’histoire, sa passion favorite.
Dans l’équipe soignante, nous avons demandé si certains savaient ce qui allait être dit ce soir. Une des jeunes de l’équipe a accepté de nous parler à l’abri des caméras et robodroïds qui peuvent être programmés pour tout enregistrer alentour...
« C’est d’un chiant, ces cérémonies ! Mes parents m’obligeaient à y aller quand j’étais petite ! Vous passez d’abord plus d’une heure à faire la queue avant de lui serrer la main qu’il a toute molle... » . Et de nous montrer en riant la patte molle du Maire ! Effectivement, c’est désagréable. Alix* (le prénom a été modifié) continue : "Ensuite, vous entrez dans la salle et tentez de trouver une place assise. Vous attendez encore ... Puis l’équipe de Not’Bon Maire monte sur le podium et lance le film de l’année passée. C’est un gloubi-boulga de tout ce qui s’est passé. Par exemple : chaque année, on bat le record du nombre d’entrées à la patinoire. La population augmente toujours même si des fois elle baisse ... Puis Not’Bon Maire prend la parole sur un ton mou pour annoncer les nouvelles de l’année qu’il a déjà annoncées au moins 3 ou 4 fois les années précédentes’’.
’’Et puis, le clou du spectacle : tous les vieux se jettent sur la galette et les coups à boire. Pour les 40 ans de mandat de Not’Bon Maire, il y a eu 5 morts écrasés par la foule mais l’affaire a été étouffée : on a dit qu’ils avaient fait un malaise. Donc, attention à vous, vous pouvez rester debout dans le fond, mais pas trop près des tables car vous risquez l’écrasement !"
Sur ce, Alix éclata d’un grand rire frais !
Nous avons voulu vérifier ses dires en nous rendant à la cérémonie des voeux. Pour éviter les répétitions, nous pouvons dire qu’Alix avait tout bon ! Tout s’est passé comme elle l’avait dit, exactement. Nous avons souhaité retourner la voir pour comprendre le secret de cette immuable cérémonie. Alix nous a déclamé avec un joli clin d’Å“il : « Vous avez vu le bordel qui nous entoure depuis des années ! Ici, les gens sont rassurés : rien ne change, rien ne bouge ». Que la vie est belle à Châteaubriant ! Rendez-vous dans 10 ans en 2061 pour la suite.
Lulu Topie
Grand Reporter
pour le Quotidien du Peuple