Ecrit le 25 janvier 2017
Trafic de chocolat
L’Obs du 17/01 : Businessman un jour, businessman toujours Condamné en 2009 à 150 ans de réclusion criminelle pour une des plus grandes escroqueries de l’histoire américaine, Bernard Madoff s’est reconverti, en prison, dans le trafic de chocolat en poudre.
Emprisonné dans l’État de Caroline du Nord, l’escroc le plus connu du monde aurait en effet fait main basse sur l’ensemble du chocolat en poudre de la prison, assure le journaliste Steve Fishman : « Il a acheté tous les produits de la marque Swiss Miss à l’intendant de la prison, pour les revendre plus cher dans la cour de la prison. Il a monopolisé le chocolat chaud. Il a fait en sorte que, pour en avoir, il faille passer par lui ».
Selon le journaliste, Bernard Madoff serait devenu une figure incontournable de la prison, voire un « héros », son escroquerie à plus de 65 milliards de dollars imposant de fait le respect. Ses codétenus chercheraient même à obtenir de sa part de précieux conseils financiers. « Il a volé plus d’argent que n’importe qui dans l’histoire et, au regard des autres voleurs, cela fait de lui un héros », explique, le journaliste.
Une fascination qui dépasse les frontières de la prison : un téléfilm, inspiré du livre de la journaliste Diana Henriques, « The Wizard of lies : Bernie Madoff and the death of trust », sera diffusé en mai aux États-Unis. Bernard Madoff sera interprété dans ce biopic par... Robert De Niro, tandis que Michelle Pfeiffer jouera la femme du condamné.
Violences domestiques
L’Humanite.fr du 18/01 : En 1917 en Russie, les révolutionnaires d’Octobre avaient conquis le droit à l’avortement, l’accès des femmes à toutes les responsabilités, à tous les métiers et instauré sanctions pour les auteurs de violences au sein de la famille. Cent ans plus tard, au nom de la « tradition familiale », le 12 janvier 2017, 368 députés russes sur 370 ont voté en première lecture, un projet de loi visant à dépénaliser les violences domestiques.
La députée Yelena Mizulina, présidente très conservatrice du comité sur la famille et les affaires féminines à la Douma porte haut et fort le projet de loi qui prévoit de ne plus juger les violences domestiques (y compris sur les enfants) comme un crime puni par le code criminel de peines pouvant aller jusqu’Ã deux ans de prison, mais comme une simple infraction, qui exposerait son auteur à une amende, au pire à des travaux d’intérêt général et à une possible légère peine de prison. []
Les violences conjugales en Russie ont fait l’objet d’une étude chiffrée en 2015 qui révèle que près de 36 000 femmes subissent quotidiennement la brutalité de leurs compagnons de vie, tandis que 26 000 enfants sont agressés par leurs parents tous les jours. Au pays de Vladimir Poutine, 40% des crimes graves seraient commis au sein de la sphère familiale. Une « tradition familiale » que les conservateurs veulent protéger pour préserver « l’autorité » patriarcale [] en accord avec l’Église Orthodoxe qui opère un grand retour en force.
Un seul parlementaire sur 370 à la Douma a osé voter contre ce projet. Le texte est désormais entre les mains des Parlementaires de la Chambre Haute qui peut choisir de l’approuver à son tour, ou de le rejeter. Le dernier mot peut revenir au président Poutine, dont il est désormais visible qu’il inspire les courants de droite dure et extrémistes d’Europe.
Jeu de dames : Fillon joue NKM contre Dati (Dessin Leplacide.com)
Indécence
Latribune.fr du 16/01 : Avant l’ouverture du Forum de Davos, Oxfam s’attaque aux inégalités. L’ONG fustige le fait que huit personnes sur la planète détiennent autant de richesse que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. « Il est indécent que tant de richesses soient concentrées dans les mains d’une si infime minorité, quand on sait qu’une personne sur dix dans le monde vit avec moins de 2 dollars par jour », affirme la porte-parole d’Oxfam France, Manon Aubry. Pour la France, le constat est quasiment identique : 21 milliardaires possédaient autant que les 40% les plus pauvres de la population française en 2016.
Le rapport, intitulé « Une économie au service des 99% », dévoile « comment les grandes entreprises et les individus les plus riches exacerbent les inégalités, en exploitant un système économique défaillant, en éludant l’impôt, en réduisant les salaires et en maximisant les revenus des actionnaires ». Selon l’ONG, à ce rythme, le premier « super-milliardaire » du monde « pourrait voir son patrimoine dépasser le millier de milliards de dollars dans 25 ans à peine ». Pour dépenser cette somme, il faudrait « débourser un million de dollars par jour pendant 2.738 ans », souligne-t-elle.
Les huit personnes les plus riches : l’Américain Bill Gates (fondateur de Microsoft dont le patrimoine est estimé à 75 milliards de dollars), devant l’Espagnol Amancio Ortega (Inditex), Warren Buffet (PDG et premier actionnaire de Berkshire Hathaway), le Mexicain Carlos Slim (Grupo Carso), Jeff Bezos (fondateur et PDG d’Amazon), Mark Zuckerberg (PDG et cofondateur de Facebook), Larry Ellison (cofondateur et PDG d’Oracle) et Michael Bloomberg (fondateur et PDG de Bloomberg LP). []
En s’appuyant sur de « nouvelles données plus précises sur la répartition de la richesse dans le monde », l’ONG appelle les gouvernements à réagir et à se tourner vers une économie plus centrée sur l’humain. « Quand les responsables politiques arrêteront d’être obsédés par le PIB et se focaliseront sur l’intérêt de l’ensemble de leurs citoyens, et non seulement d’une élite, un avenir meilleur sera possible pour toutes et tous », assure Manon Aubry.
Contrôles au faciès
Le Figaro.fr du 20/01 : « 80% des personnes correspondant au profil de »jeune homme perçu comme noir ou arabe« déclarent avoir été contrôlées dans les cinq dernières années », souligne l’étude du défenseur des droits Jacques Toubon sur les contrôles d’identité. Pour l’ensemble de la population, seulement 16% des personnes déclarent avoir été contrôlées durant la même période ; cette proportion atteint près de 40% parmi les jeunes de 18-24 ans.
Les jeunes hommes « perçus comme noirs ou arabes » ont « une probabilité 20 fois plus élevée que les autres d’être contrôlés ». Ils vivent, de plus, « des relations plus dégradées avec les forces de l’ordre » que l’ensemble de la population.
Pour la majorité des personnes interrogées, les relations avec la police sont satisfaisantes puisque 82% d’entre elles affirment faire confiance à la police. Les jeunes, dans leur ensemble, témoignent de « relations plus dégradées avec les forces de l’ordre » que les autres. Ils rapportent davantage avoir été tutoyés ou brutalisés lors du dernier contrôle qu’ils ont vécu.
Autre constat : « Les personnes déclarant des manquements à la déontologie professionnelle lors des contrôles engagent très rarement des démarches pour faire reconnaître cette situation (5%) », principalement parce que ces démarches sont jugées inutiles.
Le défenseur des droits, Jacques Toubon, recommande une nouvelle fois la mise en place d’une traçabilité des contrôles afin de permettre aux personnes s’estimant victimes de discriminations ou de manquements à la déontologie d’exercer des recours. La traçabilité des contrôles permettrait aussi, à terme, d’évaluer leur efficacité, selon le défenseur.
Jacques Toubon souhaite par ailleurs « être associé à l’expérimentation, prévue par la prochaine loi relative à l’égalité et à la citoyenneté, de l’enregistrement audio-visuel systématique de chaque contrôle d’identité ».
Cette enquête intervient alors que le Conseil constitutionnel se prononcera mardi sur une question prioritaire de constitutionnalité relative à la question des contrôles d’identité discriminatoires.