Ecrit le 9 août 2017
Trop sophistiqué
Le Point.fr du 02/08 : Depuis le mois de mars, la hiérarchie des ex-Renseignements généraux parisiens se heurte à un casse-tête. Comment marche l’IMSI-catcher acquis pour près de 15 000 euros ? L’engin se transporte et identifie tous les numéros de téléphone qui se situent dans son rayon. Certains sont dissimulés dans des sacs à dos des fonctionnaires du renseignement. D’autres épousent la forme du vêtement. L’IMSI-catcher ne cible pas uniquement un suspect ou son entourage, mais toutes les personnes qui se trouvent dans son rayon d’action. Selon le niveau de technologie, il peut également capter des conversations.
La DRPP a choisi de s’adresser à un fournisseur ne travaillant pas habituellement avec les services de renseignements français. Cette volonté de trouver une filière d’approvisionnement différente des prestataires déjà connus et éprouvés semble avoir été fatale aux renseignements parisiens. Le service n’a pas pu trouver de fonctionnaires aptes à faire marcher ce nouveau matériel. La DRPP a dû prévoir, avec l’aide du vendeur, une session de formation en septembre-octobre à certains fonctionnaires volontaires.
Autrefois utilisé illégalement en France par les services, la loi de 2015 a légalisé l’utilisation de l’IMSI-catcher, malgré la mise en garde des organisations de défense des droits de l’homme et de la Cnil .
La DRPP et la préfecture de police se sont refusées à tout commentaire.
Le ver est dans la pomme
Le Canard enchaîné du 02/08 : chez Apple, la plus grosse entreprise cotée en Bourse, le calcul a été vite fait. Mieux vaut collaborer avec la police politique chinoise que risquer de se priver d’un milliard de consommateurs. Pour faire plaisir à pékin, qui veut « nettoyer l’Internet chinois », la firme vient de retirer de tous ses iPhones et ordinateurs vendus dans le pays une application permettant d’échapper à la censure sur la Toile en se connectant à l’étranger.
« Penser différemment » comme le dit le slogan d’Apple, oui, mais pas trop différemment des autorités chinoises. c’est plus rentable !
Un stage en or
Le Canard enchaîné du 02/08 : la maire du VIIè arrondissement de la capitale, Rachida Dati, est à la recherche d’un(e) étudiant(e) de Sciences-Po Paris pour l’épauler dans ses missions d’édile durant quatre mois à partir de septembre. L’offre de stage, déposée le 12 juillet sur le site de Sciences-Po service carrières, précise que, pour postuler, le jeune doit être doté d’« un très bon esprit d’analyse et de synthèse », tout comme d’« un très bon esprit rédactionnel ».
Le stagiaire a en effet intérêt à avoir la tête bien faite : il devra non seulement participer « Ã la définition et à la mise en œuvre des projets du maire », s’assurer du « suivi des dossiers à fort enjeu stratégique et politique », mais aussi gérer l’ « interface entre la mairie d’arrondissement et les services de la Ville de Paris ».
Mais l’étudiant choisi par Rachida Dati ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Il aura également pour tâche de rédiger l’ « ensemble des documents préparatoires aux deux assemblées parisiennes (fiches de synthèse, interventions, voeux) », le conseil d’arrondissement et le Conseil de Paris. Sans oublier de répondre aux courriers du maire, d’accompagner le « pilotage des actions de démocratie participative » et de réaliser « une veille sur l’actualité politique de Paris ».
Si, en plus, l’heureux élu peut faire le ménage avant de partir et donner un petit coup de peinture à son bureau, il n’aura pas volé ses 546,01 euros par mois.
Abolir les privilèges
L’Obs du 25/07 : Un président, on le sait, ça coûte cher. Un président à la retraite aussi. Une réalité souvent décriée, rarement corrigée. Mais cette fois Danièle Obono, députée La France insoumise, compte bien faire bouger les choses : elle vient de déposer un amendement proposant d’abroger les avantages des ex-chefs d’Etat. Au moment où le gouvernement entend faire des économies en réduisant de 5 euros par mois les APL, la proposition de Danièle Obono devrait en réjouir plus d’un et... en fâcher d’autres.
L’amendement n°185 déposé par la députée LFI prévoit de dépasser ainsi les « mesurettes » proposées dans le projet de moralisation de la vie publique du gouvernement. Cet amendement dresse la liste de ces avantages. Et ils ne sont pas des moindres Par exemple un chef d’Etat à la retraite peut, pendant les cinq années qui suivent la cessation de ses fonctions, disposer de sept collaborateurs permanents et de deux agents de service.
A leur départ du palais présidentiel, les ex-présidents ont également le plaisir de bénéficier de « locaux meublés et équipés, dont le loyer, les charges et les frais généraux sont pris en charge par l’Etat ». Les ex-présidents ont le notamment le luxe, depuis plus de 20 ans, de profiter « d’une prise en charge de leurs déplacements en France et à l’étranger sur l’ensemble des réseaux publics ferroviaires, aériens et maritimes, dans la meilleure classe ».
En plus de ces avantages matériels, l’article 19 de la loi n° 55-366 du 3 avril 1955 octroie aux présidents de la République une retraite plutôt confortable Chaque mois, un ex-chef d’Etat touche environ 6.000 € en vertu de ses anciennes fonctions présidentielles. Une coquette somme à laquelle vient s’ajouter une dotation mensuelle de 14.400 euros bruts (perçue en qualité de membres à vie du Conseil constitutionnel).
Ainsi, sur une année un ex-président coûte plus de 240.000 euros aux contribuables. Sachant qu’il y a quatre anciens dirigeants encore en vie (Valéry Giscard-d’Estaing, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande), le montant annuel s’élève à près de 980.000 euros.
Une note salée pour le Trésor public, qui ne prend pas en compte les frais engendrés par les dépenses annexes, comme le coût du logement de fonction, du personnel de cabinet ou encore du remboursement de leurs frais de déplacements. Ainsi, au total, Valéry Giscard d’Estaing coûte à l’Etat 2,5 millions d’euros par an, selon le député PS René Dosière, Nicolas Sarkozy 2,2 millions d’euros et Jacques Chirac 1,5 million d’euros.
En 2016, un chiffrage officiel avait déjà été réalisé à ce propos. Commandé par François Hollande et réalisé par les présidents de la Cour des comptes et du Conseil d’Etat, Didier Migaud et Jean-Marc Sauvé, ce rapport chiffrait, lui, les dépenses allouées aux présidents retraités à ... 10,3 millions d’euros par an.
François Hollande, avait pourtant bien essayé d’aller dans le sens de Danièle Obono, en diminuant, entre autres, la durée des avantages matériels. Un décret du 5 octobre 2016, a fait baisser de 7 à 3 le nombre de collaborateurs permanents, au bout de 5 ans, ou encore exiger les justificatifs des déplacements en lien avec l’activité d’ancien président de la République.
Mais, pour la députée de La France Insoumise, ces timides avancées ne sont pas suffisantes. Elle écrit, dans son amendement : « Ces mesures nous semblent relever du pouvoir réglementaire au nom de la séparation des pouvoirs, [...] le Parlement peut toutefois agir sur la dotation annuelle indue qui est versée aux anciens présidents de la République. »
Et d’ajouter : « Il apparaît hors de propos que ces anciens présidents puissent disposer de tels avantages indus une fois leur mandat achevé. »