Grappillages du 2 février 2005
Adieu, beaux rêves !
De Politis, du 6 janvier 2005, à propos de la crise de la presse : « Il y a lurette que Libération a fait son deuil des convictions révolutionnaires de ses débuts. N’empêche que de voir le quotidien ex-maoïste fondé par Sartre se faire renflouer par un héritier Rothschild rend songeur plus d’un lecteur de la première heure ». « Quand on songe aux beaux rêves des hommes de la Résistance, qui pensaient avoir aboli le temps des »maîtres de forges « et de follicules asservis à l’argent, c’est à pleurer », dit Bernard Langl0is.
Dix sur 448 !
Politis du 20.01.2005 (et Libération du 15.01) reprennent les propos de Raffarin pour qui le texte sur la Constitution européenne « exprime nos valeurs, il ne compte pas moins de 10 articles consacrés aux aspects sociaux ». Ce cher Raffarin a encore perdu une occasion de se taire : 10 articles sur 448, cela fait une petite valeur.
Emballeurs
Selon Sciences et Avenir de février 2005, « une étude épidémiologique concluait à un risque accru de développer un lymphome malin pour les personnes résidant à proximité de l’incinérateur d’ordures ménagères de Beançon. Saisi, le Comité de prévention et de précaution incite le gouvernement à réduire les déchets à la source, renforcer la réglementation et le contrôle des incinérateurs ». Il faudrait au moins pour cela contraindre les industriels à réduire les emballages et mener une campagne auprès des clients.
Nano
Les « nanotechnologies » sont à la mode. Selon Armand Ajdari cité par Sciences et vie (hors série n° 229), « le préfixe »nano« est partout. Il y a d’ailleurs une déplorable tendance à le coller à des recherches qui, pour certaines, existaient déjà avant et affichent l’étiquette »nano« à des fins récupératrices ». Le nanomètre est d’une toute petite dimension : un millimètre divisé par un million ! Les nanotechnologies permettent de réaliser des objets compliqués à des échelles toujours plus petites (c’est le cas des téléphones portables). Il existe par exemple une horloge atomique, pas plus grande qu’un grain de riz, qui donne l’heure exacte pendant un temps infini (elle perd une seconde tous les 300 ans !). Pour la « petite » histoire, Sciences et Vie a interrogé le directeur du laboratoire de physico-chimie théorique de l’école supérieure de physique et chimie industrielles de Paris. Ce personnage, ancien élève du lycée Guy Môquet, est ... l’un des fils de Martine Buron ! voir plus loin
Tueur invisible
Markos Kyprianou, commissaire européen responsable de la santé et de la protection des consommateurs, demande que la santé mentale soit élevée au rang des priorités politiques en Europe. « Le tueur invisible de l’Europe » fait 58 000 victimes en Europe, par suicide ou automutilation, plus que les accidents de la route (50 700 décès annuels) et les meurtres (5 350 victimes). Le rapport « Le point sur la santé mentale dans l’Union européenne » dresse de la France un bilan sans concession : bien-être mental faible, détresse et maladies psychologiques importantes tout comme le taux de suicide et d’alcoolisme. Les personnes sans emploi ont un risque plus important de détresse psychologique que dans les autres pays. La bonne « gouvernance » à la mode raffarinesque ne s’accompagne pas de bien-portance !
Egalité, Fraternité !
De Marianne du 8 janvier 2005 : « le bilan des désastres naturels, à égale intensité, s’établit différemment selon qu’ils se produisent au Nord ou au Sud. Un cyclone qui fait 20 morts et coûte 16 milliards en Floride, fait 300 000 victimes et coûte 2 milliards au Bangladesh. Il existe un cycle infernal et vicieux du sous-déve-loppement. Plus un pays pauvre est touché, plus il s’appauvrit et moins il dispose de moyens pour sortir de la crise ». Tous égaux, quoi ! Du moins en principe.
Élémentaire... !
Toujours de Marianne, et de Alain-Dominique Perrin, ex-patron du groupe Richemont (deuxième groupe de luxe mondial) et des montres Cartier, « le luxe n’est pas un marché de masse ». En effet, et c’est ce qui le distingue de la misère.
Prix du mépris
Chaque année des « Big Brother Awards » (award=récompense) sont attribuées aux institutions, sociétés ou personnes s’étant distinguées par leur mépris du droit fondamental à la vie privée ou par leur promotion de la surveillance et du contrôle des individus. Les BBA France 2004 ont été décernés le 21 janvier 2005, jour anniversaire de la mort de Georges Orwell. Comme à l’accoutumée, aucun des Big Brother « récompensés » n’est venu chercher son prix - ils y avaient pourtant dûment été conviés.
Le prix spécial du jury a été décerné à Philippe Douste-Blazy, ministre de la Santé, qui a lancé le dossier médical partagé (DMP) , « autorisant l’informatisation et la centralisation des données médicales de chacun, le tout sous contrainte de pénalités financières. La loi prévoit également une pénalité pour les professionnels de santé qui refusent de remplir le DMP. Au total, plus de 60 millions de dossiers médicaux seraient consultables sur internet, accessibles via un identifiant unique qui permettrait de retrouver toutes les données d’un patient ». Une société d’assurances pourra toujours exiger de voir le dossier de ses clients potentiels ou, à défaut, de leur refuser une couverture !
http://www.bigbrotherawards.eu.org
Facture & fracture !
Selon Marianne du 8 janvier : " Chirac s’est fendu d’un cadeau pour les sous-smicards qui, avec 5 % d’augmentation, rattraperont les smicards au 1er juillet 2005. A cette date tous les employeurs de smicards auront droit à l’abattement de charges à hauteur de 26 % du SMIC brut, réservé jusque là aux entreprises appliquant les 35 heures.
– 5 % pour les salariés,
– 26 % pour les employeurs
– La fracture sociale se réduit ".
– L’important c’est d’y croire
Santé à tous prix
De l’Humanité du 24 janvier 2005 : « déjà aujourd’hui, en raison de la désertification médicale, un rendez-vous chez le spécialiste c’est entre 3 et 6 mois. Avec la réforme, les spécialistes donneront un rendez-vous en trois jours si le patient vient en accès direct et peut y mettre le prix. S’il est envoyé par son médecin traitant, il attendra » dit le docteur Yves Vier, généraliste.
Le blanc des yeux
Selon Sciences et Avenir de février 2005, la peur agrandit la taille du blanc des yeux, ce que perçoit très bien une personne extérieure, grâce à son amygdale, une petite structure en forme d’amande logée dans le globe temporal.
Ecrit le 9 février 2005 :
Grappillages du 2 février 2005
démocra’sseux
De Marianne, du 15 janvier 2005 : « Aux USA, l’avocat du Soldat Graner, jugé pour le scandale de la prison irakienne où les prisonniers étaient empilés nus, a déclaré : »partout aux Etats-Unis, les majorettes forment des pyramides. Ce n’est pas de la torture, c’est une technique de contrôle« ». A force de banaliser n’importe quoi on finit par tout trouver « normal » . On s’étonnera ensuite du manque de sens moral de la jeunesse.
Sinistrose Magazine
De Marianne encore : « Les lecteurs du Figaro sont unanimes : pas de taxe sur les transactions financières pour venir en aide aux populations sinistrées de l’Asie du Sud ». Un lecteur a eu une idée géniale : « Pourquoi ne pas taxer, par solidarité, les salariés de la SNCF qui bénéficient de billets gratuits ». C’est vrai ça !
Cruciverbistement
La politique se niche partout, même dans les mots croisés. Le Monde a proposé cette définition : « En deux lettres : a su éviter le piège du non ». La réponse était : PS. Mais pourquoi la question n’était-elle pas : « n’a pas su éviter le piège du oui ? »
SDF
De Marianne toujours : Au Parti socialiste, François Hollande innove : pour compenser la perte des CDI (camarades à durée indéterminée), on fait appel à des CDD (camarades à durée déterminée ". Ce qui renforce la tendance au SDF (socialisme à doctrine fluctuante).
Lettres persanes
De Politis encore : « les femmes vont pouvoir se présenter à l’élection présidentielle de juin, en Iran » Dans un premier temps le Conseil des Gardiens avait dit que ce n’était pas possible, puisque, selon la constitution, le président doit être choisi parmi les « rejal » politiques et religieux. Or le mot « rejal » veut dire homme en arabe. Oui mais il veut dire personnalité en persan. C’est donc ce dernier sens qui a été retenu. Vivent les femmes et le persan !
5 km : le piège !
De Politis, du 2701.2005 à propos de la loi de régulation postale discutée au Parlement Français le 21 janvier : « le gouvernement veut garantir un point de contact postale dans un rayon de 5 km ». Bravo ...... sauf que cette disposition permet en réalité d’effacer 3000 bureaux ! Il ne resterait que 14 000 bureaux sur les 17 000 promis par Raffarin . La fin du service postal de proximité.
Pauvreté criminelle
De Politis toujours : Des femmes originaires de Roumanie mendiaient pour nourrir leurs enfants. Elles ont été arrêtées et poursuivies en correctionnelle pour privation de soins à enfant. Selon le collectif « Romeurope » , ceci met en lumière « l’hypocrisie de la répression sécuritaire qui, sous couvert de défendre l’enfance en danger, vise à criminaliser la pauvreté et à autoriser implicitement toutes les formes de harcèlement policier ». C’est de la répression pénale comme mode privilégié de régulation sociale
Dame de fer
Du Point, du 27.01.2005 : « Lourdement endettée, le Parti Conservateur britannique va mettre aux enchères, le 7 février, un portrait de Margaret Tatcher. Les dirigeants espèrent obtenir 150 000 € pour ce tableau ». Ils confondent Dame de Fer et Bijou de Famille ?
Plume plume tra la la
De BRN (bastille République Nation) du 18 janvier 2005 : « 340 000 euros ont été budgétés [par le Parlement européen] pour l’événement : la pose d’un visuel grand format sur la façade du parlement, composé d’un jeu graphique de mots clés issus de la Constitution (...) Ce visuel servirait d’écran pour projeter dessus, un »YES« lumineux dans toutes les langues, visible de l’extérieur » . Il s’agit bien sûrde la campagne « d’information approfondie » sur la Constitution européenne. Près de 200 journalistes, tous frais payés, ont été invités somptueusement, et plus particulièrement les « Grandes plumes » et les « Grands Penseurs ». Tout ça pour une propagande unilatérale en faveur du oui. En Europe on a le droit de penser ... à condition de penser « bien » !
Le travail, c’est pas la santé !
Du Point, encore : dans son livre « les désordres du travail », Philippe Askenazy, chercheur au CNRS constate « une véritable épidémie de troubles musculo-squelettiques. Il explique aussi que, si les entreprises françaises avaient le même niveau de prévention que leurs homologues américaines, 600 accidents par jour seraient évités et qu’une vie serait sauvée tous les trois jours . Or cela a un prix : les 2000 accidents du travail, par jour, coûtent à la collectivité 3 % de la richesse nationale » . Trois pour cent ! Si au lieu de travailler comme des bêtes, les salariés pouvaient travailler en toute sécurité, nous serions tous plus riches !
Trop bon, M. Bon !
Du Point encore : « Michel Bon, quand il présidait France-Telecom, ne gagnait pas 250 000 euros par an, comme il le faisait savoir, mais 630 000 grâce aux jetons de présence qu’il détenait dans le sfiliales à l’étranger ». France-Telecom devrait supprimer 8000 emplois dans le monde en 2005 dont 5500 en France.
Stress
Selon des chercheurs de Harvard, enquêtant auprès de 54 000 infirmières aux USA, « les grands-mères qui gardent leurs petits enfants régulièrement, plus d e 9 h par semaine, ont beaucoup plus de maladies coronariennes que les autres : le surcroît de maladies cardiaques est de 55 %. La cause : le stress plus que la fatigue ».
Émotionnel Show
De Courrier International du 20 janvier 2005 et du New York Times : « Six ans après le passage de l’ouragan Mitch, les Honduriens sont amers. L’argent promis par les pays étrangers n’est jamais arrivé, les ONG sont reparties et la reconstruction des villages n’est toujours pas achevée ». L’émotion, surtout quand elle est médiatisée, est un plat qui se consomme chaud : en refroidissant il se dessèche.
Répulsif musical
De The Economist (Londres) et du Courrier International : « la chaîne Co-op diffuse depuis peu de la musique classique à l’extérieur de ses points de vente pour empêcher les attroupements de jeunes qui intimident ses clients (...) Mozart et Pavarotti s’avèrent des répulsifs particulièrement efficaces ». Au Danemark, dès qu’on diffuse des marches militaires, le nombre de toxicomanes squattant les ascenseurs, diminue. Après tout, c’est une forme de dissuasion plus sympathique que la présence de policiers. Reste à savoir si, comme dans les quinzaines commerciales, les habitants riverains n’en ont pas les oreilles cassées.
Grappillages du 16 février 2005
Contamination sélective
De New Scientist (Londres) et du Courrier International : les USA, à la pointe du progrès, réfléchissent à la fabrication « d’armes susceptibles de perturber la discipline et le moral des troupes ennemies, produits chimiques de harcèlement, de nuisance et d’identification des méchants ». On y trouve des produits aphrodisiaques qui donneraient aux soldats un attrait irrésistible les uns pour les autres. Des armes chimiques susceptibles d’attirer des essaims de guêpes ou des troupes de rats sont imaginées, de même que des produits causant une mauvaise haleine intense et durable et permettant ainsi de repérer tout guérillero tentant de s’infiltrer sur la population. L’étude ne dit pas comment les produits voudraient bien se limiter à contaminer les « méchants » .
Cordonnier, mal chaussé
De Ouest-France du 4 février 2005 : « les pickpockets de Dakar n’ont pas froid aux yeux mais ont les mains dans les poches des autres, même dans celles des gardes du corps du président Chirac, en visite au sénégal. Au moins deux membres du service de protection des hautes personnalités ont été dépouillés de leurs objets personnels ». Ils étaient gardes du corps et pas gardes des biens.
Courage, fuyons !
Selon l’Humanité du 7 février 2005 : « Depuis septembre 2004, trente-six personnalités partisans du » oui « au projet de constitution européenne sont passées à l’émission Question Directe sur France Inter, sur 41 invités politiques. Cette proportion, à peu de choses près, est observable pour les grandes émissions politiques radiophoniques ou télévisées ». Les partisans du OUI sont si sûrs d’eux qu’ils craignent d’entendre les arguments du NON ?
Barbarie pensante
De l’Humanité encore : « La photographie des élèves d’une classe de troisième du Collège Evariste Gallois, à Sevran, a été détournée pour être mise sur le site internet de SOS France, né sur les cendres de SOS Racaille ». Ces élèves français, d’origines et de couleurs différentes, remarqués pour leur travail sur la Résistance et la déportation, ont été le prétexte, bien malgré eux, d’un déchaînement de haine raciale et d’apologie du crime. On nie d’abord les chambres à gaz, puis on pousse à l’extermination des non-blancs !
Justice des primes
De l’Humanité toujours : « La prime au rendement existe depuis deux ans à la Cour de Cassation. Dans ce temple du conservatisme, les magistrats du Syndicat de la Magistrature ont décidé de remettre leur prime de janvier au GISTI (groupe d’information et de soutien des immigrés), pour protester contre le système des primes qui provoque » un climat délétère dans la juridiction où les uns, qui estiment n’avoir pas démérité, jalousent les autres qui bénéficient d’une prime plus élevée ". Sur quels critères objectifs se basent ces primes ? Sur le nombre d’hommes politiques de droite qui échappent à la justice ?
Analyse avortée
Du Monde du 6 février 2005 : « Pour la première fois dans sa longue histoire, le monde a les moyens techniques, humains et financiers d’éradiquer la faim sur la planète. Il ne s’agit que de le décider. Et ce n’est pas cher : 50 milliards de dollars, bien moins que les 80 milliards de surcoût de la guerre en Irak demandés par Georges Bush au Congrès pour un an ». Le chroniqueur en tire cependant une constatation hâtive : il n’est point besoin de « la célèbre taxe sur les flux de capitaux ». C’est étrange de voir le quotidien vespéral des marches (comme dit PLPL) défendre avec tant d’acharnement les gros profits boursiers.
Budgets franco-extensibles
Du Courrier International (et de Handelsblatt de Düsseldorf) : « 1,2 milliards : c’est ce que l’appréciation de l’euro a coûté à la Banque centrale européenne ». Les réserves monétaires de la BCE étant en effet constituées pour l’essentiel de dollars et de yens, face auxquels l’euro a gagné près de 30 % en un an, il n’est pas étonnant qu’elle se retrouve dans le rouge. « La solution : se défaire de ses réserves. Mais la BCE est née en 1998 et ses réserves sont encore maigres. Ce sont donc les Banques Centrales des Etats membres qui vont être amenées à lui venir en aide ». La France a un déficit important et vient en aide à la BCE. Tout un paradoxe.
Écho...épinards
Du courrier international et du New-York Times : « Dans combien de temps nos téléphones portables fonctionneront-ils aux épinards ? C’est seulement une question d’argent affirme Shuguang Zhang : Si vous me donnez 10 000 dollars, il me faudra 50 ans. Si vous me donnez un million de dollars, ça ira plus vite ». Nos grand-mères avaient raison, Popeye aussi : les épinards donnent de l’énergie. Les Italiens, eux, songent à faire des sacs en peau de tomate. Enfin de nouveaux débouchés pour l’agriculture.
Couac, couac !
Dans l’espèce animale, le Canard Enchaîné du 26 janvier 2005 s’intéresse à un individu : « On le reconnaît à sa grande taille, à son caquet impressionnant, à son goût pour les grandes conférences internationales où il pousse en toute saison de saisissants cris d’alarme ».
D’un côté il [Chirac] s’afflige de l’effondrement des populations de grands mammifères sauvages « et de l’autre il baisse les crédits 2005 du ministère de l’environnement » régulièrement condamnée par Bruxelles, la France est la lanterne rouge de l’Europe sur le plan écologique "
Siège doré
Du Canard et du Figaro-Magazine du 22 janvier : « le loyer annuel des locaux de l’UMP, rue de La Boétie à Paris, s’élève à 2,736 millions d’euros ». C’est à ça qu’on reconnaît un grand parti.
Petits coûts
L’argent n’a pas d’origine, c’est bien connu. Entreprise Midi-Pyrénées, du mois de janvier 2005, a publié une publicité particulièrement incitative : « La prison, support de votre compétitivité. Pour réduire vos coûts, garantir vos délais de fabrication, absorber un surcroît d’activité, éviter une délocalisation, le centre de détention de Muret vous ouvre sa zone industrielle ». Comme quoi les mauvais garçons font d’excellents salariés quand ils sont à l’ombre. Et à petits coûts pour le patronat local.
Enthousiasme Medefique
Toujours selon Marianne : « L’historien Jacques Marseille a été ovationné par son auditoire quand il a préconisé la suppression immédiate de 500 000 postes de fonctionnaires. Il parlait devant l’assemblée générale du Medef. Quand on propose de supprimer des emplois, les patrons retrouvent leur enthousiasme ». C’est réconfortant. Mais, étrange chose,aucun employeur privé ne suggère d’embaucher les fonctionnaires virés.
A bas les principes !
Après l’accident de St Martin d’Estraux qui a mis en cause l’âge du chauffeur, 70 ans, l’enquête a révélé que l’entreprise « se jouait d’un certain nombre de principes de base : pas de contrat de travail, pas de visite médicale, pas de respect des règles de formation indispensable » . Voilà , dit Marianne du 22 janvier, qui est « plus dangereux que le mauvais état de la route et le nombre de bougies soufflées par le chauffeur ». Dangereux peut-être, mais dans l’air du temps.
Grappillages du 23 février 2005
Potes d’ État ?
Selon le Point, du 20 janvier 2005, la Suisse s’intéresse à l’argent sale et aux milliards déposés dans ses coffres par des dictateurs disparus. Elle a créé un groupe de travail intitulé « Avoirs des potentats ». En attendant une prochaine commission du genre « Avoir des potentats et les garder » ? Potentat ? N’est-ce pas un gros mot ?
Sommes d’un somme
Selon France 5, émission de télévision du 17 février, « la sieste est un besoin physiologique, elle correspond à la volonté de l’organisme de s’arrêter. Il n’y a pas de honte à ça ». Si les employeurs de notre pays étaient futés, ils organiseraient la sieste dans les entreprises car celle-ci « permet la récupération de toutes les fonctions cognitives, la mémoire, la rapidité d’action et d’exécution des tâches ». En somme, siester un peu c’est efficacer beaucoup.
Enfer ou paradis ?
De Alternatives Economiques de février 2005 : « Les contribuables allemands ayant placé clandestinement de l’argent dans les paradis fiscaux avaient jusqu’au 31 décembre 2004 pour les rapatrier à un taux d’imposition de 25 %. Le fisc s’attendait à voir revenir 20 milliards sur les 100 à 500 milliards cachés à l’étranger. Il n’en est revenu que 3,6 milliards » . Faudra-t-il ouvrir un enfer pour les fraudeurs, ou fermer les paradis fiscaux ?
Logique patronale
De Alternatives Economiques encore : « Dans une grande société française, un actionnaire frondeur s’étonnait que le salaire de président ait augmenté de 37 % en une seule année ». C’est que, répondit le président, « Pour retenir les meilleurs en France, il est nécessaire d’aligner les rémunérations des cadres français sur leurs homologues américains ». Fort bien. Un peu plus tard, dans le cours de l’Assemblée Générale, le même PDG expliqua qu’il avait fait « de judicieuses délocalisations permettant d’aligner les coûts salariaux sur les niveaux chinois ». La même rationalité économique permet-elle donc d’expliquer que les revenus des uns doivent augmenter et ceux des autres diminuer ?
Paroles et paroles ...
Selon Le Monde du 14 février, et l’ONU, « les deux tiers de l’aide promise par les gouvernements pour couvrir les dépenses d’urgence des six premiers mois suivant la catastrophe du 26 décembre 2004, ne sont toujours pas arrivés aux victimes du Tsunami ». Mais de quoi se plaignent les sinistrés ? Les belles paroles ne sont-elles pas réconfortantes ?
Écologie
De Bretagne vivante (n° 8 de la revue) : « Les vers de terre creusent jusqu’Ã 5000 km de galeries par hectare. Grâce à quoi les orages incroyables, jusqu’Ã 160 mm d’eau, peuvent percoler à travers le sol en une heure seulement. Les vers sont des auxiliaires décisifs dans la lutte contre les inondations ». hélas les traitements chimiques les éliminent sur une grande échelle : « pas de vers, pas de galeries, l’eau ne pénètre plus les sols et ruisselle aussi vite qu’il lui est possible ». Plus de haies, plus de talus, plus de vers ... chaque jour nous constatons qu’il n’y a plus d’eau.
Rêve de Smic
De Marianne du 14 janvier 2005 : « Jacques Chirac ne devrait plus tarder à tenir sa promesse. Dans 3 ans la feuille de paie ne sera plus l’ennemi de l’emploi : les nouveaux embauchés risquent fort d’être payés au SMIC et de rester collés au plancher à vie. En effet, le président de la République a souhaité qu’il n’y ait plus de charges sociales pour les entreprises au niveau du SMIC. Alors les patrons, qui ne sont pas des idiots, préféreront avoir, à compétence égale, des armées de smicards exemptés de charges plutôt que du personnel coûteux en protection sociale ». Ca ne les empêchera pas d’aller délocaliser ailleurs.
Troc & Toc
De Marianne, du 28 janvier : « L’Etat s’est intronisé roi de la précarité. Il pratique ce que le patronat lui-même n’a pas encore osé : il a réintroduit le troc. Selon la Confédération des jeunes chercheurs, ils sont 10 000 par an à être rémunérés en »libéralités« ou en »perdiennes« . Autrement dit on leur donne généreusement un ordinateur contre quelques vacations. Certaines de ces élites sont même payées en notes de frais fictives. Un système qui n’offre évidemment aucune couverture sociale ». De plus en plus de gens sont précarisés ... mais tout est relatif : un pilote de ligne, même précaire, s’en sort mieux qu’une caissière d’hypermarché !
Guerre des polices
De Marianne, du 28 janvier : « Sous prétexte que Le Point et l’Equipe refusaient de dévoiler leurs sources, dans le dossier Cofidis (dopage), deux juges se sont permis de perquisitionner leurs rédactions, d’emporter des ordinateurs et des cartes de visite. Pour remonter le réseau ? Pas du tout ! Pour arbitrer un conflit entre la police des polices et la brigade des stups, la première soupçonnant l’autre d’informer la presse ». On croyait pourtant que la protection des sources était l’une des garanties de la liberté de la presse. Encore une liberté qui fout le camp ?
Cycla .. merde !
Selon Le Point du 10 février 2005 : « Sur 95 pharmacies signalées par des employés et des plaintes des clients qui s’étaient retrouvés avec des médicaments périmés, les inspecteurs ont épinglé 40 tricheurs ». Des trafics de médicaments dans les pharmacies, autour du réseau Cyclamed, cela ne fait pas très sérieux.
Époque disetteuse
Un rue à son nom ? c’est possible dans une petite ville d’Italie, à une trentaine de km de Naples. Selon Le Point du 10 février « un nom de rue en périphérie coûte 10 000 euros ; et 15 000 euros au centre. En période de disette budgétaire, c’est la seule solution que nous avons trouvée pour ne pas augmenter les impôts locaux » dit le maire. Autrefois les gens d’importance payaient un vitrail dans l’église. Autres temps, autres moeurs
Savoir vivre
Des cours d’arts plastiques, des cours de musique ou de cuisine. Pourquoi pas des cours de bonnes manières ? Le directeur d’une maison de quartier, à Montpellier, réapprend la politesse aux habitants volontaires. « On a élaboré des jeux de rôle pour engager la discussion sur ce qui se fait ou pas. Les enfants du centre de loisirs, enchantés, en ont parlé dans leur école » (Le Point du 20 février).
Destruction massive
Et si téhéran avait demain la bombe atomique ? « Une hypothèse inacceptable pour les USA qui entendent mettre l’Iran au pas. En utilisant la force s’il le faut » . Les USA cherchent ... des armes de destruction massive. décidément c’est une manie chez eux. La pax américana fleurit sur un fumier guerrier
Stup... éfaction
Un play-boy, arrêté en septembre 2004, a balancé les noms de ses clients, dignes d’un annuaire du show-biz. Les flics des Stups ont l’habitude et s’entourent d’un luxe de précautions : « les auditions toujours courtoises durent rarement plus d’une demi-heure. Elles ne débouchent sur aucune poursuite et les noms des »people« n’apparaissent pas lorsque les dealers sont jugés ». Dame, on ne va pas casser l’image des stars, décorées de la légion d’Honneur, qui font rêver les gens du peuple et participent même à des campagnes antidrogue ! (Le Point 10.2.05).
Echos sélectionnés par J. Gilois
Un escargot sur une trottinette
Armand
Ajdari, ancien élève
du Lycée
Guy Môquet, est l’un des fils de Martine Buron
Il a reçu le prix Louis Ancel
de la Société
Française
de Physique
en septembre 2006
Polytechnicien, Armand Ajdari est devenu, à 30 ans, directeur du laboratoire de physico-chimie théorique de Paris (ESPCI) puis, à 39 ans, directeur de recherches au CNRS (centre national de la recherche scientifique) et professeur à l’Ecole Polytechnique.
C’est un physicien reconnu, théoricien de la matière molle et de la physique statistique. Il est l’auteur d’une centaine de publications dans des revues variées et avec différents collaborateurs, théoriciens ou expérimentateurs. Il a d’ailleurs co-enca-dré des thèses expérimentales. Ses thèmes principaux : la rhéologie des suspensions concentrées, la biophysique, les effets électrocinétiques, l’électrophorèse et les flots microfluidiques. Il est aussi coauteur de plusieurs brevets.
Il est aussi, dit-on, un merveilleux conférencier, plein d’humour, fréquemment invité des conférences internationales ... ce qui ne l’empêche pas d’être amateur de bon vin et de bonne chère.
Le prix Louis Ancel est destiné à récompenser un effort particulièrement réussi de popularisation de la Science. Il a été décerné à Armand Ajdari, le 1er septembre 2006 mais .... nous venons juste de l’apprendre (merci aux lecteurs qui l’ont signalé). En plus de sa très grande gentillesse et de sa capacité à se mettre à la portée des gens, Armand Ajdari cultive la discrétion. Son site internet présente l’image d’un escargot sur une trottinette .... Étude de la matière molle en situation de non-équilibre ....