Mis en ligne le 25 août 2002
ATTAC
L’association antimondialisation Attac, a ouvert, vendredi 23 août 2002, sa troisième université d’été à Arles. 800 participants sont présents et s’apprêtent à disséquer les grandes institutions financières internationales et à préparer l’offensive de la rentrée.
Forte de près de 30 000 adhérents, au rythme d’un millier de nouvelles adhésions par mois et d’un taux de réinscription de 61 %, l’Association pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens (Attac) a ouvert son cycle d’enseignement, qui dure cinq jours, par une conférence sur l’un de ses thèmes de prédilection : « Que faire du FMI et de la Banque mondiale ? »
Dominique Plihon, professeur à l’université Paris-Nord et président du conseil scientifique d’Attac, a dressé un tableau critique de ces institutions financières internationales : « Elles sont peu démocratiques, car dirigées exclusivement par les pays riches, et inefficaces. La Banque mondiale avait été créée pour aider au développement, et le FMI pour assurer la stabilité monétaire et financière : elles n’ont pas atteint leur objectif et, depuis trois décennies, la situation empire », a-t-il asséné devant une salle comble. Plutôt que de supprimer ces institutions, ce que nombre de militants antimondialisation souhaitent, il propose « une réforme radicale » de leur fonctionnement, qui passe par une démocratisation interne (introduction des pays du Sud, fin du système « 1 dollar égale 1 voix ») et externe (contrôle par les citoyens, via leur Parlement national) et surtout leur réintroduction dans le giron de l’ONU, qui « porte encore en elle les valeurs des droits de l’homme ».
LE GOUVERNEMENT RAFFARIN ET LE MODÈLE THATCHER
Les têtes d’affiche de l’association ont mis la dernière touche au plan de route d’Attac pour la rentrée. Ce programme sera présenté, dimanche, en assemblée plénière. Des actions sur les thèmes des services publics, des paradis fiscaux et une réponse au Medef sont à l’ordre du jour. Une « offensive » nécessaire, selon Bernard Cassen, président d’Attac, qui estime que le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin « rappelle à certains égards celui de Margaret Thatcher, avec la combinaison d’une offensive libérale doublée d’un tour de vis policier et judiciaire ».
Le conseil d’administration a permis à José Bové, admis au collège des membres fondateurs en juin, de faire sa rentrée en douceur, trois semaines après sa sortie de prison et quelques jours avant qu’il n’anime une conférence sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) et la marchandisation du vivant. Sa récente incarcération a été une nouvelle fois dénoncée par Attac, qui y voit, avec les peines de prison récemment infligées à un syndicaliste CGT de Cherbourg et à un jeune militant du collectif No Border de Strasbourg, une volonté de « criminalisation » des mouvements sociaux.
Face à cette offensive libérale et sécuritaire, le collectif envisage plusieurs actions. Plusieurs manifestations sont prévues, début octobre, pour dénoncer les paradis fiscaux : au Luxembourg, en Andorre, à Jersey. L’association prépare également un rapport sur ce qu’« induit la financiarisation des entreprises ». Enfin, la tenue du prochain G8 en France en juin 2003 sera évoquée au cours de ces journées : « Ce sera évidemment un moment de mobilisation », a souligné M. Cassen.
Créée en 1998 par un collectif d’économistes, syndicalistes, écologistes et responsables de publications, sous la houlette de son président-fondateur, Bernard Cassen, directeur général du Monde diplomatique, l’association Attac alterne depuis quatre ans action politique, réflexion de fond sur la mondialisation libérale, et éducation populaire.
Sources : Le Monde et AFP
Ecrit le 2 septembre 2002
ATTAC : mobilisation
L’association anti-mondialisation libérale Attac a appelé dimanche 25 août 2002 ses militants à la mobilisation dès la rentrée, annoncée comme « résistante et constructive », et a présenté un agenda chargé sur le plan national et international.
L’assemblée générale de l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’aide aux citoyens (Attac) doit se tenir fin novembre 2002, mais ses responsables ont ressenti « une certaine urgence » à présenter les mobilisations à venir, en raison de « la précipitation des décisions gouvernementales et à deux semaines des commémorations des attentats du 11 septembre ».
Attac organisera ce jour-là un colloque international sur « les leçons, qui un an après n’ont toujours pas été tirées, de l’événement », alors qu’un autre colloque sur le même thème se tiendra au sénat « sous le double patronage de l’ambassade des Etats-Unis et de Nicolas Sarkozy », le ministre de l’Intérieur.
Selon le président d’Attac Bernard Cassen, le contexte européen « est très défavorable, marqué par une dérive ultralibérale » notamment sur les services publics.
L’horizon national porte, lui, la marque « d’une offensive libérale » : « le gouvernement Raffarin, derrière une façade bonasse et communicante, va mettre en œuvre le programme du Medef », a affirmé M. Cassen citant « les cadeaux fiscaux, les attaques contre les fonctionnaires, les privatisations d’Air France et d’EDF, la menace sur les retraites ».
« Tout cela est producteur d’insécurité sociale et aura forcément son pendant sécuritaire qui visera à criminaliser et intimider les opposants », a affirmé le président d’Attac, citant comme exemple les peines de prison infligées à José Bové, porte-parole de la Confédération paysanne, mais aussi à un militant CGT de Cherbourg et à un jeune militant associatif de Strasbourg.
Attac proposera ainsi « dans les prochains jours » de créer un « vaste courant d’opinion » sur le thème « pas de syndicalistes en prison ».
L’association va aussi s’atteler à la rédaction d’un « guide du justiciable » afin de montrer « comment fonctionne une justice à plusieurs vitesses ».
La mobilisation pour la défense des services publics se fera dans le cadre unitaire du collectif « Service publics solidarité monde », qui entend peser sur la rédaction de la directive européenne sur les « services d’intérêt général ».
Le Forum social européen, déclinaison continentale du Forum social mondial dont Attac est l’un des fondateurs, se tiendra en novembre et devrait être un pas important dans l’articulation des mouvements et campagne au niveau européen, notamment avec le développement d’Attac Allemagne.
Ce dernier comité participera, avec Attac Belgique, Luxembourg et les membres du Nord de la France à une manifestation au Luxembourg contre les paradis fiscaux, l’un des chevaux de bataille d’Attac.
Outre l’amplification de la campagne de sensibilisation des maires de communes rurales contre les organismes génétiquement modifiés (OGM), de celle contre l’AGCS (accord généralisé sur le commerce des services), Attac s’attèle déjà à son « affaire majeure de 2003 » : le G8 de juin qui se déroulera en France, à Evian-les-Bains, au moment du 5e anniversaire de l’association.
« La coïncidence ne nous a pas échappé », a lancé Bernard Cassen. « La barre a été placée très haut à Gênes (juillet 2001) en terme de mobilisation, l’honneur national est en jeu, il ne va pas falloir déchoir ! », a-t-il prévenu.
(avec AFP)
Ecrit en juin 2002
ATTAC : Jacques Nikonoff
En accueillant Jacques Nikonoff, en juin 2002, pour une conférence remarquable sur les causes du chômage (relire La Mée du 11 juin 2002) le groupe local du mouvement Attac ne savait pas qu’il accueillait le futur président National d’ATTAC.
Jacques Nikonoff succéde à Bernard Cassen, directeur du Monde diplomatique. L’élection de Nikonoff est symbolique du débat que traverse Attac entre sa tendance « mouvementiste », qui voudrait voir l’« assoce » intervenir sur tous les fronts (Palestine, élections) et sa tendance « mouvement d’éducation populaire » centrée sur les questions économiques et sociales. C’est sur cette dernière orientation que se situe Jacques Nikonoff
Son parcours est intéressant : à 16 ans, il quitte l’enseignement secondaire et travaille comme ouvrier, d’abord dans l’imprimerie puis dans l’industrie, chez Norton à La Courneuve (Seine-Saint-Denis).
délégué CGT, habitant la cité des 4 000, il a 26 ans quand l’usine ferme. Il met alors à profit son temps de chômage pour passer le diplôme d’entrée à l’université, pour faire des études à Sciences-Po et à l’ENA.
Il est actuellement professeur d’Université après avoir été formateur au Conservatoire national des Arts et métiers, après s’être occupé d’insertion de jeunes en difficultés, après avoir été administrateur civil à la Caisse des dépôts et consignations, dont il sera le représentant aux Etats-Unis plusieurs années durant.
Spécialiste de l’emploi et du chômage, il a, en 1998, chiffré dans un livre le coût du traitement du chômage. Un an plus tard, il a écrit un ouvrage magistral contre les fonds de pension. C’est en l’accusant d’être « un énarque » que ses détracteurs (proches de la Ligue Communiste Révolutionnaire) ont tenté de le déstabiliser, sans pour autant pouvoir se permettre de menacer une association présente dans 45 pays et comptant 30 000 membres en France
Contact : 02 40 28 40 32
Ecrit le 29 octobre 2003 :
Il est interdit de distribuer des tracts
Attac dénonce la formation des profs d’économie par le Medef. Mais la police fait taire Attac !
Jeudi 23 et vendredi 24 octobre 2003, le lycée parisien Louis-le-Grand a accueilli 200 professeurs d’économie dans le cadre d’une initiative baptisée « université d’automne », destinée à parfaire leur formation, autour du thème : « Les entreprises et la mondialisation » avec intervention d’une vingtaine de grands patrons français - parmi lesquels Thierry Desmarest (PDG de Total), Jean-François Dehecq (Sanofi-Synthélabo), Henri de Castries (Axa) - et le commissaire européen Pascal Lamy.
Selon le mouvement ATTAC, cette « université » est le fruit d’une collaboration entre le ministère de l’éducation nationale et l’Institut de l’entreprise, un cénacle proche du Medef qui comporte une commassion spécialisée, animée par Michel pébereau, président de BNP-Paribas (vous savez, l’homme à 2588 euros de l’heure).
Jacques Nikonoff, président d’ATTAC, a dénoncé dans une lettre adressée au ministre de l’éducation, « une manipulation idéologique visant à donner une information à sens unique ». Il a réclamé une « autre » université, avec Attac. « La formation continue des enseignants n’a pas à être assurée par un lobby professionnel », s’insurge de son côté le SNES.
La police
Ce jeudi 23 octobre à 8h30, des militantes d’Attac rejointes par quelques militants du SNES ont voulu remettre aux enseignants participants à l’ « université » une copie de la lettre de protestation d’Attac, ainsi que des documents sur les activités de certaines des transnationales dont les patrons constituent le corps professoral de l’ « université ».
Alors que cette distribution de tracts était effectuée sur la voie publique de manière totalement pacifique, une quinzaine de policiers ainsi que des vigiles sont intervenus pour l’empêcher. Les militant-e-s ont été refoulés de force de l’entrée du lycée et ont fait l’objet de menaces.
Certains enseignants participant à l’université ont néanmoins réussi à introduire au Lycée Louis-Le-Grand des paquets de tracts et de documents qu’ils ont distribués à leurs collègues.
voir : il est interdit de manifester
Autres articles : utiliser le moteur de recherche en tapant le mot ATTAC