Ecrit en 2001
Stockage à Châteaubriant
L’entrefilet est paru le 23 mai 2001 dans les annonces légales de Ouest-France : il y a un stockage de farines animales (1000 tonnes maximum) dans l’entrepôt des Transports Richet à Châteaubriant, route de Juigné. C’est la société qui en a fait la demande le 26 février 2001. La DRIRE (direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement) a donné un avis positif le 27 mars 2001.
On se souvient que, depuis le 14 novembre 2000, l’utilisation des farines animales, pour alimenter les bovins, est interdite. Il y a donc des mesures d’urgence à prendre pour entreposer ces farines dont on ne sait pas quoi faire : La société Transports Richet a proposé un entrepôt couvert et fermant à clé, de 1200 m2.
De grandes précautions
Les précautions à prendre sont précises : Le sol du bâtiment doit être plat et imperméable. La toiture, la structure porteuse et le sol doivent être incombustibles. Les parois et la toiture doivent être maintenues étanches à l’eau de manière à ne pas humidifier le stock de farines dont le taux d’humidité doit être maintenu le plus bas possible. Le cas échéant, les farines ayant un taux d’humidité supérieur à 15 % doivent être stockées séparément pour éviter les risques d’échauffement.
Les accès au bâtiment et ses alentours immédiats doivent être dégagés de tous matériaux encombrants, de façon à ne pas gêner une intervention d’urgence.
Toutes les dispositions doivent être prises pour empêcher le contact des farines avec les eaux, notamment de pluie ou de ruissellement.
Les farines sont apportées sur le site en « big bags » fermés de 1 m3 environ. Les engins ayant manipulé ces farines ne peuvent être affectés à un autre usage qu’après nettoyage et désinfection. Le chargement et le déchargement doivent se faire avec le moteur à l’arrêt. Le stockage doit être exploité de manière à éviter les points chauds ou sources de chaleur en contact avec les farines. En particulier le matériel électrique ne doit pas être en contact direct avec les farines. Il est interdit de fumer dans la zone de stockage.
La température des farines doit être contrôlée au minimum chaque semaine. Les personnes travaillant sur le tas doivent disposer d’équipements de protection individuelle, en particulier de masques anti-poussières. Si une intervention doit avoir lieu sur un big-bag ayant montré un signe d’échauffement , les intervenants
doivent se doter de protection individuelle pour se prémunir du risque d’inhalation de produits toxiques tel que l’émission d’ammoniac.
En cas d’apparition d’odeurs persistantes à l’extérieur du bâtiment, un traitement adapté (par exemple un traitement désodorisant) doit être mis en place.
Un traitement efficace contre la prolifération des insectes et des rongeurs doit être fait au moins tous les mois, et des mesures doivent être prises pour éviter la présence des oiseaux dans l’entrepôt
Cette décision peut toujours être attaquée devant le tribunal administratif, dans un délai de 4 ans.
Pas d’enquête ?
Ce qui est étonnant c’est que la DRIRE n’a pas fait d’enquête publique alors qu’il en existe toujours pour les extensions de porcheries ou d’ateliers de poulets, pour les épandages, et les carrières. Les farines animales sont potentiellement plus dangereuses, et on ne fait rien ?
Voilà donc les dangers de ce stockage de farine :
– L’échauffement des farines (risque d’incendie spontané)
– Le ruissellement des eaux
– La présence d’insectes, rongeurs ou oiseaux
– Les odeurs.
– L’émission d’ammoniac
Avec une moyenne de 7000 à 8000 tonnes de farines produites par semaine, la capacité actuelle de stockage arrivera à saturation en France en septembre 2001. Le « pic de stockage », 600 000 tonnes devrait être atteint à la fin de l’année 2002, car il faut entreposer les farines faute de pouvoir les détruire. Les cimentiers et les chaufferies industrielles sont mises à contribution mais ce n’est qu’en 2005-2006 que les farines devraient pouvoir être gérées sans stockage.
D’ici la fin 2001, il y aurait encore 400 000 tonnes de farines animales interdites dans l’alimentation animale, et 600 000 tonnes un an plus tard. On en fait quoi quand on n’a pas les capacités suffisantes pour les brûler ? Certains industriels ont déjà imaginé d’introduire des farines dans les bétons phénoliques qui permettent d’obtenir des parpaings à coût réduit.(85 % de farines, 15 % de résine phénolique).
Mais on ne sait rien sur la résistance de ces résines à la dégradation de l’eau. Rien non plus sur l’innocuité de ces parpaings vis-Ã -vis des ouvriers du bâtiment et des futurs occupants des maisons. Rien sur de possibles fissures laissant échapper de dangereux prions dans l’atmosphère