Ecrit le 4 juillet 2007
Dans un communiqué, les associations membres du « réseau laïque et citoyen contre le sectarisme » ont souhaité rappeler certaines de leurs positions passées :
– . Le réseau s’est ému de l’accueil réservé par M. Sarkozy à un acteur, ambassadeur d’un mouvement à caractère sectaire [ndlr : l’église de scientologie, c’était en septembre 2004 ]..
– . Le réseau s’est inquiété des propos du Chef du Bureau des Cultes, en 2006 (du temps où Dominique de Villepin, puis Nicolas Sarkozy étaient ministres de l’Intérieur), selon lequel les pratiques des témoins de Jéhovah n’étaient constitutives d’aucun trouble à l’ordre public.
– Le réseau s’est ému du rapport d’un groupe de juristes et d’universitaires, nommés par le Ministre de l’Intérieur (Sarkozy) et qui préconisaient des entorses au principe de laïcité. [ndlr : la mise en œuvre de ce rapport a été suspendue, faute de consensus. Provisoirement ?].
M. Sarkozy a été élu président de la République. Le réseau prend acte d’un vote démocratique mais réaffirme son attachement à certains principes fondamentaux qui, selon lui, s’imposent à tout élu de la République. En particulier, dans le domaine de la protection contre les dérives sectaires, le réseau estime qu’au delà des clivages l’implication des autorités ne doit pas se démentir.
Le réseau demande le maintien des cellules de vigilance préfectorales. Et rappelle son attachement à la laïcité, consacrée par la Constitution et la Loi de 1905, qui assure la liberté de conscience et réprime les pressions sur les individus.
Communiqué transmis par l’ADFI Nantes
Beaucoup de questions
Pourquoi ce communiqué ? La laïcité est-elle menacée ? Ptête ben qu’oui, Ptête ben qu’non. Il y a en effet des choses troublantes.
Dans Familles Chrétiennes du 21 avril 2007, Sarkozy a estimé que : « Le christianisme participe de manière essentielle à l’identité nationale. » . Ce qui a provoqué un commentaire de Christine Boutin : « C’est la première fois depuis longtemps qu’un homme politique de premier plan affirme que la religion a valeur de civilisation ».
Le cardinal Jean-Louis Tauran. dans une interview (10 mai 2007) au quotidien de la Conférence épiscopale italienne, a noté : « Sarkozy a d’une certaine façon préfiguré la possibilité de retoucher la fameuse loi de 1905, qui a sanctionné la séparation de l’Eglise et de l’Etat, pour rendre possible un financement direct des grandes religions par l’Etat ».
Nicolas Sarkozy a écrit une longue lettre au pape (dont la teneur est restée secrète), ce qui a provoqué ce commentaire du journal La Croix : « Cette longue lettre au contenu substantiel est un signe de plus, aux yeux du Saint-Siège, de l’ouverture du nouveau chef de l’État aux problèmes religieux ».
Christine Boutin, ministre du Logement et de la ville, a, jadis, brandi la Bible à l’Assemblée Nationale. A la Curie romaine, elle est consulteur du Conseil pontifical pour la famille. Elle a pris un intégriste catholique, Jean-Paul Boluter, comme directeur de Cabinet et a nommé un prêtre catholique, Jean Marie Petitclerc, comme chargé de mission. Faut-il rappeler qu’un prêtre obéit aux lois religieuses de son église ? On l’a bien vu du temps des Prêtres Ouvriers quand ceux-ci ont été obligés de quitter leur travail.
Voir un article de la revueGolias
Notons enfin que Tony Blair, ex-premier ministre anglais, vient d’aller trouver le pape pour lui annoncer son adhésion à la religion catholique (celle de son épouse ! Ah les femmes !). Comme si la religion était une affaire politique et non pas une affaire personnelle
Tout cela soulève beaucoup de questions sur le mélange du politique et du religieux et incite à réaffimer l’idéal de laïcité.
Source : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=25542
L’idéal de laïcité
laïcité : vient du grec Laos qui veut dire peuple, rassemblement de personnes.
La laïcité s’appuie sur trois principes
:
– 1 - liberté de conscience (qui permet à chacun d’être librement croyant, agnostique ou athée)
– 2 - égalité des options, religieuses ou non : aucune conviction ne peut devenir une norme publique et fournir la base du pouvoir d’un groupe sur le tout.
– 3 - universalité, la loi commune s’impose à tous, L’espace laïque écarte la notion de « sujets » comme celle de « croyants » ou de « consommateurs » pour n’appréhender que celle de « citoyens » à égalité de droits et de devoirs. Ce dernier principe permet de faire la différence entre « public » et « privé » : est « public », ce qui concerne tous les hommes, ce qui les rassemble socialement, politiquement, économiquement, juridiquement... ce qui relève de leurs intérêts communs (santé, école, justice, sécurité...), ce dont la communauté de droit de la nation a la charge. Est « privé » ce qui concerne chacun en particulier, ce qui relève de la différence entre les hommes, ce qui les divise : les convictions philosophiques, religieuses, les pratiques rituelles ou coutumières, les modes de vie et même ce qui relève de la sexualité.