Juin 2000
Les droits des femmes
Cinq ans après la Conférence qui s’est tenue à pékin, en 1995, concernant les Droits des Femmes, une réunion internationale a eu lieu à New-York du 5 au 9 juin 2000, avec plus de 8000 représentants de 180 pays. Les avancées n’ont pas été importantes, semble-t-il.
Les principaux points abordés : la pauvreté (70 % des pauvres de la planète sont des femmes), l’éducation (deux-tiers des analphabètes sont des femmes), la violence, la santé et même les conflits armés.
Dans la perspective de la prochaine conférence sur le racisme qui se tiendra en Afrique du Sud en 2001, les participants ont estimé important d’examiner le parallèle qui existe entre la discrimination raciale et la discrimination à l’égard des femmes.
Ecole primaire pour tous
Des objectifs ont notamment été fixés en matière d’éducation :
1) la nécessité d’assurer l’accès à tous et à toutes à l’éducation primaire d’ici à 2015.
2) la nécessité d’accroître les investissements dans le secteur social pour favoriser l’élimination de la pauvreté et s’efforcer de réduire la proportion très élevée de femmes vivant dans le dénuement. Cela suppose de reconnaître que l’éducation est la clé de l’émancipation des femmes. C’est l’absence d’éducation qui maintient les femmes dans la pauvreté, limite leur accès à la santé et les expose à la violence et aux abus,
Eduquées et intégrées dans la population active, elles sont moins vulnérables et mieux en mesure de jouer le rôle qui leur revient dans le progrès des sociétés. Seule l’éducation leur permettra de réaliser et d’exercer pleinement les droits qui sont dans la plupart des législations.
Reconnaissant la contribution que peuvent apporter les femmes au progrès des sociétés, les gouvernements s’engagent par ailleurs à définir des objectifs précis, et assortis de délais à court et à long terme, afin de permettre aux femmes d’avoir accès sur un pied d’égalité avec les hommes et de participer pleinement à tous les domaines de la vie publique, et en particulier aux postes de décision.
Faire des enfants
En matière de santé, les gouvernements sont plus particulièrement appelés à faire en sorte que la réduction des taux de mortalité et de morbidité maternelles soient considérée comme une priorité par le secteur de la santé et que les femmes bénéficient de services de planification familiale afin de promouvoir la maternité sans risque.
Dans un paragraphe longuement négocié, les gouvernements conviennent que les droits en matière de procréation reposent sur la reconnaissance du droit fondamental de tous les couples et de toutes les personnes de décider librement et de façon responsable, du nombre de leurs enfants et de l’espacement des naissances et d’être informés des moyens de le faire.
Sexualité
En cela, ils se sont heurtés d’un côté à l’église catholique (le Vatican, en tant que tel, avait des représentants), et de l’autre aux islamistes intégristes qui ne peuvent admettre que les politiques et programmes de santé « doivent fournir aux adolescents l’éducation et les services nécessaires pour qu’ils apprennent à assumer leur sexualité dans un esprit positif et responsable » . Le texte de la conférence, selon lequel « les droits fondamentaux des femmes comprennent le droit d’être maîtresses de leur sexualité et de prendre librement des décisions dans ce domaine » fait encore scandale.
Le Vatican, par exemple, estime que l’éducation sexuelle est essentiellement et fondamentalement le devoir et la responsabilité des parents et que l’accès des jeunes à des services de planification familiale et des services de santé, doit être réservé à des couples mariés.
Avortement
La conférence a rappelé que « l’avortement ne devrait, en aucun cas, être une méthode de planification familiale » et invité les gouvernements à « renforcer leur engagement en faveur de la santé des femmes, à considérer les avortements pratiqués dans de mauvaises conditions de sécurité comme un problème majeur de santé publique et à réduire le recours à l’avortement en étendant et en améliorant les services de planification familiale »
« La plus haute priorité doit toujours être accordée à la prévention des grossesses non désirées et tout devrait être fait pour éliminer la nécessité de recourir à l’avortement » : langage que le Vatican s’est refusé à entendre. Seuls ont eu lieu quelques progrès en matière de prévention du SIDA
Violence
Il y a eu quelques avancées aussi sur le problème des violences : « Toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles devraient être traitées comme des atteintes à l’ordre public punies par la loi » affirme le texte. Dans ce contexte, des législations renforcées sont encouragées en ce qui concerne la violence au foyer, les mutilations génitales, les mariages forcés et les prétendus crimes d’honneur. Des mesures renforcées sont en outre recommandées en vue d’éliminer la traite des femmes et des filles.
Pauvreté
La mondialisation de l’économie, ne bénéficiant qu’aux pays très compétitifs, a marginalisé davantage les économies les plus faibles et creusé l’écart entre les riches et les pauvres tant dans les pays qu’entre les pays, au détriment des groupes de population les plus vulnérables. C’est ainsi que plusieurs délégations ont expliqué la féminisation croissante de la pauvreté.
Reflétant ces préoccupations, le document final invite les gouvernements à créer des régimes de protection sociale tenant compte des besoins des femmes pauvres afin d’offrir des filets de sécurité contre les incertitudes et l’évolution des conditions de travail liées à la mondialisation.
Prostitution
Un point fait toujours divergence : le trafic des êtres humains qui touche des millions de femmes et enfants, notamment pour la prostitution. Certains pays, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, admettent ces trafics et sont favorables à une « réglementation » de la prostitution. D’autres pays, comme la France, sont plutôt « abolitionnistes » ... ce qui ne les empêche pas de fermer les yeux sur la prostitution et de se contenter de condamner les proxénètes. C’est pas simple !
Les femmes et la guerre
Mme LIDIJA TOPIC, Bosnie-Herzégovine, a déploré que l’Accord de Paix signé dans son pays n’ait appelé aucune femme à la table des négociations. « Pourtant, a-t-elle expliqué, ce sont les femmes qui ont nourri leur famille quand il n’y avait pas de nourriture. Ce sont les femmes qui ont quitté leurs abris souterrains pour faire vacciner leurs enfants. Ce sont encore les femmes qui ont fourni une éducation à leurs enfants quand ils ne pouvaient pas aller à l’école. Les femmes de Srebrenica recherchent toujours près de 10 000 pères, frères, époux et autres membres de leur famille. Les femmes sont les vrais héros de notre société qu’elles soient musulmanes, orthodoxes, catholiques, juives ou autres. Plus jamais nous ne devrons permettre que le viol comme arme de guerre reste impuni. »
M. JACQUES FORSTER, Vice-président du Comité international de la Croix-Rouge, a évoqué lui aussi la situation des femmes dans les conflits armés. Il a expliqué que les effets qu’ils ont sur les femmes prennent des formes multiples, dont l’une des plus terribles est la disparition de parents et membres de leur famille. Bien qu’elles soient moins souvent faites prisonnières de guerre que les hommes, lorsqu’elles le sont, les conditions de leur détention sont souvent bien pires que celles des hommes. En outre, les femmes sont souvent déplacées et victimes de violences sexuelles. Ces dernières constituent une violation du droit humanitaire international. Il a rappelé avec insistance que les parties à un conflit armé ont le devoir d’assurer protection et respect à tous les civils et personnes qui ne prennent pas part aux hostilités. Cette obligation doit devenir une réalité, a-t-il ajouté.
Autres priorités
Les autres priorités pour lesquelles des mesures sont recommandées concernent
la place des femmes dans les conflits armés, leur place dans les médias, leur rôle dans la préservation de l’environnement, les mécanismes institutionnels permettant leur promotion.
(Source : le site internet de l’ONU : http://www.un.org/)