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Ecrit en avril 2000
La forme
Pour être au mieux de sa forme, il suffit de programmer sa journée en fonction de l’heure.
On dit que entre 7 et 8 heures, se réveiller tôt est le gage d’un tonus et d’une humeur au beau fixe. En effet, à partir de 6 heures, le corps secrète une hormone de réveil, le cortisol. Entre 7 heures et 8 heures, le taux de cortisol est à son maximum. Ce créneau est idéal pour se lever facilement. Se rendormir est une erreur, car vers 9 heures notre corps se met à sécréter des endomorphines (analgésiques naturels qui encouragent le sommeil lourd, dont il sera difficile de s’extraire sans migraine ou mauvaise humeur).
Entre 9 et 10 heures, le cerveau envoie des décharges de sérotonine (message cérébral lié au plaisir), dont le taux dans l’organisme est alors à son apogée. C’est à ce moment que, paraît-il, on peut programmer ... un rendez-vous chez son dentiste pour une anesthésie, car, sous l’effet des endomorphines, on est moins réceptif à la douleur.
Entre 10 heures et 12 heures, notre vigilance atteint son pic. Il faut profiter de la vitesse de croisière de notre organisme car les endomorphines ont disparu : c’est le moment idéal pour des entretiens et pour trouver l’inspiration.
Entre 13 et 14 heures, temps mort ; ce n’est pas un hasard uniquement lié à la digestion si l’on ressent un « coup de pompe » après déjeuner. Le corps subit une chute d’adrénaline dont l’effet est de ralentir le rythme cardiaque. Une sieste d’une vingtaine de minutes suffit pour récupérer.
Entre 15 et 17 heures, notre forme physique est au zénith : période idéale pour les exercices physiques, alors que, les spécialistes sont formels, nos capacités intellectuelles sont alors au plus bas.
Vers 18 heures, l’activité intellectuelle connaît un nouveau regain, même si la mélatonine envahit progressivement notre organisme. Mais ce n’est qu’Ã 20 heures que se présente la première tentation du sommeil. Ensuite, toutes les deux heures, Morphée nous tend les bras
Les rapports sexuels sont un excellent moyen de favoriser le sommeil car ils entraînent une sécrétion d’endomorphines dans le cerveau qui favorise l’endormissement.
Entre 22 heures et 1 heure, c’est le créneau régénération. Cette phase de sommeil est très importante, car elle coïncide avec le pic de sécrétion de l’hormone de croissance, indispensable au renouvellement des cellules. Cette hormone nous permet de mémoriser les acquis de la veille, de bien récupérer et de nous réveiller en pleine forme pour bien commencer la journée.
télégraphiste
La « mise à l’heure » de notre horloge biologique est effectuée par le cerveau, et notamment par une substance, la mélatonine.
Situé près du nerf optique, l’hypothalamus est sensible aux signaux de l’extérieur, notamment à l’alternance lumière/obscurité. Il joue le rôle d’un régulateur de l’organisme, en ajustant la température du corps, le pouls, la tension et les sécrétions hormonales. Comme une pendule reliée au monde extérieur, l’hypothalamus transmet ses informations à la glande pinéale, ou épiphyse. Les pionniers de l’étude des rythmes biologiques, comme le Français Alain Reinberg, ont montré que, si le programme des horloges biologiques était génétique, leur synchronisation sur un rythme de 24 heures était régulée par une hormone du cerveau : la mélatonine
sécrétée par la glande épiphyse lorsque les yeux lui disent « il fait noir » et stoppée lorsque la rétine annonce « il fait jour », la mélatonine, tel un petit télégraphiste, renseigne le cerveau sur l’alternance du jour et de la nuit. Dès lors, le système nerveux central peut piloter, selon des cycles de vingt-quatre heures, la sécrétion de nombreuses hormones vitales ainsi que la température corporelle. Ainsi, selon l’heure du jour et de la nuit, notre corps va privilégier certaines de ces fonctions, en sécrétant des substances chimiques qui améliorent l’humeur, la réceptivité, la vigilance, le désir sexuel ou le sommeil.
Une cure de lux
Si les cycles biologiques influent sur nos activités, l’inverse l’est également. La manière dont nous occupons nos journées a une incidence sur nos cycles biologiques. L’un des effets les plus classique est celui du décalage horaire. Pour venir en aide aux techniciens d’une plate-forme pétrolière, le professeur régis Mollard de l’université René Descartes de Paris (Paris Ve) a mis au point un protocole de soins original, en collaboration avec le directeur médical de GTM Entrepose (plates-formes pétrolières et pose de pipelines). Après des congés aux Philippines, en Amérique du Nord ou dans divers pays d’Europe, des hommes et des femmes se retrouvent, chacun avec un décalage horaire différent, pour reprendre leur travail (12 heures d’activité, 12 heures de repos). Normalement, en raison de l’inertie de l’horloge biologique humaine, il faudrait à ces techniciens un laps de temps de trois semaines avant que leurs fonctions physiologiques se synchronisent à la fois sur leur rythme de travail et sur le fuseau horaire de la mer du Nord.
désormais, ces travailleurs de la mer se retrouvent dans une salle de repos installée sur une barge en mer du Nord pour se détendre sous un généreux éclairage (2500 lux) dispensé par cinq longues rampes au néon. Il leur suffit alors de s’exposer trois fois trois heures à la lumière pour remettre à l’heure leur horloge biologique. Evidemment, le moment de la journée où ils suivent cette cure de lumière est différent selon qu’ils viennent de l’est ou de l’ouest, qu’ils ont choisi le quart de la nuit ou celui du jour. Non seulement les techniciens sentent diminuer les sensations de fatigue au cours du service, mais ils dorment plus longtemps et mieux.