Ecrit le 27 janvier 2016
Quel beau château ! Visite avec Jean-Claude Raux adjoint et Vice-président chargé de ce dossier.
La partie basse du château, ou du moins ce qu’il en restait, va devenir médiathèque intercommunale. La façade nord a été conservée intacte ainsi que l’aile est. La façade sud a été en partie démolie, laissant ainsi la place à une extension, construction moderne en acier et en verre qui sera en partie habillée par un brise-soleil. Les couleurs, orange et noir, donnent de la gaieté à cet ensemble ancien, se détachant bien sur le blanc de la façade du premier étage.
L’entrée donne accès à une salle d’animations, avec gradins, ouvrant largement sur la cour centrale du château. La partie médiathèque offre des vues sur l’extérieur par de grandes baies donnant notamment sur le jardin de l’association « Saffré joli tout fleuri » et réservant des alcôves aux ambiances différentes, des ’’niches de lecture’’ et des ’’espaces de sérénité’’. Par exemple, avec son rideau rouge et ses loupiotes orange et rouges, le pôle ’’fiction’’ fait penser à un petit théâtre.
Pôle multimédia, pôle documentation, pôle enfance, pôle musique, pôle lecture : on passe de l’un à l’autre entre de larges murs, découvrant ici une ancienne cheminée et, là un reste de fresque du XVIe siècle. Moquette dans les salles, tomettes anciennes dans les passages, alliance du moderne et de l’ancien. L’ensemble est très lumineux sans être agressif.
On accède à l’étage par un escalier en bois et/ou un ascenseur. Il y a trois salles de 24, 35 et 42 m2 prévues pour des activités de dessin, musique, stages pour les enfants. « Nous souhaitons que le château vive tous les jours, même le dimanche » dit Jean-Claude Raux. Dans la mesure du possible, les vieilles poutres ont été conservées, ainsi qu’une fenêtre en schiste et les anciennes latrines. Ces salles porteront les noms des familles Tournemine, d’Avaugour et Ricordeau (dernier propriétaire).
Ce château, qui a connu des modifications importantes au fil des siècles, a été bien plus vaste, jusqu’au milieu du XIXe siècle, où il avait une forme en U, avec deux ailes symétriques. La façade nord comportait 30 fenêtres dit-on (il en reste 13 dont 2 en trompe l’oeil). Si on se réfère au tracé des douves, si l’on évoque le pont-levis dont on trouve des traces écrites, on peut penser qu’il date de l’époque médiévale. Un texte ancien (1) évoque en 1881 la bibliothèque de M. Samuel d’Avaugour, point de ralliement des gens instruits et distingués de la première moitié du XVIIe siècle. Le dernier propriétaire, M. Ricordeau, a demeuré en ce château jusqu’en 1945.
Quasiment inoccupé, le château a été acheté par la commune en 1970 pour environ 225 000 €, sous la municipalité de Jean Dupas. Une vraie donnée de biens quand on sait que, pour cette somme, il y avait 70 hectares de terres. Cette importante réserve foncière, en plein cœur du bourg, a facilité la construction de l’école maternelle, d’un village retraite, d’un lotissement et, bientôt, d’une halte-garderie.
Loys d’Avaugour fit faire des écritures murales (payées en 1570, facture Vay et Saffré) avec des extraits de l’ancien Testament (version réformée) : Livre de l’Ecclésiaste et Livre des Proverbes attribué entre autres à Salomon, roi d’Israë l. Pierre Moisdon, de Treffieux, ainsi que les Affaires Culturelles, s’y intéressent particulièrement.
Le château fut assiégé et pris en mars 1590 au moment des Guerres de Religion et, en 1593, dut subir une garnison composée de 15 hommes d’armes que le Duc de Mercœur avait envoyés pour l’occuper et qui y vécurent plusieurs mois aux dépens des revenus et produits des terres. En 1599, Charles d’Avaugour, petit-fils de Loys, fixa sa résidence principale au château de Saffré. Il légua celui-ci en 1613 à son fils aîné, Messire Samuel d’Avaugour.
De 1990 à 1999, le festival « Le champ du rock » a rendu le site populaire dans toute la région, avec plus de 15 000 spectateurs pour sa dernière édition. De 2000 à aujourd’hui, d’autres manifestations culturelles (festivals « la vie de château » et « Saffrélipopettes », nombreux concerts et animations) et populaires (fête de plein air et kermesse des écoles, vide greniers, symposium de la forge européenne en 2006, fête des plantes, fête du cheval, etc.) ont contribué à faire de ce site un lieu de rencontre et de loisirs. Un jardin associatif et pédagogique « Saffré joli tout fleuri » y existe depuis plus de 15 ans ; l’espace naturel des mares, réhabilité en lien avec la Ligue des Protection des Oiseaux, fait aussi partie des éléments composant ce site d’exception.
Des armes et des lettres
Le 26 avril 1625, noble homme Pierre Hamon, notaire à Saffré, donne la description du cabinet de Samuel d’Avaugour : 17 arquebuses, 4 escopettes et aussi des pistolets, canons, carabines, gresliers, lances, coutelas, épée de deuil, épée de duel, bâton de chasse
(un greslier est une ancienne pièce d’artillerie qu’on chargeait de balles et de ferrailles). Dans le même cabinet on trouvait aussi un luth, deux globes et une sphère, un pupitre, un damier, un jeu de quilles, quatorze boules, un coffre-bahut, escabeaux, écritoire, tables, lit avec matelas et paillasse, quelques grandes armoires et des chaises. (1)
Samuel d’Avaugour n’avait que 27 ans quand Pierre Hamon fit cette description, notant qu’il avait aussi 300 livres, constituant une bibliothèque rare en province à cette époque. Les familles de Rohan, de Lanvaulx, de l’Estourbeillon, de la Chapelle de la Roche-Giffart, de Liré, de Chamballan, de Vay, étaient les hôtes particulièrement familiers « de ces bonnes vesprées, passées en gais amusements ou discussions proufitables » (1)
Pour l’aspect bâti, en 1994/95, cinq logements sociaux ont été créés dans une partie des dépendances (« la métairie »). La couverture du château a été refaite en 2002 pour le mettre hors d’eau et préserver la charpente et l’intérieur du bâtiment.
l’appropriation du site du château par les habitants a conduit la commune à réfléchir à la définition d’un projet d’ensemble, apte à le faire vivre et fréquenter, s’adressant à toute la population, et susceptible de permettre la réutilisation des constructions présentes et la conservation de leurs caractéristiques patrimoniales. Les travaux du château ont été réfléchis depuis 2008. coût : 1,5 millions d’euros HT
Inauguration prévue en mars 2016, dès que le mobilier et les collections seront en place. Et, pour les générations futures, il reste, dans les dépendances, une vaste grange avec une magnifique charpente. Saffré voit loin !
Les écritures de 1570
Jean-Claude Raux devant la porte en tuffeau, conservée.
Le château, tel qu’il apparaît
quand on y arrive
La façade ouest, entrée de la
médiathèque et du 1er étage.
Selon Jean-Claude Raux et la municipalité de Saffré (Jocelyne Poulin) : " Ce projet s’inscrit dans une démarche globale initiée en 2008, ayant réuni la CCRN , le Conseil Général, le CAUE, la BDLA, la DRAC, etc.
Les associations de Saffré ont participé à la réflexion. Les quelque 530 élèves scolarisés à Saffré se verront offrir la possibilité d’activités en lien avec la musique ou les arts plastiques, sur des temps où les salles seront disponibles. Nul doute que la commune de Saffré et la CCRN , et d’autres associations désireront s’appuyer sur ce bel « outil » pour proposer des actions, animations, rencontres autour de la lecture, de la musique et des arts très régulièrement ".
Notes
(1) archives :