Ecrit le 4 mars 2012
(non publié dans l’édition-papier du journal La Mée)
Un film documentaire réalisé et écrit par Bertrand Tesson
co-auteure et photographies Corinne Provost
2011 : 52’
Harcèlement Public révèle les enjeux de pouvoir, les rapports de domination et la place de l’humain dans l’organisation du travail. Il décrit les processus de harcèlement, les cataclysmes intimes et les révoltes légitimes de quatre témoins. Les auteurs choisissent d’aborder la souffrance au travail par la seule parole des victimes. Le film est ponctué par des photos qui sont un contrepoint esthétique et donnent à voir les personnages sous un autre versant d’humanité.
Les projections publiques lors d’actions ponctuelles et de manifestations ont été particulièrement appréciées. Ce documentaire retient également l’intérêt des réseaux interprofessionnels, culturels, syndicaux et de formation, en lien avec le monde du travail.
La subjectivité de ce film c’est de filmer l’invisible. Le choix de départ c’est donner la parole à l’humain. Le filmeur dont c’est l’éthique, écoute les personnes harcelées, sans faire du compassionnel qui exploite l’évènement. Il n’est pas question non plus de faire un écran ouvert aux spécialistes, aux économistes et aux patrons : on n’entend qu’eux.
« Harcèlement Public » c’est le portrait ordinaire de ceux qui subissent le système du management et une violence qui régit leur quotidien.
c’est aussi des choix artistiques qui nous ont guidés. La photo apporte la respiration de la vie et la parole transmet l’expérience de la souffrance.
l’actualité est intolérable, la terreur au travail est presque quotidienne, cela m’effraie.
Ces derniers temps, si on s’informe des programmes télévision, les raisons de mon désir de réaliser « Harcèlement Public » ressurgissent, évidentes. En effet, encore la semaine passée sur le bouquet TNT, deux opus sur le malaise au travail ont été diffusés.
c’est un signal récurrent.
On nous dit d’abord que le travail rend malade les chômeurs et les précaires. Bien sur ! Quand on en a pas ou presque plus, on est atteint !
Ensuite le pire , c’est qu’a l’écran on affirme que les victimes souffrent du syndrome de l’épuisement. c’est finalement juste une maladie à soigner avec des pilules. Avoir mal au travail serait une addiction, une dépendance, un pas vers le « burn out ».
J’ai préféré aller voir le dernier film de Guédiguian, « Les Neiges du Kilimandjaro », finalement la fiction m’en apporte plus sur la réalité mise en scène. c’est comme un bon vieux Capra, ça redonne l’espoir d’une vie meilleure et ça finit bien.
Nous ne sommes pas condamnés
Les projections en salle de « Harcèlement Public » confirment que la souffrance au travail est vécue comme une nouvelle peste. Le public à chaque fois nous montre qu’il sait écouter, il s’empare du débat avec des paroles qui ne sont pas sous la menace, qui libèrent.
Le sujet inspire, une étudiante en maitrise à la Faculté de Droit de Nantes prépare actuellement un exposé sur les conditions au travail et qui reposera sur les témoignages du film.
Bertrand Tesson
Ecrit le 6 février 2013
Article 23 au cinéma
Jean-Pierre DELEPINE viendra présenter son film le 12 février 2013 à 20 h à Atlantic-Ciné Châteaubriant. On oublie trop souvent que l’article 23 de la déclaration universelle des droits de l’homme stipule que chaque être humain a droit à un travail...
A travers le récit d’une histoire largement inspirée de faits réels, ce film interroge avec acuité « la valeur travail » et le drame du chômage. Avec l’humour du désespoir, il décape au vitriol la brutalité opérée par des cabinets de recrutements et les coulisses de ce métier si lucratif.