Ecrit le 15 février 2012
Les éditions Mauconduit ont publié une bande dessinée, d’une grande qualité graphique, pour évoquer le drame de « Charonne » du 8 février 1962, à la fin de la guerre d’Algérie, au moment où l’OAS multipliait les attentats. Voici des extraits de la préface de Benjamin Stora, historien.
Le nom de la station du métro parisien « Charonne » est entré dans le Panthéon des mémoires douloureuses françaises le 8 février 1962, comme un symbole de la résistance à la guerre d’Algérie. Ce soir-là , une manifestation est organisée contre l’OAS, une manifestation de « défense républicaine ».
Plusieurs cortèges tentent de se rejoindre dans le XIe arrondissement. Deux des principaux cortèges fusionnent sur le boulevard Beaumarchais. La foule est dense, interdisant tout repli au moment d’une possible charge. Les manifestants se heurtent à un important dispositif policier. Maurice Papon est le préfet de police de Paris qui coordonnera l’action des forces de l’ordre. Ce sera un véritable carnage. Prise de panique, la foule s’engouffre dans la bouche de métro Charonne. Dans la panique et la bousculade, des personnes trébuchent et sont piétinées.
Sur cet amas humain qui obstrue complètement l’entrée de la station de métro, des témoins voient un groupe de gardiens casqués « entrer en action ». Les policiers tapent les manifestants à coup de « bidule ». Au milieu des cris, des gémissements, des couches de blessés enchevêtrés, on retirera six cadavres de « Charonne » plus un blessé qui mourra le lendemain. Deux autres manifestants sont tués à l’extérieur de la bouche de métro avec la même sauvagerie meurtrière. Tous sont à la CGT et huit d’entre eux appartiennent au Parti communiste français.
Le mardi 13 février, les funérailles silencieuses et grandioses des victimes de « Charonne » sont suivies par une foule impressionnante estimée à cinq cent mille personnes. Une grève générale ce jour-là arrête les trains, ferme les écoles et laisse les journaux muets.
Parmi les manifestants, une jeune fille de 17 ans, Maryse Douek. désirée et Alain Frappier racontent son histoire dans les dessins et le texte de l’album Dans l’ombre de Charonne.
(...) La séparation de l’algérie et de la France, au terme d’un conflit de sept ans (1954-1962) a produit de la douleur, des désirs de vengeances inavoués, des oublis, volontaires ou pervers. Volontaires, parce qu’il fallait bien oublier les traumatismes de la guerre pour vivre et construire une vie sociale. Pervers, parce que cet oubli a été organisé par l’Etat pour dissimuler les crimes liés à cette guerre (des lois d’amnistie ont toujours empêché que soient jugés les responsables d’exactions). Et cette guerre a longtemps attendu avant d’être reconnue et nommée sur la scène culturelle et politique française.
l’album Dans l’ombre de Charonne arrive dans ce moment de retour de mémoire autour de la guerre d’Algérie (...). Pendant de nombreuses années, la confusion était grande entre les massacres d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961 et « Charonne ». Puis, par le combat inlassable mené par les enfants de l’immigration algérienne, la date du 17 octobre 61 a enfin acquis une grande visibilité. Il faut maintenant que ces deux dates, 17 octobre 61 et 8 février 62, soient définitivement liées comme signe de fraternité entre l’immigration ouvrière algérienne et les militants en France qui ont refusé la guerre livrée en Algérie.
Parmi les
morts,
Anne-Claude
Godeau
de Nantes
une jeune
postière
CGT
de 24 ans
De nombreux témoignages sur le site
et le numéro spécial de l’Humanité
Le 8 février 2012 au JT de 20 heures, Pujadas n’a pas parlé du 50e anniversaire du métro Charonne mais a annoncé la sortie du livre de cette stagiaire de la Maison Blanche, qui suçait JF Kennedy, dans les années 1962-1963.
On a les références historiques qu’on peut