(écrit le 21 novembre 2001)
Une action internationale est menée par Amnesty International et relayée par la section locale de Châteaubriant.
Voici des extraits du rapport d’Amnesty. :
Infligée par la police à travers le monde
« Ils le frappaient toutes les nuits, surtout sur la plante des pieds. Sa jambe droite était complètement à vif, elle s’infectait et son pied enflait. Bessy agonisait - il puait ; à 19 heures 30, il s’est arrêté de bouger ; un quart d’heure après, il était mort » (témoignage d’un détenu ayant assisté à la mort de Bessy, un Nigérian qui a péri, comme cinq autres prisonniers, en Guinée équatoriale, début 1998)Des cas de torture ou de mauvais traitements attribués à la police ont été signalés dans plus de 140 pays depuis 1997.
Dans la plupart des pays, seule une infime fraction des plaintes déposées pour brutalités policières donne lieu à des poursuites judiciaires ; les condamnations sont encore plus rares.En Chine, où vit un cinquième de l’humanité, la torture et les mauvais traitements de détenus et de prisonniers sont monnaie courante de la part de policiers corrompus cherchant à exercer un chantage et à extorquer de l’argent aux victimes ou à leurs proches. Une augmentation des cas de torture est généralement signalée lors des opérations de répression intensive appelées « Frapper fort » périodiquement lancées par les autorités contre certains crimes, et dans le cadre desquelles la police a visiblement carte blanche afin d’obtenir des « résultats rapides »
En Turquie, un enfant de douze ans, Halil Ibrahim Okkali, a dû être hospitalisé dans un service de soins intensifs après avoir été interrogé au poste de police de Cinarli, à Izmir, en novembre 1995 : emmené dans les toilettes il a été frappé à coups de matraque, puis à coups de pied alors qu’il était tombé par terre. Les allégations de torture ont donné lieu à des poursuites judiciaires, mais le commissaire de police reconnu coupable de ces sévices a été promu commissaire principal pendant le procès. En Afrique du Sud, les difficultés auxquelles se heurte la mise en place de réformes du système judiciaire font que certains membres des forces de sécurité continuent à recourir à des méthodes dignes de l’ère de l’apartheid.
Les actes de torture et les mauvais traitements policiers ne sont pas tous perpétrés dans le cadre d’enquêtes judiciaires. Certains sont également commis lorsque la police a recours à la force, au nom de l’ordre public. C’est ce qui s’est passé, en août 1997, en Zambie, lorsque des marchands ont protesté parce que des inconnus avaient incendié leurs étals, dans le centre de Lusaka. Des centaines de membres de la police paramilitaire, puissamment armés, se sont mis à frapper les manifestants et les passants à coups de matraque et à envoyer des grenades lacrymogènes sur les groupes de badauds rassemblés dans le centre-ville. Deux manifestants auraient été battus à mort.Au Brésil , José, quinze ans, est parti de chez lui le 7 juin 1999, dans l’après-midi, pour aller avec des amis dans une salle de jeux. Sa mère, s’est inquiétée lorsqu’elle ne l’a pas vu rentrer le soir. Elle l’a cherché dans les hôpitaux voisins avant de se rendre finalement au commissariat de police, où, après plusieurs heures d’attente, elle a été autorisée à voir son fils, dans la soirée du 8 juin. Selon son témoignage, il souffrait beaucoup et était couvert d’hématomes. Selon des jeunes qui se trouvaient en détention au commissariat au même moment, il a été passé à tabac avec une telle violence qu’ils ont cru qu’il y laisserait sa peau. José a été contraint d’ " avouer " qu’il avait été interpellé à plusieurs reprises auparavant, ce qui était faux.
La « torture légale »
Lorsqu’un gouvernement est accusé de torture ou des mauvais traitements, le plus souvent il nie tout en bloc. Les châtiments corporels constituent l’une des rares exceptions à cette règle. Prononcés par des tribunaux, ou constituant une mesure disciplinaire prise par une autorité administrative, ils sont appliqués par des agents de l’État, parfois en public, et prennent une apparence de punition " légale ". Amputation, marquage au fer rouge, flagellation, certains de ces châtiments visent à infliger une mutilation définitive. Tous peuvent entraîner des lésions longues à guérir, voire permanentes.« Deux surveillants m’ont conduit jusqu’à la salle de flagellation. Je tremblais et je transpirais de peur. C’est alors que j’ai entendu la canne. Une fraction de seconde plus tard, j’ai senti qu’elle me déchirait les fesses. J’ai hurlé, en me débattant comme un animal sauvage [...] Je ne pouvais pas retenir mes cris. Cela a continué. Un coup, une minute de pause. Certains prisonniers urinent ou même s’évanouissent sous l’effet de la douleur [...] Longtemps après, la douleur continue de brûler dans mon esprit. Aujourd’hui encore, j’ai des cauchemars... »
Ce témoignage est celui d’un homme de quarante ans, évoquant la souffrance, la peur et l’humiliation qu’il a ressenties quand des coups de canne lui ont été administrés à Singapour, alors qu’il n’avait que dix-sept ans. Dans certains pays, des personnes ont été condamnées à plusieurs centaines de coups de fouet ou de canne. Certaines en sont restées infirmes à vie, d’autres en sont mortes.Les victimes d’amputations, de mutilations ou de marquages, non seulement portent une blessure indélébile, mais elles sont également désignées à vie comme délinquantes aux yeux de la société. En Irak, par exemple, au lendemain de la guerre du Golfe, les personnes reconnues coupables de certaines infractions - vol ou désertion, notamment - ont été marquées d’un X sur le front.
Note du 14 janvier 2009
Dans la tête d’un tortionnaire
Lire ici : http://www.telquel-online.com/230/couverture_230_1.shtml