écrit le 16 septembre 2002
L’histoire suivante s’est passée cet été, dans un quartier de Châteaubriant : quelques immeubles collectifs, un quartier que la rumeur publique qualifie de très tranquille, sans histoires.
Dans ce quartier, où habitent majoritairement des retraités, les personnes âgées n’osent plus sortir le soir à cause des « virées » de mobylettes, montées souvent par deux jeunes à la fois, sans casque et sans peur des risques encourus. Mais ça, c’est partout dans la ville.
En revanche, dans les caves, il se passe de drôles de choses. En l’absence de clés, un jeune passe par le soupirail et ouvre aux autres pour un habituel trafic de drogue qui attire quasiment tous les soirs une clientèle bien habillée. Du haschich ? Non, on dit que c’est de la drogue plus dure et qu’il y aurait actuellement un nouveau procédé avec bouteille et tuyau pour sniffer.
Pas étonnant alors qu’un jeune A, un soir, drogué, ait embouti une bagnole dans le quartier.
Mis en alerte par le bruit, un jeune homme B réussit à rattraper la voiture qui fuyait et à relever le numéro. Puis il prévient les gendarmes. Finalement, le jeune fuyard A revient faire un constat d’accident, qu’il rédige à son avantage, ce qui provoque une réaction de la personne dont la voiture vient d’être détériorée.
Et D frappe B
Discussion le bruit attire le voisin C qui se mêle d’une discussion qui ne le regarde pas. C’est alors que son fils D s’en mêle aussi, menaçant et frappant B à coups de poings. Le jeune E, un enfant, se met lui aussi à insulter B qui, nouvel installé dans le quartier, ne comprend plus ce qui se passe. Bref, ça tourne mal.
C’est alors que les gendarmes arrivent et s’apprêtent à faire souffler les deux automobilistes dans le ballon-alcootest tout en ignorant la bagarre. Une jeune femme F intervient pour leur dire que c’est trop facile de faire passer un alcootest et de laisser faire la bagarre
« Mais que voulez-vous qu’on fasse, on ne peut rien » disent les gendarmes qui appellent en renfort la police municipale. Deux agents arrivent, et, comme les gendarmes, se contentent de regarder, cependant que E insulte et frappe les gendarmes, que C et D se battent entre eux, et que Madame F essaie de calmer le jeu, tenant tête au jeune D en lui disant : « frappe-moi si tu veux, moi je continuerai à parler avec toi ».
Le jeune D est un écorché vif, il croit que madame F et son mari ont pu acheter leur maison parce qu’ils ont plein de fric. Alors Madame F, calmement, explique que, si elle vient d’acheter sa maison, c’est après 15 ans de mariage, que son mari et elle ont galéré, que son mari est ouvrier comme le père C et que les disputes ne servent à rien. Gendarmes et policiers regardent toujours.
Et D se calme
Finalement le jeune D se calme et même s’excuse.
Le lendemain les gendarmes reviennent avec un procès-verbal, disant encore « On ne sait pas comment réagir, on attend la décision du Procureur » et ils demandent à la jeune femme F : « Comment se fait-il que vous ayez acheté dans un quartier si chaud ? ». Bizarre, personne n’avait encore entendu dire que ce quartier était « chaud » !
« Je ne comprends pas la société, nous a dit la jeune femme F. Ce dont les gens ont besoin, c’est de dialogue. C’est ce que nous avons fait, mon mari et moi. Et la famille C, nous continuons à lui dire bonjour, sans changer de trottoir quand nous la rencontrons. Mais on se demande à quoi servent les gendarmes s’ils ne peuvent rien faire. Ils savent ce qui se passe dans le quartier, avec la drogue et tout, mais ils laissent courir pour ne pas avoir d’ennuis. Nous, nous avons affronté la famille C, bien connue dans le voisinage, nous lui avons montré que nous n’avons pas peur, que nous les considérons comme des êtres humains ». « Et les gendarmes sont venus nous féliciter pour notre attitude, mais qu’attendent-ils pour en faire autant ? Ils ne savent réagir qu’avec de l’agressivité. Les gens en difficulté ont besoin qu’on cherche à les comprendre. Ce n’est pas en les rejetant qu’on fera quelque chose ».
Depuis ce soir d’été 2002, les gendarmes n’ont pas eu à revenir, comme ils le faisaient souvent les vendredis soirs.
" Pour un peu de tendresse Je donnerais les diamants Que le diable caresse .. (J. Brel)
Recueilli par B.Poiraud
Incivilités ordinaires
Au cours des mois précédents, des jeunes s’en sont pris régulièrement aux boites à lettres et coffrets EDF de la Route de Juigné, cassant les pieds des boites à lettres, mettant des pierres dans le trou pour que le propriétaire ne puisse pas remettre sa boite, etc. Ces jeunes étaient connus. Leurs noms ont été donnés à la gendarmerie. Mais celle-ci a prétendu ne pouvoir rien faire. « Il faudrait les prendre sur le fait ». Tu parles, ils ne sont pas là à attendre le passage de la maréchaussée !
« Il faudrait les prendre sur le fait ». C’est ainsi qu’on accroît le sentiment d’insécurité des gens. Mais peut-être est-ce fait exprès ? Car on sait que l’insécurité porte toujours la Droite au Pouvoir . Mais qu’on ne nous parle pas de lutte contre l’insécurité !
Tout l’été, une vitrine de la rue Aristide Briand a arboré des drapeaux : français, berton. Tout l’été des crachats ont maculé la vitrine. Encore de la petite délinquance insupportable.
Dans la nuit du 3 au 4 septembre 2002, l’ACPM (aide aux chômeurs du Pays de la Mée) a été cambriolée pour la troisième fois. Plainte a été déposée. La presse locale n’en a pas été informée. Est-ce de la rétention d’information ? Car depuis que « Monsieur le Maire, cher Alain » est en place, on ne parle plus d’insécurité.
Il y a quelques temps, un propriétaire de chiens, a braqué les responsables du chenil avec un fusil. Les gendarmes, mis au courant, ont dit que l’affaire n’était pas de leur ressort. Ah bon !