(écrit en mars 2000)- Précédente
Grève pour les 35 heures à la Fonderie Focast
35 h pour Valfond
Le PDG du groupe VALFOND, Frédéric ROURE, a présenté aux organisations syndicales sa façon d’appliquer les 35 heures. Pour lui ce sera :
– 35 h payées 35
– recours aux heures supplémentaires
– travail des machines 6 jours sur 7
– pas d’augmentation générale en 2000
– annualisation et/ou modulation du temps de travail
Les organisations syndicales de l’ensemble du groupe Valfond (dont dépend la fonderie Focast à Châteaubriant ) ont appelé les salariés à participer activement à une journée d’action unitaire le vendredi 31 mars, sur les objectifs suivants :
– application des 35 h à tous, sans perte ni gel des salaires
– paiement des heures supplémentaires dès la 36e heure
– 10 % de création d’emplois en CDI avec embauche des précaires
– temps de pause, de casse-croûte et de formation professionnelle compris dans le temps de travail
– deux jours de congés hebdomadaire (samedi et dimanche sont la référence)
– repos de 14 h minimum entre deux périodes de travail
– limitation stricte du forfait aux cadres dirigeants
Un ultimatum a été donné à la Direction Générale pour le 14 avril 2000, pour entamer de sérieuses négociations, date à laquelle l’intersyndicale se réunira de nouveau pour décider des suites à donner à l’action.
Au moment où l’on dit partout que les fonderies manquent désespérément de bras, il n’est pas de bonne politique de désespérer les ouvriers. A moins qu’on ne veuille les inciter à aller travailler ailleurs, dans la région nazairienne par exemple, où les salaires nominaux sont supérieurs de 1500 F aux salaires pratiqués dans la région castelbriantaise .
Ecrit en mai 2000 :
Du travail à plein
En quelques jours les choses ont évolué très vite à la Fonderie Focast.
LE CHAUD : comme dit un communiqué de la CFDT, en date du 9 mai, les premiers rayons de soleil de mai et les week-ends de 3 jours ont été appréciés « car en 3 jours nous avons le temps d’évacuer la pression d’une demande de productivité toujours à la hausse » disent les salariés. « De plus 3 jours à l’air libre ne nuisent pas à notre santé sans cesse exposée à des conditions de travail très dures, et que l’arrivée de la chaleur ne va pas améliorer »
Dans cette entreprise, le combat pour les 35 heures en est à sa phase initiale. « Nous avons besoin de beaucoup de force de persuasion et de solidarité pour éviter LE MASSACRE. Si par malheur la Direction en venait à appliquer les directives du Groupe (35 heures payées 35, ouverture 6 jours sur 7, recours aux heures sup.), il est plus que probable que Focast sombrerait faute de main d’œuvre » dit la CFDT dans son communiqué.
Toujours selon la CFDT, la Direction du groupe Valfond a informé les syndicats de ses difficultés à recruter du personnel, « mais comment pourrait-il en être autrement lorsque les bases de recrutement sont les plus basses du marché (= SMIC), pour des conditions de travail pénibles, et avec un avenir plus que précaire »
80 à 100 licenciements
LE FROID : et puis voilà que, le 10 mai, Pascal Bioret, délégué syndical CFDT, reçoit un appel téléphonique du correspondant nantais de « l’usine nouvelle ». « Que pensez-vous du plan social chez Focast » ? « Quel plan social ? ». L’Usine Nouvelle annonçait 80 à 100 licenciements chez Focast, dans son numéro à paraître le lendemain. Les syndicats demandent aussitôt un Comité d’Entreprise extraordinaire au cours duquel ils apprennent ... la stupéfaction du directeur local, M. Lebret, qui est chargé de monter un dossier sur l’avenir de Focast et ne comprend pas comment le PDG Frédéric Roure a pu prendre une décision de licenciement. Contactée, la journaliste parisienne de l’Usine nouvelle, confirme les propos tenus par Frédéric Roure, et ajoute qu’il a annoncé un plan d’investissements, non encore chiffré, pour le développement de la production de moteurs marins à Châteaubriant.
Chez Focast, c’est la stupéfaction. D’abord parce qu’il y a du travail à plein. Pas forcément rentable il est vrai. « Nous fabriquons des grosses pièces compliquées, pour lesquelles nous sommes en phase de prototype et qui nous coûtent les yeux de la tête. Heureusement que nous avons l’unité mécanisée, petites pièces, qui est bénéficiaire ». Par ailleurs la Direction dit et répète qu’elle ne trouve pas le personnel dont elle a besoin. On compte 18 CDD (embauchés jusqu’Ã fin juillet), 53 intérimaires (avec contrats à la quinzaine), 7 ou 8 contrats de qualif. L’annonce de 80 à 100 licenciements est donc ressentie comme complètement aberrante, surtout si elle s’accompagne de la suppression du secteur petites pièces qui, lui, est rentable.
« L’unité mécanisée travaille 16 heures par jour, dont 4 heures pour rattraper le retard pris sur les commandes : nous avons 21 000 moules de retard »
Sur l’usine Focast, la stratégie du Groupe Valfond est totalement floue. Il n’y a aucun commercial à Châteaubriant, les commandes prises à un niveau central sont réparties sur les sites où elles seront les plus rentables. Il n’y a pas, non plus, de « Chef du Personnel » sur place : celui qui existe partage son temps entre deux entreprises du groupe « Nous n’avons pas d’interlocuteur, nous avons sans cesse l’impression d’un bateau à la dérive. De plus on nous annonce que des décisions seront prises d’ici septembre : cela fait 3 mois d’attente, trois mois à se demander qui va être licencié. Bonjour l’ambiance » dit Pascal Bioret
Selon la CFDT, hier le patron du Groupe, Michel Coencas, n’avait pas le temps de s’occuper de ses entreprises puisqu’il passait son temps à augmenter le périmètre de son groupe, par des acquisitions douteuses ou des entreprises à bon marché. Les années ont passé et la justice, par le biais d’une interdiction de gérer, a contraint Michel COENCAs à vendre son groupe (Valfond) à l’Union des Banques Suisses.(UBS) - ce qui, à l’origine, semblait une aubaine pour financer les investissements indispensables au maintien de l’outil de travail chez FOCAST. En fait, c’est devenu un cauchemar pour les salariés : le groupe financier UBS estime avoir acheté VALFOND pour un prix trop élevé (erreur étonnante de la part de la 3e banque mondiale !) et veut à tout prix rentrer dans ses frais le plus rapidement possible.
A tout prix ... ...
Fumel : 300 en bas
Frédéric ROURE, PDG du Groupe Valfond, vient d’annoncer la suppression de 300 postes de travail (sur 800) à l’usine SADEFA de Fumel (Lot et Garonne) qui a accumulé des pertes de 220 millions de francs ces 10 dernières années. Le plan social prévoit le reclassement d’une centaine de salariés. En même temps, il est question d’un plan d’investissement de 180 millions sur 5 ans
! ! !
Selon « L’usine Nouvelle » du 11 mai 2000, le Groupe Valfond a été acquis par l’Union des Banques Suisses pour 1,5 milliard de francs. « Une fédération de PME sans cohérence industrielle ni commerciale, des sites en perdition affichant des pertes énormes, des mauvais résultats, une image entachée par la réputation sulfureuse de son précédent actionnaire » (NDLR : c’est-Ã -dire Michel Coencas)
Le PDG, Frédéric ROURE a présenté à l’encadrement, le 2 mai dernier, tout un plan de réorganisation selon lequel Valfond serait scindé en 3 divisions : l’industrie, les équipementiers, et les constructeurs automobiles. La division industrie concerne le poids lourd, le machinisme agricole, les travaux publics, les gros moteurs marins : 5 usines dont Fumel et Châteaubriant.
Note du 7 juin 2000 :
FOCAST
« Les journalistes de L’Usine Nouvelle m’ont mal compris. Je n’ai pas évoqué des licenciements à Châteaubriant, ni la fermeture du secteur petites pièces », a dit Frédéric ROURE, PDG du groupe Valfond, qui, en cette affaire, parle pour ne rien dire. « On attend, disent les salariés, mais on ne sait pas ce qu’on attend »
Un projet allemand ?
(texte publié le 11 novembre 2000)
Le devenir de la fonderie Focast est une question permanente qui marque la vie économique et sociale de l’agglomération castelbriantaise. Dans un communiqué l’Union Locale CGT dit que « cette réalité ne peut pas conduire à la conclusion qu’il n’y aurait pas d’avenir pour la fonderie. ». Elle affirme au contraire que toutes les possibilités de maintien et de développement de la fonderie doivent être examinées et plaide pour que « le site actuel soit modernisé, pour répondre aux critères d’hygiène et de sécurité auxquels les salariés peuvent prétendre, et aux obligations environnementales, notamment en utilisant des procédés de dépollution et de filtrage qui permettent que se côtoient l’industrie et le respect de l’écologie » (1)
Un rachat ?
C’est à partir de là que la CGT appréhende les informations relatives à un rachat de la fonderie FOCAST par une société allemande. " Ce rachat éventuel pose plusieurs questions :
1.- vise-t-il à une appropriation des parts de marché actuellement occupées par la Focast ? Dans ce cas, il est évident que le danger de délocalisation des productions existe. Un tel choix aurait immanquablement des conséquences dramatiques pour l’emploi des salariés et affaiblirait l’économie castelbriantaise qui a déjà trop souffert de coupes sombres dans son tissu industriel.
2.- Le rachat répond-il à une motivation de développement des activités de la Fonderie Focast ? Dans ce cas, il convient d’examiner la double possibilité de modernisation du site ou d’une implantation nouvelle, moderne, dans l’agglomération castelbriantaise. Cette seconde hypothèse est parfaitement réalisable. Elle nécessite un dialogue avec la municipalité et l’ensemble des partenaires sociaux notamment des organisations syndicales représentatives dans l’entreprise « La CGT affirme suivre ce dossier » pour assurer la pérennité des savoirs et savoir-faire utiles au développement de l’économie locale "
La municipalité ...
au plus haut niveau
De son côté, la municipalité de Châteaubriant rappelle qu’elle est intervenue à maintes reprises auprès des services de l’Etat pour faciliter les demandes de Focast. " Ces deux dernières années, la Ville a procédé à des négociations foncières en zone industrielle Nord afin que les meilleures conditions d’accueil soient toujours assurées à la société FOCAST. début septembre 2000, le président du Conseil Régional, le président du Conseil Général et Martine BURON ont conjointement écrit à M. ROURE PDG du groupe Valfond pour lui signifier leur totale disponibilité pour appréhender le projet de transfert.
Martine BURON et ses collaborateurs suivent actuellement, et au plus haut niveau, les réflexions du groupe Valfond quant à la recherche de nouveaux partenaires pour Focast.
Il s’agit en effet d’accompagner ce dossier pour que les démarches de l’actionnaire actuel, au demeurant très attentif et ouvert, s’orientent vers le meilleur projet technique et social de développement pour Focast à Châteaubriant
NDLR : on peut se demander s’il est raisonnable d’envisager la modernisation du site actuel de la Fonderie Focast ou s’il ne faut pas, plutôt, maintenir l’outil en état en attendant de construire une usine moderne et rationnellement organisée.