Ecrit le 7 décembre 2016
Chacun sait que le cœur (du latin cor- cordis qui signifie cœur, et... estomac !*) est l’organe qui préside dans notre corps à la circulation du sang : il est constitué d’un muscle, le myocarde, doublé de l’endocarde et du péricarde et divisé en deux parties qui présentent chacune deux cavités communiquant entre elles (oreillette en haut, ventricule en bas). Il fonctionne comme une « pompe » aspirante et foulante et forme avec le cerveau et le poumon le « trépied » de la vie.
En raison de sa forme, il figure dans de nombreuses expressions : son amie avait une charmante petite bouche en cœur ; notons ici que dans l’expression arriver la bouche en cœur, ce n’est pas tant la forme qui est évoquée que l’intention d’amabilité (véritable ou feinte) qui anime le personnage. Elle a trouvé un coquillage en forme de cœur. Elle porte un corsage décolleté en cœur.
Les expressions cœur de bœuf, cœur de pigeon s’appliquent à une variété de tomates pour la première et à une variété de cerises (la bigarreau) pour l’autre en raison de leur forme.
Dans un jeu de cartes se trouvent l’as, le roi, la reine et le valet de cœur ainsi que les cartes qui portent les chiffres de 2 à 10 en forme de cœur. « Tu as dit tu nous fends le cœur pour lui faire comprendre que je joue à cœur. Et alors, il joue cœur, parbleu ! ». Qui ne connaît pas cette réplique de Panisse dans la pièce de Pagnol intitulée Marius ?
Un cœur d’artichaut se trouve au centre de ce légume (on désigne aussi par ce terme une personne qui tombe souvent amoureuse en « effeuillant la marguerite »), comme le cœur de la salade, les cœurs de palmier et le cœur de la rose.
Le mot cœur désigne aussi le centre d’un réacteur nucléaire, le « moteur » d’une entreprise, le fin fond d’une forêt, le milieu de la nuit, le pic de l’été, de l’hiver ou d’une autre saison, et le centre-ville.
Si le cœur vous en dit, j’aurai à cœur de consacrer dans cette rubrique une voire deux autres pages à ce mot utilisé si fréquemment dans notre langue.
*Quand on est écœuré par un plat, que sa vue nous soulève le cœur, qu’on a le « cœur barbouillé », on dit qu’on a mal au cœur, mais c’est l’estomac qui est en cause.
DEVINETTES : de qui était la devise « A cœur vaillant, rien d’impossible » ?
Qui- et dans quel livre- a écrit « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux » ?
Quel autre auteur a écrit : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas » ?
Elisabeth Blondel
Ecrit le 14 novembre 2016
Dans l’Antiquité, le cœur était considéré comme le siège du courage, de la sensibilité, de l’affectivité et de la pensée.
Quand dans Le Cid, la célèbre tragédie de Racine, don Diègue demande à son fils « Rodrigue, as-tu du cœur ? », il veut savoir s’il est animé par le courage qui lui permettra de laver l’affront qu’il vient de subir. De même, quand quelqu’un a du cœur au ventre, cela signifie qu’il a du courage ( le ventre désignant ici le corps, la poitrine, la tête et pas seulement l’abdomen).
On dit de quelqu’un qui n’est pas sensible qu’il a le cœur dur, sec, voire qu’il n’a pas de cœur (c’est un sans cœur) et à l’inverse, on dira d’une personne sensible qu’elle a bon cœur, le cœur tendre, un cœur d’or, d’un homme généreux, qu’il a le cœur sur la main.
Le cœur est le siège des sentiments en particulier de l’amour : « Si tu veux faire mon bonheur, Marguerite, Marguerite, ( ou un autre prénom), si tu veux faire mon bonheur, Marguerite, donne-moi ton cœur » dit la chanson. A la vue de l’être aimé, le cœur s’emballe, il bat la chamade (il bat vite et fort à l’image du battement rapide d’un tambour signalant qu’une trêve était demandée). Il l’aime de tout son cœur, lui ouvre son cœur, lui parle à cœur ouvert, cœur à cœur, il a le cœur sur les lèvres (il parle franchement, du fond du cœur).
Le cœur est aussi le siège de la tristesse :
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?
écrit Verlaine en 1874 dans une de ses Romances sans paroles.
Le cœur est enfin un mode de connaissance intuitif qui se distingue de l’intelligence rationnelle : c’est mon cœur qui me le dit ; il a l’intelligence du cœur, « Il faut chercher la vérité avec son cœur et non avec son esprit » (Bernardin de Saint-Pierre). Elle le connaît par cœur, elle veut en avoir le cœur net (vérifier si ce dont elle a l’intuition correspond bien à la réalité).
DEVINETTES :
D’où viennent les expressions apprendre par cœur et si le cœur vous en dit ? (2)
Elisabeth Blondel
Ecrit le 21 décembre 2016
Un dernier coup de cœur
Le mot cœur entre dans la composition d’expressions concernant des domaines très variés.
Dans les années 20, une mèche de cheveux formant une boucle plate sur les tempes s’appelait un accroche-cœur ; cela est passé de mode aujourd’hui !
Un cache-cœur, souvent tricoté à la main, est un vêtement destiné aux bébés et utilisé aussi dans l’habillement féminin : il se croise sur la poitrine et se ferme dans le dos.
Un avant-cœur est une tumeur qui survient au poitrail d’un cheval ou d’un bœuf.
Un crève-cœur désigne, dans le style soutenu, une grande peine mêlée de regrets qui déchire le cœur, une affliction, et, dans un style plus familier, une peine accompagnée de dépit.
Faire quelque chose à contre-cœur est une locution qui signifie faire quelque chose à regret, à son corps défendant.
Quand on a des hauts-le-cœur, on éprouve une répugnance, un dégoût physique pour un aliment ou une attitude. Inversement, un coup de cœur marque une attirance soudaine pour quelque chose ou quelqu’un - pas seulement dans le domaine de l’amour.
Enfin, s’en donner à cœur joie signifie qu’on profite abondamment de quelque chose jusqu’Ã satiété.
DEVINETTES :
Qu’est-ce qu’un rai-de-cœur ?
Qui a pour nom de scène cœur de pirate ?
Elisabeth Blondel