Ecrit le 12 octobre 2004
L’emploi en Plasturgie à Châteaubriant
Le 4 octobre 2004 la CFDT « chimie énergie » a distribué un tract dans toutes les entreprises de ce secteur, appelant à la syndicalisation, à une politique européenne « favorable à l’emploi durable », à un « Etat impliqué et responsable », et à la « responsabilité sociale et territoriale des entreprises ».
Depuis deux ans les effectifs salariés de la Plasturgie sont en baisse, d’après Jean Paul Couroussé : « délocalisations, augmentation des cadences, mise en place de robots. Les entreprises emploient environ 30 % d’intérimaires »
A cette occasion la CFDT a fait le point sur certaines entreprises locales.
Novembal
(115-120 salariés) « la Direction voulait à tout prix passer aux 5 x 8, quitte à y mettre le prix ». Trente salariés ont refusé les substantielles modifications de leur contrat de travail : ils ont été licenciés. A leur place Novembal a embauché 14 personnes. « Nous avions aussi 22 intérimaires : ils viennent d’être remerciés, y compris ceux qui étaient en formation depuis un mois ». D’après les salariés de l’entreprise, le groupe Tetrapack, actionnaire majoritaire, dont les commandes représentent 60 % de la charge de travail de Novembal, a quelques difficultés avec ses emballages, ce qui retarde la mise en fabrication des bouchons. « Vu les investissements faits, on va démarrer, mais ça tarde ! »
« Pour ceux qui font les 5 x 8 nous avons tiré un maximum de primes. Pour certains salariés cela peut faire 20 % de salaire en plus. ». Avec le système 5 x 8 les salariés travaillent 6 jours et ont 4 jours de repos. « Finalement nous n’avons un week-end que toutes les 4 à 5 semaines. C’est pénible pour la vie de famille et la vie sociale. Mais c’est physiquement moins dur à supporter qu’une semaine de nuit ».
A part la volonté de passer aux 5 x 8, les salariés ont du mal à comprendre : « La Direction a démonté des machines d’ici pour les installer dans l’usine de Les Chères, près de Lyon. Mais comme là -bas ça n’a pas bien marché, les machines sont revenues ici. Quel gaspillage ! ».
« Le directeur de site et le directeur des ressources humaines, avec lesquels nous avons négocié, ont déjà quitté l’entreprise ! Ce manque de continuité nous inquiète d’autant plus que nous avons entendu un directeur nous dire : »mon successeur se débrouillera« »
RBL Plastiques
(110 salariés) l’entreprise fut novatrice en matière de réduction du temps de travail, dès la loi de Robien (juin 1996) mais tous les avantages des salariés ont été supprimés (notamment les primes). Le patron a fait appliquer les 35 heures quand la loi a été promulguée. Mais à partir du 15 décembre, il ne touchera plus les aides financières légales. « Nous craignons qu’il ne remette en cause l’accord des 35 heures » dit Philippe Bouteillé, délégué syndical CFDT. Deux demandes de chômage partiel ont été présentées par l’entreprise pour juin-juillet et septembre octobre 2004. Elles ont été acceptées mais pas utilisées.
« Le patron a racheté Thermonor, à Douvrins (62). Nous nous inquiétons de voir partir là -bas des fabrications créées à Châteaubriant ». L’entreprise a connu 6 licenciements en février 2004 « des salariés ayant de l’ancienneté, qui ont d’abord été changés de poste et ensuite licenciés. Ici les salariés restent peu de temps » - « Cela pose la question de la qualité de l’emploi » dit Jean-Paui Couroussé.
« Ici la Direction a contribué à faire créer des formations de jeunes par alternance, mais cela ne sert pas à grand chose : les jeunes, quand ils ont le Bac-Pro continuent pour une formation plus élevée et, de toutes façons, quittent la ville. La formation donnée dans l’entreprise n’est pas satisfaisante : c’est plutôt de la main d’œuvre à pas cher ».
Promoplast
« Ce n’est pas l’euphorie » dit Jean-Paul Couroussé. « Ici il n’y a pas de réduction du nombre de postes car l’entreprise a rapatrié ce qu’elle donnait à des sous-traitants ». Un nouvel accord de réduction du temps de travail a été signé en juin 2004 avec l’assentiment d’une majorité du personnel.
Peguform
Une rencontre a eu lieu le 22 septembre 2004 avec les clients Renault et Peugeot, pour rechercher le moyen de sortir du « bourbier américain » et trouver un nouvel actionnaire en replacement de l’actionnaire américain Venture.
Nouvelles classifications en Plasturgie
Date à retenir : 15 avril 2006
La date du 15 avril 2006 sera une date importante pour les 160 000 salariés de la plasturgie en France et pour les quelque 1200 salariés des entreprises locales : Novembal, RBL, Team Plastiques, Trio-Plast, Cadence innovation (ex-Peguform), Atlas, (23 entreprises) etc.
C’est en effet à partir du 15 avril que TOUTES les entreprises de plasturgie de France doivent mettre en place une « commission classifications » composée à égalité des représentants employeurs et salariés.
La FCE-CFDT (fédération chimie énergie) s’efforce actuellement de populariser le nouvel accord salarial à la discussion duquel elle participe depuis plus de 10 ans. Signé le 16 décembre 2004, étendu le 15 avril 2005, l’accord bouleverse totalement les classifications anciennes. désormais c’est un emploi qui sera classé, et pas un poste de travail ou une personne.
Un exemple :
« magasinier-cariste » : c’est un emploi.
– Magasinier : c’est un poste de travail
– cariste : c’est un poste de travail
Critères
L’accord prévoit que chaque emploi sera évalué sur 5 critères :
– Connaissances à maîtriser
– Technicité
– Animation/encadrement
– Autonomie
– Traitement de l’information.
Pour chaque critère il existe plusieurs degrés. Par exemple, le critère « connaissances » va du degré 1 (l’emploi nécessite des notions d’écriture et de calcul), au degré 7 (niveau bac + 5 ou expérience professionnelle équivalente).
Chacun des emplois de l’entreprise devra être évalué, de façon paritaire. Les points seront additionnés et le total permettra de déterminer le coefficient servant au calcul des salaires.
Les salariés auront le droit de connaître, critère par critère, le nombre de points correspondants à l’emploi qu’ils occupent. La nouvelle grille de classification devra être prête pour le 15 octobre 2006.
Il s’agit là d’un bouleversement complet, au point qu’une même formation va être dispensée aux chefs d’entreprises et aux salariés, pour qu’ils parlent de la même chose.
Par ailleurs le mode de calcul de la prime d’ancienneté est changé : la prime est calculée sur la base de 0,8 % par an.
Enfin, il n’y aura plus, en plasturgie, des coefficients correspondants à un salaire inférieur au SMIC. Le premier degré salarial sera toujours supérieur au SMIC (pour 35 h par semaine) et une formule de calcul détermine le salaire des coefficients suivants.
Sur la photo ci-contre Jean Paul Couroussé est le premier à gauche, debout et Jacques Groussin est debout tout à droite.
Pour tout renseignement :
Jean-Paul Couroussé, responsable
syndical - 02 40 44 66 03
Jacques Groussin, négociateur national
06 89 56 22 85
Et les sections syndicales des entreprises.