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écrit le 29 octobre 2003
A la suite d’un article de La Mée sur la Foire de Béré, et le fait que 53 jeunes aient choisi des métiers du Bâtiment, un de nos lecteurs, retraité, a réagi : « J’ai longtemps travaillé dans le bâtiment. J’ai compris qu’il y avait deux obligations : se taire et ne pas s’asseoir » dit-il de façon imagée, pour dénoncer les conditions de travail.
Ce point de vue rejoint un article publié dans l’excellent journal « PLPL » dont le numéro 16 est consacré aux « intellectuels à gages ».
En page 11, PLPL publie le reportage d’une journaliste du Monde, en date du 12 juin 2003, consacré à la réfection d’un immeuble parisien, dans le cadre d’une opération « portes ouvertes » organisée par la fédération française du bâtiment comme une opération de communication.
Cette journaliste écrit poétiquement :D’ici quelques jours on posera là des escalators. Un bloc de parpaing se balance en plein ciel. Puis descend doucement, suspendu à sa chaîne, elle-même attachée au bras dune grue verte. Dans cet univers géométrique, un pigeon passe, traçant une invisible courbe, parmi les coulées de soleil et le bruit des marteaux-piqueurs. (1)
Des bâtiments d’origine, il ne reste que les façades du XIXe siècle. Tout le reste a été démoli. Ou plutôt « déconstruit », comme le rectifie en souriant un des chefs de chantier. Il a fallu deux mois pour y parvenir, en comptant l’évacuation des tonnes de gravats (environ 600 m3 par jour). Au total, 130 hommes auront oeuvré ici, durant 65 000 heures, au cours desquelles ils auront coulé 5 600 m3 de béton, et aligné 25 000 m2 de plancher. Sans compter tous les kilomètres de « tripaille électrique », de gaines et de tuyaux.Ce n’est pas seulement pour la satisfaction d’énoncer des chiffres aussi titanesques que les professionnels du bâtiment se réjouissent de cette journée spéciale (2) . C’est aussi dans l’espoir de modifier quelques idées reçues : « Dès qu’on dit » maçon « les gens voient tout de suite le gars avec son litre de rouge, explique l’un d’eux. Alors que ce n’est plus du tout ça. En plus, il y a une énorme variété de métiers sur un chantier, de l’électricien au couvreur » . Il raconte aussi comment, depuis une quinzaine d’années, un gros effort a été accompli en matière de sécurité : « C’est devenu un vrai défi pour les entreprises. Par souci de leurs employés, bien sûr, et aussi, il faut bien le dire, parce que les accidents leur coûtaient de l’argent. » Un second ajoute : « Ce secteur souffre d’un déficit de vocations. Peut-être à cause des difficultés du travail : les intempéries, les trajets. C’est vrai qu’il y a un côté nomade, on passe d’un chantier à un autre. Mais c’est aussi cela l’intérêt : à chaque fois, on refait un peu le monde. »
(1) Quand une journaliste se déplace sur un chantier, c’est d’abord pour exercer sa verve poétique. Recueillir des propos d’ouvriers parlant de leurs conditions de travail aurait répandu dans le supplément culturel du Monde une suffocante odeur de sueur. A peu près au moment où la reporter du Monde s’épanchait sur la trajectoire des pigeons, l’enquêteur de PLPL notait dans son carnet : « Le chef d’équipe intérimaire du chantier s’est cassé une jambe en essayant de guider seul un coffrage de poteau tenu par la grue. S’il le guidait seul ce qui est évidemment dangereux, c’est qu’il était stressé en permanence, faisant de nombreuses heures supplémentaires car on lui imposait une cadence intenable. J’ai appris que deux coffreurs étaient morts en décembre sur le chantier Peugeot- Citroë n dans l’ouest parisien. Le chef d’équipe intérimaire qui s’est ensuite cassé la jambe y travaillait également et il commentait ainsi l’accident : "[l’entreprise] pousse, pousse, te fait aller plus vite, c’est ça le truc : les mecs ils ont serré trop vite et voilà ... " »
(2) Ces chiffres, dignes d’une brochure publicitaire, incitent davantage à s’émerveiller des prodiges réalisés par les entreprises de la fédération française du bâtiment que ceux révélés par l’enquêteur du journal PLPL : en 2000, le secteur du BTP totalisait officiellement 21 % des 48 000 accidents du travail ayant entraîné une incapacité permanente dénombrés en France, et 26 % des 730 accidents ayant causé un décès, alors que les salariés du BTP ne représentaient que 7 % du total des effectifs salariés. La même année, il y a eu dans le BTP un accident du travail avec arrêt pour dix salariés, et un accident du travail ayant entraîné une incapacité permanente pour 120 salariés (Source : Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés). Les chiffres d’accidents du travail, y compris mortels, augmentent depuis quelques années. Mais les journalistes préfèrent enquêter sur des sujets plus graves : « 10 millions de célibataires en quête de l’âme soeur : la rencontre de votre vie. Comment s’y préparer, la reconnaître, la réussir » (couverture du Nouvel Observateur du 08.08.02), « Sexologie. enquête sur une profession suspecte. Notre liste des meilleurs sexologues » (couverture du Point du 09.08.02), « Spécial Paris coquin » (couverture du Point du 08.08.02), « Été pourri comment sauver vos vacances. » (couverture du Parisien du 12.08.02), « La réussite de Paris-plage » (couverture du Monde du 18.08.02 . Et comme l’a établi scientifiquement PLPL, TFI n’a diffusé au cours de ses journaux télévisés de l’année 2001 que deux reportages sur les accidents du travail, contre 1190 sur la délinquance et l’insécurité PLPL n* 16, septembre-octobre 2003 - page 11. Adresse BP 70072 F-13192 Marseille Cedex 20.Site internet : www.plpl.org
Ecrit le 29 octobre 2003 :
Crise des vocations
La fédération française du bâtiment, (FFB) proche du Medef, est consciente que des journées « portes ouvertes » ne suffiront pas à convaincre les jeunes d’aller travailler dans le bâtiment. Un responsable de la FFB a précisé à l’enquêteur du journal PLPL : « La FFB serait partisane d’une évolution des textes qui permettrait de ... disons, peut-être, de détecter différemment les jeunes qui pourraient entrer dans nos métiers (...). Il s’agit peut-être de faire des textes un peu plus coercitifs pour, finalement, obliger certains jeunes à choisir des formations »Il a dit .....coercitifs .... ?
Ecrit le 29 octobre 2003 :
pénalités
Sans doute a-t-il été entendu car François Fillon prépare une nouvelle mesure qui devrait le rendre définitivement populaire chez les chômeurs : après avoir diminué la durée de leurs allocations, il planche sur un système, proche du dispositif anglais, que recommande le rapport Marimbert (Ã paraître prochainement) qui instituerait des pénalités pour les chômeurs refusant un emploi.Vraiment, il ne fait pas bon être chômeur. Mais qui donc crée le chômage ? Il n’existe pas de pénalités pour les licencieurs ?
Ecrit le 29 octobre 2003 :
Bâtiment
Alors que le chômage a progressé de 5,9 % d’août 2002 à août 2003, la comparaison des lois de finances 2003 et 2004 montre que les budgets d’aide aux personnes en difficulté baissent .
Ecrit le 29 octobre 2003 :
Logement
L’effort de l’Etat en faveur des ménages modestes (aides personnelles, etc.) passe de 5,349 milliards d’€ à 5,167 (- 3,4 %). De même, l’enveloppe consacrée au parc locatif social s’élève à 458 millions d’euros, contre 474 l’an passé. Enfin, l’Etat programme une dépense de 552 millions d’euros "pour l’accession à la propriété" alors que, en 2003, il avait inscrit 778 millions pour les prêts à taux zéro.
Ecrit le 29 octobre 2003 :
Travail et affaires sociales.
Le volet "publics prioritaires", qui englobe les dispositifs d’aide aux personnes en difficulté (CES, CEC, emplois jeunes...), enregistre une baisse de 11,5 % par rapport au précédent exercice budgétaire, d’après la fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars). Le nombre de CES passe de 240 000 à 170 000 et celui des CEC de 25 000 à 15 000