Je veux ta terre, eh ! moucheron !
pétition pour l’installation d’un Jeune
A Erbray, un jeune veut s’installer en viande bovine mais l’exploitation familiale n’est pas assez importante pour faire vivre deux familles. Aussi, le fils, qui a une bonne formation agricole (baccalauréat + 3 ans d’études) se porte candidat pour la reprise d’une exploitation voisine d’une surface de 45 ha. La SAFER a préempté, comme elle le fait d’habitude.
Malheureusement, ce jeune se trouve en concurrence avec un non-agricole qui n’hésite pas à mettre la surenchère financière : en 7 ans, sans aucune amélioration, la valeur de cette propriété a augmenté de plus de 80 %.
L’acheteur non-agricole, du genre « cow-boy », bien connu à Châteaubriant, a une activité dans le domaine automobile, Il disposerait de plus de 150 ha en partie reboisés, le reste en prairie pour l’élevage de chevaux et souhaite réserver pour la chasse, pour lui et ses amis, la majeure partie de la forêt de Juigné. Le monde paysan a ses règles de fonctionnement, mais il n’en a cure, il croit que tout peut s’acheter à coups de billets de 500 F qu’il sort en liasses de ses poches.
Mais tout ne s’achète pas : "Le monde n’est pas une marchandise* dirait José Bové, C’est l’installation d’un jeune et la survie d’une exploitation agricole qui sont désormais en jeu. L’affaire a été portée devant le Tribunal de Grande Instance, mais ça traîne. Et le jeune agriculteur est en attente d’une terre pour s’installer et travailler
En 1995, La Loire Atlantique installait près de 250 jeunes par an. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 180 à s’installer chaque année. Combien d’exploitations avons-nous perdues ? Combien d’emplois ont ainsi disparu en toute indifférence ?
L’installation de jeunes en agriculture est une priorité et pour qu’elle se concrétise, les candidats ont besoin d’être soutenus.
« Nous défendons le maintien de la vocation agricole de cette exploitation » dit la Confédération Paysanne qui appelle à signer une pétition pour apporter un soutien à Mathieu TESSIER et à son projet.
Contacts :
Mathieu Tessier au 02 40 55 03 41
Damien Nicolazic au 02 40 16 39 60
Ecrit le 2 juillet 2003 :
La Course à la terre
« Chirac abandonne la petite et moyenne agriculture » dit la Confédération Paysanne dans un communiqué du 27 juin 2003, au lendemain de l’annonce de la réforme de la politique agricole commune (PAC).
Elle explique que cette réforme « n’est en rien animée par l’avenir de l’agriculture. La seule préoccupation est d’éviter que l’agriculture ne gêne les négociations de l’OMC, à Caucun, en septembre 2003 » [ndlr : l’OMC c’est l’organisation mondiale du commerce].
Pour la Confédération Paysanne, la politique européenne est « davantage motivée par la volonté de vendre de la technologie aux pays en voie de développement, que par la défense de la qualité des produits qui seront dans notre assiette demain, et par le niveau de vie des agriculteurs »
On va bouffer
« Il est bien évident, poursuit le communiqué, que pour les années à venir, il y aura bien moyen de bouffer, mais peut-être plus de manger. Les accidents alimentaires que nous avons connus (vache folle etc ....) n’ont fait réfléchir personne, et il est évident que cette politique en provoquera d’autres »
Il s’agit de la fin de la politique agricole commune « et enfin nous arriverons peut-être à une France sans agriculteur. Peut-être restera-t-il quelques espaces d’industrie agricole, avec toutes les conséquences sur l’emploi, le paysage et l’avenir de notre planète » dit la Confédération
La fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) annonce : « Nous sommes profondément déçus, mais pas abattus » et ajoute : « Il est de notre responsabilité d’accompagner les centaines de milliers d’agriculteurs français, afin qu’ils puissent s’organiser et d’adapter » afin qu’il y ait « le moins de dégâts possible ».
Encore plus
Chez les Jeunes Agriculteurs, syndicat proche de la FNSEA, en pointe sur le dossier de l’installation des jeunes, les réactions sont nettement plus radicales. Jérôme DESPEY, son président, se dit « abasourdi ». « La semaine dernière, le projet n’était pas acceptable : il l’est devenu alors qu’il est pratiquement inchangé », souligne-t-il. « Concrètement, tous les agriculteurs vont se mettre à la recherche de terres auxquelles des références historiques seront attachées », regrette-t-il.
Cette course à l’agrandissement, aura des conséquences sur l’installation des jeunes agriculteurs. « On donne jusqu’Ã 2007 aux agriculteurs pour s’agrandir », dénonce Brigitte ALLAIN pour la Confédération Paysanne.
Concrètement, la réforme « ne changera rien » pour les céréaliers, dit-on chez les producteurs de blé, dont les intérêts ont été préservés par l’absence de baisse du prix des céréales. Les agriculteurs (y compris les plus gros bénéficiaires) continueront à toucher la même somme que par le passé. Seule une modulation de 3 %, appliquée à partir de 2005, puis augmentée à 5 %, écrêtera ces aides afin de financer des actions de développement rural ou de mises aux normes des exploitations. C’est du moins ce qui est annoncé.
« Ces mesures d’éco-conditionnalité (respect de l’environnement, du bien-être animal, de la sécurité alimentaire) sont des »voeux pieux« dit Brigitte ALLAIN : »Rien n’est défini dans l’accord. Et l’on sait très bien que le premier volet va encourager le productivisme et l’agrandissement. « L’accord a été signé pour être compatible avec l’OMC. Nous devons continuer à nous battre pour une vraie réforme de la PAC », conclut-elle.
Le PS dénonce un accord « qui consolide l’inégale répartition des soutiens publics aux agriculteurs » et « accentue la libéralisation des marchés par de nouvelles baisses de prix, notamment dans le secteur laitier ».
Le PC parle de « coup de massue ».
Pour les Verts, le « meilleur » (éco-conditionnalité, modulation) « côtoie le pire », notamment le « risque d’accélérer la concentration des exploitations et de figer les inégalités existantes ».
Pour le gouvernement, dont le revirement a surpris, « la réforme de la PAC doit inciter les agriculteurs à produire en fonction des besoins du marché et des coûts de production, et non pas selon le montant des aides ».
Il n’empêche que cette réforme est clairement engagée en vue des discussions qui doivent se tenir à Caucun en septembre prochain, pour tenir tête aux Etats-Unis, mais aussi aux pays en développement et aux exportateurs du « groupe de Cairns » (Australie, Nouvelle-Zélande, etc., très libéraux) qui ne se privent pas pour dénoncer les subventions dont bénéficient les agriculteurs européens ... mais ne remettent pas en cause le soutien massif que le gouvernement des USA accorde à ses « farmers ».