Ecrit le 14 janvier 2004 :
LE STRESS
Près d’un salarié sur quatre souffrirait d’un excès de stress, ou « sur-stress », représentant un facteur de risque pour sa santé, selon une étude menée en 2003 auprès de 11.852 salariés par l’Institut français de l’anxiété et du stress (Ifas) pour Enjeux Les Echos et France Inter.
Les femmes paraissent plus vulnérables 34 % d’entre elles affirment ressentir un « sur-stress » au travail contre 20,2 % des hommes, selon l’étude faite sous forme de questionnaire anonyme lors de la visite annuelle de médecine du travail.
Ce stress n’est pas n’est pas seulement professionnel puisque 41 % des hommes et 50,7 % des femmes pensent que l’origine de leur stress provient à la fois de leur vie professionnelle et personnelle, souligne Enjeux Les Echos dans son édition du 7 Janvier 2004..
En 2202, un rapport de l’Agence européenne de sécurité et de santé au travail, estimait que ce mal touchait alors quelque 41 millions de personnes dans l’union européenne et coûtait près de 20 milliards d’euros par an en termes de temps de travail perdu.
Qu’est ce que le stress ?
Ce n’est ni la peur, ni la phobie, ni l’angoisse, ni l’anxiété.
La peur : phénomène psychologique à caractère affectif marqué qui accompagne la prise de conscience d’un danger réel ou imaginé, d’une menace. C’est donc une réaction émotionnelle face à un danger réel ou imaginaire.
La phobie : peur anormale ou démesurée d’une situation ou d’un objet.
L’angoisse : malaise psychique et physique, né du sentiment de l’imminence d’un danger, caractérisé par une crainte diffuse pouvant aller de l’inquiétude à la panique et par des sensations pénibles de constriction"š épigastrique ou laryngée. Terme souvent employé pour les manifestations physiques qui surviennent par crises.
L’anxiété : état d’angoisse (considéré surtout dans son aspect psychique). Ce serait donc une disposition d’esprit permanente et cela concernerait plutôt des symptômes psychiques que physiques. L’anxiété est souvent une peur sans objet et toujours une peur sans issue.
Le stress est une réponse de l’organisme aux facteurs d’agressions physiologiques et psychologiques ainsi qu’aux émotions qui nécessitent une adaptation.
L’anxiété et le stress se situent à deux niveaux différents. L’anxiété est une émotion. Le stress fait toujours référence à une situation dans laquelle on se trouve et qui nous oblige à nous adapter, mais il ne peut être réduit à une émotion.
Par exemple, le pilote de ligne qui atterrit est stressé à cause de la responsabilité vis à vis des passagers de l’avion, mais il n’est pas anxieux car il maîtrise la technique. Quand la cause du stress cesse, la réaction de stress disparaît alors qu’une personne anxieuse, même de retour chez elle ou en week-end, continue de ressentir des manifestations d’inquiétude ou de tension.
Le stress en entreprise
– D’après une étude du Credoc : le nombre de stressés a doublé en dix ans.
– 30 % des salariés souffriraient du stress professionnel (63 % des cadres)
- 80 % des demandes de mutation viennent de problèmes relationnels.
– Aux Etats Unis, le stress représente environ 60 % du taux d’absentéisme. Les Américains ont chiffré à 60 milliards de dollars le coût du stress dans les entreprise.
Les dégâts du stress sont de plus en plus évidents : du mystérieux syndrome d’épuisement des jeunes Américains nommé « Burn out »( Brûlure interne ), au spectaculaire « Karoshi »( mort subite ) des Japonais, en passant par l’état de mal - être des Français.
Psycho ... trop !
L’OPEPS (office parlementaire d’évaluation des politiques de santé), s’est intéressé, fin juin 2006, aux médicaments psychotropes et a conclu : « les Français consomment trop de psychotropes et y recourent deux fois plus fréquemment que la moyenne des pays européens » : un Français adulte sur quatre fait usage d’au moins un psychotrope au cours de l’année et la propension à y recourir augmente avec l’âge, particulièrement chez les femmes. En revanche, la France se situe dans la moyenne des autres pays européens pour la consommation de psychotropes par les enfants et les adolescents, voire parfois en deçà pour certains traitements, tel que celui de la Ritaline.
Par ailleurs, il faut savoir qu’il y a beaucoup de patients qui ne sont pas traités malgré une souffrance psychique avérée.
Mais pourquoi ?
Les experts sollicités dans le cadre de cette étude, font un constat : « les troubles psychiatriques sont plus nombreux en France que dans les autres pays, en contradiction avec l’image d’une France où il fait bon vivre ».
Parmi les facteurs favorisant la consommation des médicaments : l’insuffisance de la formation initiale et continue des professions de santé dans le domaine de la prescription.
Plusieurs rapports européens ont établi que le nombre d’heures de formation consacrées à cette matière est, en France, cinq à six fois inférieur à ce qu’il est dans les pays de l’Europe du Nord.
L’âge du médecin accroît sa propension à prescrire, y compris des antidépresseurs ; de même, le taux de prescription augmente avec le volume de la clientèle. Plus les médecins reçoivent de patients quotidiennement, plus ils prescrivent de médicaments en général et de psychotropes en particulier ! (ça gagne du temps !)
Mauvais usage
L’étude montre en particulier que les durées de traitement ne sont pas bonnes :
– Pour les anxiolytiques la durée de traitement devrait être de 3 mois. Or en France elle est souvent supérieure à 6 mois
– Pour les anti-dépresseurs, la durée de traitement devrait être de 6 mois au moins, alors qu’en France elle est souvent d’un mois.
Pire, ces médicaments ne sont pas adaptés :
– plus des deux tiers des personnes consommant des anxiolytiques et hypnotiques ne présentent pas de trouble psychiatrique reconnu ;
– inversement, moins d’une personne sur trois souffrant de dépression bénéficie d’un traitement approprié.
On observe, d’une manière générale, un faible recours aux psychothérapies, alors que la réponse à la souffrance psychique ne peut se limiter au médicament.
« L’homéopathie et la phytothérapie constituent une alternative à la prescription de médicaments psychotropes. Si elles ne sont pas adaptées aux pathologies psychiatriques lourdes, elles peuvent convenir pour certaines plaintes, notamment les syndromes anxieux, affectant en particulier le sommeil. Mais les récentes décisions de déremboursement concernant certaines spécialités pharmaceutiques à base de plantes ont porté préjudice à ces médicaments, au risque de reporter la consommation vers des psychotropes, remboursés mais parfois mal tolérés. »
Selon l’étude citée (1), huit prescriptions sur dix émanent de médecins généralistes. Ces derniers sont plus enclins à prescrire à leurs patients un traitement médicamenteux qu’une psychothérapie pour laquelle ils ne sont pas compétents. Il faudrait que la formation des médecins généralistes comporte une bonne part de formation en psychothérapie mais « il est difficile d’imposer un stage en psychiatrie à tous les étudiants, pour des raisons pratiques liées au nombre de places disponibles ». Alors on drogue les patients plutôt que de les écouter .........
L’OPEPS s’inquiète cependant : « Un statut de psychothérapeute, risquerait de servir de paravent à des personnes incompétentes, voire à des sectes. L’enjeu principal est en fait le remboursement des psychothérapies effectuées par des psychologues. Par exemple, la Mutuelle générale de l’Education nationale (MGEN) assure depuis une dizaine d’années un remboursement pouvant aller jusqu’Ã 150 séances de psychothérapie, subordonné à une évaluation régulière, par un psychiatre, de l’état d’avancement du traitement »
Dans le contexte médico-légal actuel, alors qu’il faudrait réserver les consultations psychiatriques aux seuls patients souffrant des pathologies les plus lourdes, le seul moyen d’obtenir un remboursement est d’aller consulter un médecin-psychiatre, lequel pratique des psychothérapies qui pourraient être dispensées par des psychologues, mais alors sans remboursement.
(1) Source : http://www.assemblee-nationale.fr/12/rap-off/i3187.asp
Exemple : l’insomnie
La relaxation plus efficace
que les pilules
L’insomnie, état qui empêche de trouver le sommeil ou de bien dormir, affecte le quart des personnes de plus de 55 ans, selon une étude de chercheurs américains publiée dans le Journal of the American Medical Association.
Pour l’étude, les patients ont été divisés en trois groupes : le premier suivait une thérapie 50 minutes par semaine, le second prenait un médicament et le troisième, un placebo.
Ceux qui suivaient la thérapie devaient, entre autres, adopter un horaire de coucher et de lever strict. Les patients apprenaient également à contrôler leur tension musculaire par des exercices physiques à faire chez eux.
Après six semaines de traitement, ceux qui suivaient la thérapie comportementale passaient 52% moins de temps debout la nuit, comparativement à 4% pour les utilisateurs du zopiclone (médicament) et 16% pour ceux qui recevaient le placebo.
Le sommeil efficace -le temps passé au lit à dormir- augmentait en moyenne de 9% pour les patients qui suivaient la thérapie, et diminuait de 1% pour ceux qui prenaient le zopiclone.
Les patients qui préfèrent la thérapie aux médicaments évitent également les effets secondaires comme les étourdissements et les maux de tête. De plus, ils ne courent pas le risque d’accoutumance aux médicaments, dit Sivertsen.
La taille de l’étude limite les conclusions que les chercheurs peuvent en tirer. Les participants souffraient tous d’insomnie chronique indépendante d’autres problèmes de santé. Les résultats ne s’appliquent donc peut-être pas aux gens dont l’insomnie découle de problèmes médicaux, écrivent les chercheurs.
Dormir
L’American Sleep Foundation (Association américaine du sommeil) donne quelques conseils pour calmer les troubles du sommeil.
– n’utiliser la chambre à coucher que pour dormir. Il est préférable de regarder la télévision, de travailler ou de parler au téléphone dans une autre pièce.
– éviter de regarder la télévision avant d’aller au lit puisque cela peut avoir un effet stimulant.
– la caféine, la nicotine et l’alcool sont à éviter dans les heures qui précèdent le coucher.
– L’utilisation d’un réveil-matin afin de se réveiller à la même heure tous les jours aide à établir un horaire de sommeil régulier et peut procurer un meilleur sommeil.
Reste à savoir si les compagnies pharmaceutiques qui ont vendu pour 2,8 milliards de somnifères l’an dernier, seront favorables à ces méthodes « douces ».