Ecrit le 7 août 2019
Au fur et à mesure qu’une langue évolue, elle emprunte de nouveaux mots à d’autres langues afin de s’enrichir : ainsi, au Moyen Âge, lors des croisades, les mots arabes sirop et azur ont fait leur apparition dans notre lexique.
d’autres sont entrés dans la langue française par l’intermédiaire de l’espagnol qui était fortement influencé par l’arabe au moment des califats islamiques dans la péninsule ibérique, tels bougie, algèbre, alcôve et azimut.
De nombreux emprunts à l’arabe se sont faits aussi par l’intermédiaire de l’italien au moment où Venise était active dans les liens tissés entre le Levant et l’Europe : zéro, arsenal, jupe, assassin.
Plus récemment, la colonisation française au Maghreb a introduit dans notre langue des mots plus familiers comme clebs, gourbi, smala, bled, bezef.
Enfin de nombreux mots d’argot ou de verlan comme meuf, mec, kiffer, béton (au sens de tomber) et tant d’autres sont depuis longtemps dans les colonnes des dictionnaires.
Cette année, quelque 150 mots nouveaux vont faire leur entrée dans l’édition 2020 du Petit Larousse illustré : « Un mot nouveau est un mot dont on pense qu’il va vivre, qui n’est pas un effet de mode, qui est dans l’usage écrit et oral » (1).
Ainsi, on trouvera les mots divulgâcher (révéler prématurément), dédiélisation (ensemble des actions visant à réduire la proportion de véhicules à moteur diesel), bioplastique (plastique biodégradable) et, comme le dictionnaire est un miroir des mutations sociétales, adulescence (phé-nomène générationnel où de jeunes adultes continuent d’avoir un compor-tement d’adolescents).
De son côté, le monde économique a fourni ubériser (rendre obsolète un modèle économique existant).
Bien évidemment, des mots d’origine anglaise envahissent de plus en plus les colonnes de nos dictionnaires : bore-out (syndrome d’épuisement professionnel dû à l’ennui provoqué par le manque de travail), à ne pas confondre avec le burn-out, deep learning (technologie fondée sur des réseaux de neurones artificiels) et bien d’autres encore.
Mais aujourd’hui, les mots issus des régions et d’autres, de la francophonie, fournissent eux aussi de nombreux mots au français : klouker est un verbe venu de Bretagne qui signifie se goinfrer ; un dagobert est un sandwich en Belgique ; être gonfle veut dire être rassasié en Provence ; un taxieur est un chauffeur de taxi en Algérie, un sorteur, une personne qui aime faire la fête en Belgique et emportiérage désigne au Québec le fait de percuter un cycliste en ouvrant sans précaution une portière de voiture.
On peut se poser la question de savoir combien de mots sortent du dictionnaire à l’arrivée massive des nouveaux : « Très peu ont disparu, 90% des mots qui étaient dans le dictionnaire de 1891 y sont encore aujourd’hui », déclare la directrice du département des dic-tionnaires chez Larousse ; le Petit Larousse 2020 comptera plus de 63 000 mots, son « ancêtre » de 1891 en comportait 35 000 !
Au XIXe siècle, le dictionnaire Littré accolait en signe de « deuil » une croix aux mots dont l’usage était devenu obsolète !
(1) Bernard Cerquiglini, linguiste, lors de la présentation de l’édition 2020 du Petit Larousse dans un salon du sénat.
DEVINETTEs : Au Québec, que signifient les expressions « être assise sur son steack » , « se tirer une bûche » ?
Que signifie le mot scroller emprunté à l’anglais ?
REPONSE dans le prochain numéro de La Mée.
Elisabeth Catala