Ecrit le 3 septembre 2020
Les voyelles i et y se prononcent i en français, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Notons que la graphie Y représente la lettre u majuscule en grec.
On dit i grec car les mots français qui contiennent un y proviennent en grande partie du grec ancien : acolyte, hypothèse, hypnose, hybride, hygiène, hystérie, idylle, hypocrisie, hymne, psychologie, rythme , par exemple.
Dans l’alphabet (1) grec, notre « i grec » s’appelait upsilon (= u simple) et se prononçait « u », ce qui explique que les Romains aient introduit dans leur alphabet la lettre « y » pour transcrire le son « u » qui n’existait pas dans leur langue : ainsi le grec ancien upothèkè (hypothèque), devient hypoteca en latin ; de même, le mot grec uper devient en latin hyper. Le h qui précède le y indique que le son était aspiré. Au fil du temps, le y s’est prononcé i en grec comme en latin.
Originellement, le i n’était pas surmonté d’un point (2) : celui-ci n’est apparu qu’au cours du Moyen Âge. Il porte parfois un accent circonflexe, signe que le mot dont il est issu comportait un s : île ( latin : insula), huître (latin :ostrea ), gîte (ancien français : giste), dîner (latin disjunare = rompre le jeûne), boîte (ancien français : boiste), maître (latin :magister), connaître (ancien français : conoistre) et tant d’autres.
La lettre Y est à la fois une voyelle (tricycle, cyclamen) et une semi-voyelle (cobaye, yeux, yaourt). Elle est la seule voyelle à ne porter aucun des trois accents français (aigu, grave et circonflexe) mais peut être « coiffée » d’un tréma (Aÿ, bourg situé dans la Marne).
Dans certains mots , il est l’équivalent de deux i, comme dans appuyer ; précédé d’un a , il se prononce ai-i, comme dans abbaye (a-bé-i) ; précédé d’un o, il se prononce oi comme dans aboyer (a-bwa-yé) ; enfin, quand il est précédé d’une consonne et suivi d’une voyelle, il se prononce ille , comme dans embryon.
Grammaticalement, y est adverbe et pronom : j’y suis , j’y reste ; vas-y ; je n’y suis pour rien ; n’y comptez pas.
Dans certaines régions de France, en Auvergne-Rhône-Alpes, ou en Suisse, la forme y est utilisée à la place du pronom le quand celui-ci se rapporte à un objet : Attention à ne pas y perdre ; fais-y.
Si j’y fais pas, qui y fera ?
Dans la langue familière, partout en France, y se substitue aussi parfois à il ou à ils : comment y va ?, comment y vont ?
Dans son sonnet intitulé Voyelles (1871), Arthur Rimbaud (1854-1891) ne fait pas allusion à la lettre Y :
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d’ombre ;
E, candeurs des vapeurs et des tentes
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombrelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges ;
O, l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
(1) l’alphabet grec est issu de l’alphabet phénicien dans lequel chaque lettre est nommée par un mot débutant par le son représenté par cette lettre ; aleph (taureau) est devenue alpha en grec et bet (maison) est devenue bêta ; notons que les mots alpha et bêta n’ont aucune signification en grec.
DEVINETTE : d’où vient le y placé à la fin de noms de lieux comme Evry, Ivry , Isigny, Cerizy ou Marigny ?
REPONSe à la DEVINETTE du dernier numéro de La Mée : les moulins à vent ont deux portes pour que le meunier puisse sortir par l’une d’elles au cas où les ailes du moulin seraient en mouvement devant l’autre.
Elisabeth Catala