Ecrit le 13 janvier 2021
Sac
Le mot sac désigne en premier lieu « un contenant fait d’une matière souple mise en double et assemblée sur les côtés et le fond, la partie supérieure étant seule ouverte », selon la définition des diction-naires. Il a pour synonymes sachet, sacoche, poche (et pochon dans le parler régional), et besace, qui est un sac à deux poches (bis saccus), entre autres.
l’ancêtre du sac a fait son apparition dès l’antiquité : le mot vient du latin saccus, issu du grec sakkos qui a été emprunté au phénicien, lui-même apparenté à l’hébreu saq (étoffe grossière faite en poil de chèvre). Aujourd’hui, les sacs à main, les sacs à dos et les sacs de couchage sont faits de bien d’autres matières !
Le mot est présent dans un grand nombre d’expressions et de proverbes.
Ainsi l’affaire est dans le sac est une allusion au sac dans lequel on renfermait autrefois les pièces d’une procédure. De cet usage sont venues des expressions telles voir le fond du sac pour dire pénétrer ce qu’une affaire a de plus secret et juger seulement sur l’étiquette du sac, c’est-Ã -dire se prononcer sur une question difficile sans se donner la peine de chercher à l’approfondir.
Notons ici que le mot étiquette a une origine amusante : au temps où le latin était la seule langue en usage au barreau, les avocats et les procureurs écrivaient sur le sac de leurs parties : est hic quaestio, c’est-Ã -dire « ici se trouve l’état de la cause » de tel ou tel accusé. Par abréviation, on a obtenu est hic quaest, qui est devenu estiquette puis étiquette.
Le sac d’une ville, c’est-Ã -dire son pillage, a probablement pour origine le mot italien saccomano (pillard), lui-même emprunté au moyen allemand Sakman (littéralement l’homme au sac). Cette acception est due au fait que les pillards utilisaient des sacs pour emporter leur butin, ce qui fait que les mots saccage et saccager se rattachent au mot sac.
L’expression « vider son sac » a été employée par François Mitterrand, un jour où il était interviewé par un journaliste : « Ecrire, c’est vider son sac ». Son origine remonte au temps où les avocats arrivaient au tribunal avec un sac dans lequel étaient rangés les rouleaux de papier qui constituaient les pièces du dossier. Aujourd’hui, chacun sait que cette expression est utilisée par des personnes qui veulent enfin exprimer tout ce qu’elles ont sur le cœur et qu’elles n’ont pas osé dire jusque là .
L’expression être pris la main dans le sac a de nombreuses variantes : être pris le doigt dans le pot de miel, ou de confiture. Au figuré, Victor Hugo l’emploie en 1829 dans Le dernier jour d’un condamné quand il dénonce « les ministres pris la main dans le sac des coups d’État ».
On peut encore « avoir plus d’un tour dans son sac », être « un sac à malices », ou « un sac percé », dire d’une affaire compliquée qu’elle est « un sac de noeuds », et coucher au camping dans un « sac à viande », dire d’un ivrogne qu’il est un « sac à vin » et d’un chien qu’il est un « sac à puces ».
Dans toutes les langues se trouvent des proverbes contenant le mot sac : « La face du mendiant est poudreuse, mais souvent sa besace est pleine » (Turquie) ; « Quoi qu’on mette dans le sac, le serf le porte » (Russie) ; « A force de bourrer un sac, on le crève » (Espagne) ; « Mange selon la hauteur de ton sac à provisions » (Tibet). « d’un sac, on ne peut tirer deux moutures » (France). « Il ne faut pas acheter un chat dans un sac » (Belgique).
« Il faut trois sacs à un plaideur : un sac de papier, un sac d’argent et un sac de patience » (France).
Enfin, laissons la parole à GÅ“the qui donne en quelques mots la clé du bonheur : « Veux-tu vivre heureux ? Voyage avec deux sacs, l’un pour donner , l’autre pour recevoir ».
DEVINETTE : Quel est l’auteur du livre intitulé Un sac de billes ?
REPONSe à la DEVINETTE du dernier numéro : le mot tohu (-) bohu signifie vide, néant ; dans les premières pages de la Bible, il désigne l’état initial de la terre avant la Création : le chaos.
Elisabeth Catala