Ecrit le 20 avril 2021
Vers un élevage durable
Tribune co-signée par Yves Daniel
ApreÌ€s-guerre, les lois de 1960 et 1962 ont imposé une agriculture meÌ caniseÌ e, concentreÌ e, speÌ cialiseÌ e donnant ainsi une reÌ ponse politique forte aux peÌ nuries de l’eÌ poque et assurant l’autosuffisance alimentaire de notre pays. Il était demandeÌ aux eÌ leveurs de produire plus, plus vite et moins cher. Les agriculteurs se sont adapteÌ s aÌ€ ces demandes, ont investi massivement et ont modifieÌ leur manieÌ€re de travailler. Mais sur plus d’un milliard d’animaux tueÌ s chaque anneÌ e en France, 80% d’entre eux sont confineÌ s dans des eÌ levages intensifs sans acceÌ€s aÌ€ l’exteÌ rieur.
Les eÌ leveurs sont aujourd’hui les premieÌ€res victimes d’un mode de production vulneÌ rable eÌ conomiquement et socialement. En 2019, le CESE (Conseil eÌ conomique, social et environnemental) a alerté sur cette intensification, rendant l’eÌ levage moins reÌ muneÌ rateur et moins porteur de sens pour les eÌ leveurs, dont les pratiques sont homogeÌ neÌ iseÌ es et les savoirs traditionnels abolis. La focalisation sur le reÌ sultat et non sur la meÌ thode a conduit aÌ€ une course effreÌ neÌ e aux prix les plus bas. L’eÌ levage intensif est une impasse environnementale, eÌ conomique, sanitaire et sociale.
c’est pour cela qu’il faut empeÌ‚cher la creÌ ation de nouveaux eÌ levages intensifs pour redeÌ ployer les systeÌ€mes polyculture-eÌ levage, permettant de rapprocher les productions animales et veÌ geÌ tales et de jouer la compleÌ mentariteÌ , au beÌ neÌ fice d’une agro-eÌ cologie performante profitant aÌ€ l’Homme et aÌ€ l’animal.
Nous devons refuser la ratification en l’eÌ tat des accords de libre-eÌ change et en particulier le Mercosur, qui aurait pour conseÌ quence l’augmentation des importations de productions d’eÌ levages « hyper-intensifs » et qui mettraient aÌ€ mal les efforts de nos eÌ leveurs en transition vers des productions plus durables. Nous devons aÌ€ ce titre adopter au niveau europeÌ en des « mesures miroirs » incluant l’environnement et le bien-eÌ‚tre animal.
Nous devons reÌ glementer et controÌ‚ler plus strictement les transports longue distance d’animaux vivants, synonymes de souffrance animale et d’heÌ reÌ sie eÌ cologique.
l’aliment est notre premier « meÌ dicament »" : nous devons manger moins de viande mais mieux produite, et aider financieÌ€rement nos compatriotes aÌ€ avoir acceÌ€s aÌ€ cette alimentation meilleure pour leur santeÌ et pour notre planeÌ€te.
Nous devons poursuivre la deÌ croissance de l’apport d’antibiotiques et développer l’eÌ tiquetage « Bien-eÌ‚tre animal ».
Cette liste n’est qu’un premier aperçu de l’immensiteÌ du travail aÌ€ reÌ aliser pour reÌ ussir la transition vers un modeÌ€le d’eÌ levage plus respectueux de notre environnement et des animaux, plus juste pour nos eÌ leveurs et plus suÌ‚r pour les consommateurs.