Ecrit en février 2000 :
La Petrobras
Le texte qui suit, traduit du portugais, a été écrit par M Carlos Santana Azevedo, président de l’association des habitants de Madre de Deus, petite municipalité de la région métropolitaine de Bahia (Salvador) au Brésil.
A vous de juger.
Mon nom est Carlos Santana Azevedo, président de l’association des habitants de Madre de Deus, petite municipalité de la région métropolitaine de Salvador, avec de jolies petites plages, une multitude de mangroves (1) et une population de près de 80.000 habitants qui ont trouvé dans la pêche leur activité économique authentique, en plus des grandes industries installées dans la municipalité et dont la plus importante est la PETROBRAS.
Tous les jours, semaine après semaine
A l’origine, la région où se trouve la ville de Madre de Deus était une des plus grandes réserves de mangroves d’une diversité biologique immense, dont 40.000 familles de pêcheurs tiraient leur subsistance. Ensuite, avec le développement industriel et l’installation des industries, principalement la PETROBRAS, des dizaines d’agressions à l’environnement dans son ensemble ont eu lieu ainsi qu’Ã la santé des habitants de la ville de Madre de Deus et des autres petites villes de cette merveilleuse région. Elles ont eu lieu tous les jours, semaine après semaine, mois après mois, année après année sans qu’aucune mesure n’ait jamais été prise.
Les plages furent les premières affectées. A Madre de Deus, sous le sable de la plage, couraient des tuyaux souterrains qui transportaient, selon la PETROBRAS, du gaz liquide, de l’essence, du pétrole et autres produits qui périodiquement dégageaient une odeur insupportable sur toutes les plages de la région, obligeant la population et les animaux à inhaler cet air à haute teneur toxique.
Plus loin, au centre d’un quartier populaire où quasi tous les habitants vivent avec moins de 130 dollars par mois (800 F par mois) la PETROBRAS a enterré deux grands réservoirs où sont stockés de l’essence, du pétrole et du gaz liquide etc...
Il se fait que plusieurs fois l’odeur et une espèce de poussière s’échappant des cuves déjà rouillées, ont atteint 2.000 familles (12.000 personnes) qui vivent dans cet endroit. Cela a provoqué l’apparition de diverses maladies respiratoires, des réactions allergiques etc...tant et si bien que l’affaire est devenue publique et notoire, ensuite amplement et à plusieurs reprises divulguée par la presse.
Récemment un accident s’est produit à Rio de Janeiro où plus d’un million de litres de pétrole ont envahi la baie de Guanabara. Cet accident n’est pas l’unique exemple de l’irresponsabilité écologique de la PETROBRAS : les fuites successives de pétrole dans les installations de la PETROBRAS, qui se répètent depuis plus de 10 ans, ont réduit le potentiel de rénovation des mangroves, de ce qui nourrit les poissons, qui nourrissent plus de 12.000 familles de la ville de Madre de Deus et quasiment 40.000 familles dans toute la région.
Les gros bras de la pétrobras
Actuellement à peine 5.000 familles de la ville et 20.000 familles de la région survivent encore de la pêche. Mais chaque jour ils s’appauvrissent un peu plus et sont désespérés de ne plus pouvoir nourrir correctement leur misérable famille. Ils sont obligés de pratiquer des méthodes de pêche prédatrices puisque le nombre de poissons et de crustacés ne cesse de diminuer depuis 10 ans.
L’association des habitants de Madre de Deus a décidé d’entrer en justice. La PETROBRAS de son côté a tenté d’intimider ceux qui ont dénoncé les préjudices. Personnellement j’avais une petite entreprise qui me permettait de nourrir mes enfants et toute ma famille, mais elle fut détruite par la Petrobras, pour avoir osé plusieurs fois dénoncer ses activités. Ce qui a finalement mené à la constitution de l’association des Habitants de Madre de Deus. Les efforts d’intimidation ont eu l’effet contraire escompté car ils ont renforcé l’unité des habitants contre les violations du milieu naturel par la PETROBRAS.
réparez !
Nous n’aurons pas de repos tant que tous les pêcheurs et les habitants de la ville ne seront pas indemnisés dignement par la Petrobras pour les dommages qu’ils ont subis. Et tant que cette société ne se sera pas engagée à réparer tous les dommages faits aux mangroves et aux plages de la région, pour qu’elles retrouvent la biodiversité qu’elles avaient il y a 20 ans.
Pour ce faire nous organisons un projet de surveillance écologique qui prévoit l’engagement de professionnels et la construction de laboratoires d’analyse autonome, afin de vérifier la qualité des eaux et les préjudices causés au milieu, ainsi que d’autres activités de surveillance.
Comme vous le voyez, affirmer que la Petrobras, malgré l’importance stratégique qu’elle a pour notre pays, pratique constamment des agressions contre l’environnement ne doit pas vous étonner, c’est une évidence.
Carlos Santana Azevedo (Brésil)
5 février 2000
(Le courrier ci-dessus nous est parvenu par l’association ATTAC, association pour la taxation des transactions financières et l’aide aux citoyens)
Il est possible d’envoyer un message de soutien à l’action des habitants de Madre de Deus en écrivant à 0 Dr. Robério Nunes dos Anjos Filho
adresse internet : roberiof@prba.mpf.gov.br