(écrit le 7 février 2001)
LA DÉLINQUANCE, ou du moins les chiffres de la délinquance augmentent, particulièrement celle qui est accompagnée de voies de fait contre les personnes. En 2001, les infractions enregistrées par la gendarmerie et la police ont progressé de 7,69 %. Ces chiffres renvoient au calvaire quotidien que vivent nombre d’habitants des cités autour des grandes villes. Ils reflètent une réalité faite de peur : cages d’escalier vandalisées, parkings en forme de coupe-gorge, transports en commun nocturnes dangereux, etc. Ils accroissent la perception - exacerbée - d’un climat d’insécurité de plus en plus dégradé et ce sont les plus faibles qui sont le plus souvent les plus touchés par l’insécurité.
Tout ceci est loin de la réalité que nous vivons à Châteaubriant. Heureusement ! même s’il est évident que la délinquance quitte les banlieues pour gagner les campagnes où les « coups » sont plus faciles à faire.
Mais le thème de la sécurité, ou de son absence, se prête à toutes les démagogies : on l’a bien vu lors de la campagne électorale de mars 2001 à Châteaubriant . On le verra lors des débats (si débats il y a) au moment des présidentielles et des législatives.
Les chiffres disent trois choses
Mais il faut bien regarder les chiffres. Parce qu’ils peuvent être trompeurs : trois crimes en moins, quatre vols de sac à main en plus ... et c’est, dans les chiffres, une augmentation de l’insécurité !
Les chiffres publiés disent au moins trois choses :
Ils traduisent d’abord deux tendances lourdes. L’une, amorcée depuis vingt ans déjà , vient confirmer la baisse constante des homicides et crimes graves en France. C’est une bonne chose qu’on a tendance à oublier tant les médias relaient, justement, ces crimes qui sortent de l’ordinaire.
L’autre, en revanche, traduit la montée, hélas tout aussi constante, des vols avec voies de fait contre les personnes, des viols et d’un climat d’incivilité croissant. Agressions et actes de vandalisme se banalisent.
Mais les chiffres mesurent aussi l’activité policière. Ils ne sont pas seulement un baromètre de l’insécurité. Ils sont un indicateur de l’activité de la police et de la gendarmerie. Plus ceux-ci enregistrent de plaintes, et plus, dans les chiffres, la délinquance se fait plus visible.
Ils posent des questions aussi sur ce que nous voulons faire,
– sur les priorités de l’Etat,
– sur le rôle des familles et des institutions
comme l’école ou les associations,
– sur la nécessité de l’éducation civique,
– sur la remise à l’ordre du jour des bonnes vieilles valeurs républicaines de tolérance, de respect de l’autre.
Manifestants
La télé a montré récemment quelques cas de délinquance. Par exemple, quand vous répliquez à un policier, il s’agit de délinquance ! Si si, « insulte à agent », c’est de la délinquance. Cet exemple montre bien dans quelle mesure, dans certains cas du moins, on peut faire grimper les chiffres de la délinquance !
Mais il n’y a pas que ça, comme délinquance. En effet, le mardi 29 janvier 2001 aux infos de 13 heures, TF1 a montré une internationale de la police s’entraîner contre la délinquance dans un petit village français aménagé dans ce but.
Devinez qui étaient les « délinquants » contre lesquels les flics s’entraînaient ? Ils s’entraînaient à se battre contre des manifestants ! Et on nous a fait comprendre que les polices européennes devaient prendre exemple sur les méthodes de la police italienne. On nous a montré un manifestant (un policier déguisé en manifestant) qui tira avec une arme à feu sur la police. Et, pendant cet entraînement, les policiers italiens réagirent d’une « façon proportionnée ». C’est-Ã -dire qu’ils se contentèrent de capturer le coupable.
Bravo, sauf que le vendredi 20 juillet 2001, 150 000 jeunes « délinquants » manifestaient à Gênes contre la mondialisation de l’impérialisme américain. Le soir vers 5 heures, alors que Carlo Giuliani n’était pas armé et n’avait donc aucunement fait usage d’une arme à feu, un policier italien le tua de sang froid de deux balles dans la tête. La première entre les deux yeux, et la deuxième un peu moins bien placée, puisque le corps de Carlo avait déjà commencé à s’affaisser.
La police italienne assassine sans vergogne, elle ment en prétendant ne pas le faire, et elle pratique la provocation policière. C’est elle qui va servir de modèle à la police, a-t-on dit à la télé. Nous savons à quoi nous attendre
Aujourd’hui, les « délinquants », contre lesquels la police s’entraîne, ce ne sont pas les patrons qui tuent les ouvriers par le biais d’accidents du travail ou « d’explosions accidentelles » comme à Toulouse, ni les politiciens véreux qui font des détournements de fonds, des délits d’initiés, ou qui provoquent des génocides comme au Rwanda ou en Palestine ou en Tchétchénie ou ailleurs. Aujourd’hui, les « délinquants » contre lesquels la police s’entraîne, ce sont les manifestants qui combattent ce genre de criminels (le mot est faible).
Mais si c’est vrai que ces manifestants sont en augmentation, on ne peut que s’en réjouir (qu’importe alors qu’on les traite de « délinquants ») : on voit trop d’entreprises où les salariés restent dans leur coin, au lieu de s’unir, de faire grève contre les ordres et contre-ordres incessants et l’incapacité de leurs dirigeants plus préoccupés de leur carrière que de la survie de leur entreprise.
B Poiraud
(écrit le 20 février 2002)
délinquance : + 18 %
Selon la presse locale (Ouest-France et Presse-Océan du 11 février 2002), la délinquance a grimpé de 18 % en 2001 dans l’arrondissement de Châteaubriant (contre 10 % en l’an 2000). Les agressions, les attaques à main armée sont rares, ce sont plutôt des nuisances à répétition, des vols « à la roulotte » (ne laissez rien d’apparent dans les voitures), des cambriolages (l’ancienne maire Martine Buron en a été victime fin janvier 2002), des dégradations diverses (et encore, les personnes qui en sont victimes, par exemple pour le bris d’un rétroviseur, ne portent pas plainte à chaque fois). Le pire, c’est que les personnes âgées, victimes de vols, n’osent pas porter plainte. Elles ont tort !
Assez souvent, les malfaiteurs ne sont pas d’ici. Ils viennent en bandes organisées des grandes villes voisines, faire une razzia sur la campagne, il est donc particulièrement difficile de les repérer, au contraire des petits malfrats locaux qui finissent par se vanter de leurs « exploits » entre amis, et l’information parvient alors jusqu’aux grandes oreilles de la gendarmerie...
En tout cas, le maire Alain Hunault, élu en début d’année 2001, n’a pas pu empêcher que les chiffres de la délinquance aient quasiment doublé cette année. CQFD.
La bagnole
Il y a un aspect de l’insécurité qu’on a trop tendance à oublier : c’est celui qui est lié à la voiture. Celle-ci est signe d’indépendance, de facilité de déplacement, de « standing » parfois, son image est plutôt positive dans l’esprit des gens et les nombreux accidents, qui font des tués et des blessés, sont ressentis comme de la malchance et non pas comme une des composantes de l’insécurité. Celle-ci a tout de même occasionné 22 morts et quelque 180 blessés en 2001. Ce qui est autrement plus grave qu’un vol de sac à main. Il paraît que c’est largement dû à l’alcoolisme. Il est alors étrange de constater le nombre de « vins d’honneur » offerts par la municipalité de Châteaubriant, à l’issue de la plupart des réunions !
Il reste que c’est le vol à domicile qui est le plus mal ressenti. L’insécurité dans le logement, surtout dans le logement social a sa spécificité : les manifestations d’incivilités, de vols, et celles -nettement moins fréquentes- de violence, sont les mêmes que partout, mais le retentissement dans la vie des gens n’est pas le même :
« Quand on est atteint dans un endroit où, normalement, on pense être protégé, le traumatisme psychologique est beaucoup plus fort » estime Didier Peyrat dans un rapport remis au Ministre du Logement. Et il ajoute que ce sont les populations les plus démunies qui subissent les pires déprédations. « Plus son patrimoine est faible, plus on trouve insupportable les attaques contre lui », poursuit-il.
Même dans les « bonnes » écoles
L’insécurité est partout, même dans ce qu’on appelle les « bonnes » écoles. A la lecture du bulletin de l’APEL (asso-ciation des parents d’élèves de l’enseignement libre ) (n° 4 de février 2002) on apprend que le point principal du Conseil d’établissement du 3 décembre 2001 a concerné les vols dans l’établissement, la Direction ayant constaté une augmentation importante des vols sur les deux sites (Nazareth et St Joseph à Châteaubriant). « La conscience même du vol n’existe plus chez certaines élèves, cela devient banal (naturel ?) » - « Dans les enquêtes nous rencontrons un obstacle de taille : la loi du silence » - « La Direction pense avoir affaire à de véritables »gangs« , les voleurs revendant pour disposer d’argent », peut-on y lire.
Faut-il pour remédier à ce problème qui, il est vrai, n’épargne aucun établissement, installer des caméras de vidéo-surveillance comme le propose la Direction « pour filmer les principales zones de regroupement de cartables que sont le porche de la cour du collège et le préau du lycée ». ? Ce serait un coup à gagner un prix aux Big Brother Awards, (pastiche des Oscars américains), récompensant les projets les plus attentatoires aux libertés individuelles.
Pardon !
Des congrégations catholiques irlandaises ont accepté mercredi 30 janvier 2002 de payer 128 millions d’euros d’indemnités à des victimes d’abus sexuels et de violences dans des institutions qu’elles géraient. Au-delà de cette somme, le gouvernement irlandais prendra en charge les indemnités allouées aux victimes qui ont subi des sévices, lorsqu’elles étaient enfants, dans des institutions financées par l’Etat mais gérées par des congrégations religieuses (orphelinats, centres pour mineurs délinquants, hôpitaux...).
Plus de 3.000 personnes se sont déjà proposées pour témoigner devant une commission d’enquête au sujet des abus dont elles ont été victimes dans le passé.
Plusieurs congrégations religieuses ont demandé pardon aux victimes. La police continue de son côté ses enquêtes sur certaines institutions et des ecclésiastiques ont été jetés en prison. Dans l’Irlande très catholique ces révélations ont jeté le trouble.
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