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Histoire de l’adolescence
née sous la Révolution
L’adolescence est une notion relativement récente, qui date, en gros, des lendemains de la Révolution Française
Jean-Jacques Rousseau avait souligné les dangers de la métamorphose des jeunes au moment de la puberté. Chateaubriand contribue à assimiler cet âge de la vie à la tempête et à l’orage. L’adolescent apparaît gauche, inachevé. C’est l’âge de l’excès, du trop-plein intérieur, et de bouleversements sociaux : la première communion, le certificat d’étude, les premiers émois, la première cigarette, (ou la première pinte, en Irlande) le conseil de révision, l’entrée dans le monde du travail
Une histoire de garçons
Dans son livre « Histoire de l’adolescence et des adolescents » Agnès Thiercé montre qu’au départ l’adolescence ne concernait guère que les garçons de l’élite enfermés dans les collèges. D’ailleurs, en consultant un dictionnaire Larousse du XIXe siècle on lit : « Adolescence : ne se dit guère qu’en parlant des garçons ».
Pour les filles, la date décisive est celle des premières règles : de par la menstruation, la jeune fille est « déjà femme ; elle est presque mère » ; ce qui lui confère l’harmonie des formes, l’élégance, la grâce du regard, une réserve et une modestie qui contrastent avec la turbulence, l’insubordination, l’irritabilité de l’adolescent.
La peur de la criminalité
Entre 1890 et 1914, la notion contemporaine d’adolescence se constitue. Les autorités de la IIIe République prennent conscience de l’abandon des adolescents des milieux populaires et du risque que cela implique. Il s’agit donc d’encadrer ces jeunes gens. Les « patro » religieux, les amicales laïques, les associations d’anciens élèves, mais aussi des maisons spécialisées, des fêtes de l’adolescence répondent à l’angoisse de la criminalité juvénile.
Puis émerge peu à peu un discours scientifique sur l’adolescence qui s’emploie surtout à dédramatiser un âge de l’existence jusqu’alors jugé critique. Les psychologues français voient en l’adolescence un temps de féconde indétermination, un processus et non un état. Elle est moment d’organisation, d’affirmation, d’enrichissement de la personnalité, de découverte de soi et de l’autre. Pierre Mendousse, auteur de l’ouvrage essentiel L’Ame de l’adolescent (1909), souligne le goût de celui-ci pour les mots, la réflexion, les connaissances abstraites, les joutes oratoires, la lecture.
Histoire de l’adolescence et des adolescents (1850-1914)
par Agnès Thiercé. (Ed. Belin)
Quel amour pour les adolescents ?
Très intéressante soirée, ce 8 avril 2003, sur le thème de « l’amour des adolescents ». Le représentant de « Couple et famille » en regrettant qu’il n’y ait pas plus de parents présents, a expliqué que son association rencontre un millier de jeunes par an, pas pour faire des « leçons » mais pour répondre à leurs questions. « Les parents seraient bien surpris des questions qu’ils nous posent. Les jeunes sont très influencés par la publicité, par internet, par les films porno que parfois l’on regarde en famille, et posent beaucoup de questions par exemple sur les fellations, les sodomisations. Nous essayons de les aider à réfléchir, de leur faire comprendre que l’amour s’arrête quand l’un fait pression sur l’autre pour lui faire faire ce qu’il ne veut pas faire. Nous voulons leur faire appréhender l’amour sous ses aspects positifs, la relation humaine, le respect de l’autre, le plaisir, et pas seulement sous l’aspect risque : le SIDA et les maladies sexuellement transmissibles »
Les copains d’abord
Un médecin scolaire a expliqué que les trois-quarts des adolescents tirent leurs informations des copains (qui ne sont pas toujours bien renseignés !) ; que « dans les cours de récréation, ce sont les mauvais messages qui passent » et que, la plupart du temps, les parents ne sont pas perçus comme des interlocuteurs privilégiés. « La télévision nous présente la sexualité dans ses limites. Un homme ou une femme en partie dénudés accompagnent trop souvent la publicité. Le corps est devenu un objet. Il faut montrer aux jeunes qu’il y a des droits, des règles, des devoirs, même en matière de sexualité ».
« Les amours des adolescents sont très importants, car ils sont découverte de soi, découverte de l’autre, découverte que l’on peut être quelqu’un à part entière, qu’on existe par l’amour de l’autre ».
Selon cette femme-médecin, dans les établissements scolaires on parle trop des aspects destructeurs de l’amour, du SIDA, des maladies sexuelles, des « tour-nantes », de la pornographie, de la pédophilie. On donne beaucoup de détails « techniques » sur la morphologie sexuelle des garçons et des filles « mais on ne parle pas assez de l’amour comme d’une chose naturelle, belle On n’explique pas que le corps peut donner beaucoup de sentiment ... et de ressentiment, que l’amour c’est de pouvoir s’épanouir avec quelqu’un qu’on aime ».
Education à la sexualité
Il a beaucoup été question de la façon, à l’école, d’aborder l’éducation à la sexualité, en petits groupes de même sexe d’abord, puis de sexes différents (car filles et garçons n’ont pas les mêmes questions à poser), par des personnes extérieures à l’école, n’étant pas en situation d’autorité par rapport aux jeunes, n’ayant pas non plus de lien affectif avec ces jeunes. « car ce lien affectif, dans ce cas, peut être une barrière à l’expression libre ».
Plusieurs personnes ont parlé du Centre de Planification qui existe au centre hospitalier de Châteaubriant (ouvert le lundi après-midi et le mercredi toute la journée). C’est un lieu où l’on peut parler librement, et gratuitement. 700 jeunes y viennent environ chaque année, au sujet du désir d’enfant, de la contraception, ou d’une interruption de grossesse, ou d’abus sexuels. A 90 % ce sont des jeunes filles qui y vont. « Il leur est plus facile de parler à quelqu’un de neutre, que de parler à leur mère de ce qui est leur vie intime, de ce qui est le début de leur vie personnelle ». Les jeunes garçons viennent plutôt chercher ... des préservatifs gratuits !. « Mais même dans ce cas nous faisons l’information nécessaire » a t-il été dit. Quelquefois les garçons viennent demander un dépistage du SIDA.
Il y a semble-t-il une grande fidélité des jeunes, en ce sens qu’ils n’ont qu’un partenaire à la fois (mais quelque fois pour un temps limité !). Le Centre de Planification reçoit les jeunes de façon anonyme, c’est-Ã -dire sans en parler à leurs parents, « jusqu’au jour où le jeune se sent assez fort pour en parler lui-même à ses parents ».
Aides
Le responsable du mouvement « Aides » de Nantes, a abordé la question du SIDA, la Loire-Atlantique étant un département relativement plus touché que d’autres. L’association « Aides » prend en charge les personnes séropositives dans tout leur environnement : familial, sentimental, psychologique, juridique, elle aborde la question de la nutrition, du rythme de vie, du travail, du logement, il s’agit d’une aide qui peut être individuelle, ou collective, quelquefois à domicile, pour la personne séropositive, comme pour son entourage si nécessaire. Il y a même un groupe plus spécialisé sur les hépatites (600 000 malades d’hépatites en France, quatre fois plus que du SIDA). « Il ne faut pas se voiler la face. Autrefois le SIDA touchait une certaine catégorie de personnes, maintenant 50 % des malades ont des relations homme-femme, l’épidémie concerne tout le monde. Nous ne jugeons pas les gens, nous leur signalons les conduites à risques et nous leur indiquons comment se protéger. Il est regrettable de constater une baisse de la vente des préservatifs, car nous savons que cela correspond à une hausse des contaminations ».
[ndlr : on peut regretter aussi qu’Aides vienne si peu à Châteaubriant : deux fois en sept ans. Le monde « rural » les gêne ?]
Procédures d’urgence
A cette réunion il a été question des préservatifs (avec présentation d’un préservatif féminin trop peu connu) et aussi des procédures d’urgence. La pilule du lendemain bien sûr, mais surtout le traitement d’urgence lorsque quelqu’un pense avoir pris un risque en matière de Sida (par exemple : rupture d’un préservatif). « Nous mettons en garde les jeunes filles contre ce qui peut leur être proposé à boire dans les boites de nuit. Il existe des substances qui annihilent toute volonté, qui ne laissent même pas le souvenir de ce qui s’est passé. Dans des cas comme ça, au moindre indice, il faut aller consulter dans un service d’urgences. A Châteaubriant par exemple, les urgentistes sont bien informés, ils peuvent déterminer s’il y a urgence ou pas, et s’il y a vraiment urgence, il ne faut pas attendre 24 ou 48 heures, car on estime que le virus du sida peut s’accrocher dans les deux heures. Il existe alors des tri-thérapies, à prendre pendant un mois. Mais c’est un traitement très pénible au point d’obliger pratiquement à un arrêt de travail ».
Recevoir et donner
L’association « Couple et Famille » a terminé la soirée en disant que l’amour est un élément essentiel et vital, que chacun a besoin d’en recevoir et d’en donner « Si nous n’en recevons pas assez, nous ne pouvons pas en donner ».
Pour les trop rares parents présents, l’association, tout en rappelant que l’adolescence est un luxe du XXe siècle, a montré que les adolescents d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’hier, que la prolongation des études, la précarité, l’entrée tardive dans le monde du travail, peuvent perturber les jeunes qui ont du mal à se situer entre leur maturité physique et leur maturité sociale.
« L’éducation des enfants échappe très tôt aux parents. Il y a l’assistante maternelle, la halte-garderie, l’école maternelle ... Beaucoup d’influences différentes voire divergentes s’exercent autour des jeunes qui enregistrent une avalanche d’informations venant des médias et une image déformée de l’amour. Les parents ne sont sans doute pas les mieux placés pour informer leurs enfants, mais ils peuvent au moins se rendre disponibles à leurs questions, les orienter vers d’autres personnes, et surtout leur donner un modèle de vie car les jeunes questionnent mais aussi regardent vivre les parents, écoutent ce qu’ils se disent ».
Une soirée Bon chic Bon genre
Affluence : il y avait beaucoup de parents, en l’an 2000, pour une réunion sur la drogue (assez rasoir d’ailleurs) et très peu de parents, ce 8 avril 2003, pour une réunion sur l’amour. Comme si l’amour allait de soi, comme si la vie sentimentale et sexuelle des adolescents était encore un sujet tabou ... Il est vrai que l’info est passée par les élèves qui n’ont peut-être pas fait remonter le papier à leurs parents. Et comme la presse a été prévenue tardivement .... Loupé, quoi !
Chastes oreilles : cette soirée-débat sur le thème de l’amour a été organisée pour les parents (pas pour les adolescents). Le tract d’invitation faisait mention, entre autres participants, au centre Lesbien et Gay de Nantes. Mais il y a des mots qui choquent. Même les chastes oreilles des adultes ? Du coup, le lycée-collège St Joseph s’est retiré, la fédération de parents d’élèves PEEP aussi ( il y a eu cependant des membres plus intelligents de cette association qui sont venus). La réunion n’a pourtant rien eu de choquant. Elle était plutôt du genre « bon chic, bon genre » dans ses propos. Les chefs d’établissements des collèges Ville aux Roses et Robert Schuman, conscients de leurs responsabilités d’éducateurs, étaient présents, eux ! Bravo ! Il est vrai qu’Ã Schuman par exemple est menée une réelle éducation à la sexualité.
Godasse : un intervenant de l’association Aides (lutte contre le Sida) s’est quasiment excusé, à cette réunion, d’employer un langage « cru ». Il pensait au mot « vagin ». Mais le mot en question n’est pas un mot « cru » c’est un mot exact. Sans plus. Qu’est-ce donc qu’un « gros mot » ? C’est un mot que l’on imagine « pas correct ». Cela rappelle l’histoire véridique de ce petit garçon qui riait sous cape au mot « godasse » car il croyait que c’était un « gros mot » qu’il ne fallait pas répéter.
Rural : en tout cas, s’il est certain qu’il faut adapter son langage à son public, il y a toutefois des limites ! Un intervenant a fait référence au « monde rural » qui, à l’entendre, serait plus mal informé, ou plus facilement choqué par certaines choses. A croire que la télévision et les cassettes vidéo y sont présentées en version « expurgée » ! Allons, il faut cesser de faire croire que les ruraux sont des attardés !
BP
Une fille et un garçon assis sur un banc
Tous deux sont contents en se caressant
Ils repartent ravis, main dans la main
Se disant, aujourd’hui, peut-être à demain.
Quand ils se retrouvent sur la plage abandonnée
Leurs bouches laissent échapper de tendres baisers
Dans leur jeunesse ils se font des promesses
Qu’ils devraient tenir jusqu’Ã leur vieillesse
Mais de cet amour né aux beaux jours
On peut se demander : est-ce pour toujours ?
(Poèmes d’adolescents, Collège Ville aux Roses 1987)
Parents d’adolescents : un métier ? un bonheur ? une épreuve ?
Un guide pratique attrayant : questions d’adolescents : http://www.nxtbook.fr/newpress/Conseil-general-94/Questions-d-ados/index.php#/0