Ecrit le 15 octobre 2008
Au début de l’été 2008, une information secoue la commune de Guémené-Penfao : un agriculteur, également conseiller municipal dans la majorité, vient de vendre à un prix largement supérieur 65 hectares de terre agricole à un grand groupe industriel (et non pas le moindre !) en vue de la création d’une plate-forme industrielle d’enfouissement de déchets dangereux.
La nouvelle tombe comme un couperetdans un article de presse, le 19 juin 2008, sans autre avis à la population Pour dire la transparence du projet !
Le 8 juillet, M. Hunault, député, s’étonne de ne pas avoir été officiellement informé de ce projet (qu’il a appris par voie de presse !) et fait part de sa position sous ces termes aux élus de Guémené et au préfet : « Je vous exprime mon étonnement quant à l’opacité qui entoure un tel projet, dont les conséquences pour l’environnement seraient fâcheuses. Les déchets extrêmement dangereux qui seraient enfouis contiennent des substances très nocives pour l’environnement. C’est pourquoi, à titre personnel, » (Ouest-France, 12/07/08). De son côté, M. Bigaud, maire de Guémené-Penfao, qui a rencontré les porteurs du projet, l’entreprise GDE (Guy Dauphin Environnement), dit ne pas avoir été au courant.
Le 17 juillet, la population se réunit : 350 personnes sont présentes ce soir-là . Une association d’opposition au projet voit le jour sous le nom d’Ardimea (Association de Refus des déchets Industriels et pour le Maintien de l’Environnement et de l’Agriculture).
Le projet
Lorsqu’un véhicule automobile devient hors d’usage, dans le meilleur des cas (car ce n’est pas toujours le cas !), la première étape est la récupération et le recyclage d’une partie de ses composants. Ensuite les voitures sont broyées et les différents composants sont triés. Ce qui reste forme les RBA (Résidus de Broyage d’Automobile). En général, ils représentent 25% du poids total de la voiture et accumulent tous les déchets qui n’ont pas été recyclés par les opérations précédentes, les structures de dépollution n’étant pas encore assez développées.
Les RBA ! Voilà ce qu’à Guémené au lieu-dit « Fry », on s’apprête à enfouir dans le sous-sol : des déchets extrêmement dangereux contenant du mercure, du plomb, du cadmium et des polychlorobiphényles (substances nocives se transformant en dioxine en cas d’incendie) ! Rien que ça !
Les RBA contiennent des matières combustibles et les incendies ne sont pas rares Le projet s’étendra donc sur 65 hectares avec un passage d’environ 50 camions par jour.
Les acteurs du projet
Claude Dauphin reprend en 1992 l’affaire de son père, entreprise de ferraille qu’il étend aux traitements des déchets L’entreprise GDE ou Guy Dauphin Environnement, porteur du projet, cherche à implanter en France des centres d’enfouissement pour les RBA et autres produits toxiques. Il existe d’autres projets similaires à Nonant le Pin (61), à Plouray (56).
Guy Dauphin Environnement s’est spécialisé dans la récupération de déchets (métaux, plastiques, ferrailles,). En 2006, son Chiffre d’Affaires s’élève à 628 millions d’euros. En 1993, Claude Dauphin co-fonde la société Trafigura impliquée dans plusieurs affaires financières ou environnementales (affaire du Probo Koala qui a provoqué la mort de 10 personnes, 69 personnes ont été hospitalisés, 7000 personnes intoxiqués.)
Voir :http://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_Dauphin_Environnement
Le PLU : un recours ?
L’entreprise GDE a acheté des terres agricoles et à ce titre elles ne sont pas constructibles sauf modification du Plan Local d’Urbanisme par le conseil municipal. Le 5 septembre, le Conseil Municipal de Guémené vote à l’unanimité le rejet de la modification du PLU .
Tout est bien qui finit bien ? Pas sûr ! Si le préfet affirme que le projet ne peut aboutir, des conseillers juridiques ayant consulté le Plan Local d’Urbanisme de Guémené prétendent que rien ne s’oppose à ce genre de projet industriel. Alors qui croire ? Affaire à suivre.