Ecrit le 30 septembre 2009
Ecole à La Chevallerais
Bâtiment haute performance énergétique, murs de brique terre crue, isolation ouate de cellulose, chaudière bois et ventilation double flux, panneaux photovoltaïques, choix de matériaux non polluants, noues l’école publique primaire « l’écol’eau » a été inaugurée le 19 septembre 2009, elle accueille une centaine d’enfants.
A l’échelle de la commune de la Chevallerais, cette ouverture d’une école publique est un événement car elle marque le dynamisme démographique de la commune depuis maintenant 10 ans (662 habitants en 1999 à 1200 en 2009).
Equipe de maîtrise d’œuvre– l’atelier Belenfant Daubas, architectes D.P.L.G à Nozay- 02 40 79 49 49
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La réalisation d’un groupe scolaire neuf de cette ampleur pour une commune de 1200 habitants s’est faite grâce au financement complémentaire apporté par le Conseil Général, l’État et l’ADEME.
La construction répond à une lecture spécifique de la parcelle, aboutissant à un positionnement de l’équipement en 3 strates distinctes :
– 1re : espaces reliés à la communauté : salle de motricité/périscolaire, potagers/vergers, local chauffage et stockage
– 2e : espace de l’échange du savoir, représenté par les salles de classes, bibliothèque, espaces de jeux ;
– 3e : espace de la relation intime, intimité entre l’enfant et la nature (proximité directe des grands chênes) ; intimité avec les enseignants, seuls adultes à les voir évoluer ; intimité avec eux-mêmes dans le cadre de l’espace du jeu libre. Un seul indice raccrochera les enfants à la « communauté » : la présence (auditive et visuelle) du clocher de l’église à partir de cet unique espace.
Les salles de classe sont pensées pour permettre une relation étroite avec cet espace par la possibilité d’ouvrir en grand les baies lorsque le temps le permet soit pour laisser pénétrer le temps du dehors (ritournelles des oiseaux, vent dans les feuillus etc) soit pour se laisser happer dehors et échanger tout en étant baigné de l’ambiance du site.
La liaison des pôles maternelle, primaire et périscolaire/motricité se fait par l’extérieur via des coursives couvertes. La construction d’espaces en dur et chauffés tels que les couloirs a été limitée, ce qui permet d’une part aux enfants de vivre une relation fine et d’autre part à l’école de faire des économies d’énergie.
Gestion des eaux pluviales
Le réseau communal a été dimensionné dans les années 80 au regard de la population de l’époque. Il s’est trouvé saturé sous l’imprévisible pression démographique, diminuant les surfaces perméables de la commune.
Un dispositif a été mis en place pour contrôler les eaux pluviales du groupe scolaire : l’objectif étant que les surfaces imperméables créées par les toitures et les cours d’école en enrobé n’augmentent pas le débit de l’eau recueillie au sortir de la parcelle.
– 80 % des toitures ont été végétalisées ,
– une noue a été conçue (fossé qui stocke l’eau lors de pluies importantes avant de la renvoyer sur le réseau communal) mise en scène sur la parcelle telle une douve protégeant l’école.
Les éléments paysagers ont été pensés en intégrant les constituants de la parcelle : haie de chênes, trace de plessage. Le positionnement des bâtiments a été décidé pour conserver au maximum la lecture des haies qui constituent cette ancienne parcelle bocagère.
Une construction bioclimatique
Les façades des classes sont orientées sud-est pour les parties supérieures et sud pour les parties inférieures.
Par ailleurs les concepteurs ont mis en place deux techniques complémentaires pour les murs. Ceux-ci sont constitués d’ossature en bois (Douglas non traité).
– Lorsque ces murs sont en contact avec l’extérieur, une isolation type ouate de cellulose est intégrée dans l’ossature.
– Lorsque ces murs séparent les classes, ils ont été doublés en épaisseur (30 cm) pour intégrer les briques de terre crue. La création de murs « lourds » - plus de 75 tonnes de terre ! - permet d’avoir des classes tempérées hiver comme été sans climatisation. En effet les briques accumulent les calories au cœur du bâtiment et donc réduisent les écarts de températures dans le bâtiment.
La brique de terre crue est employée majoritairement dans les pays en voie de développement pour sa facilité de fabrication qui ne nécessite pas de cuisson. En France, c’est sur l’île de Mayotte que cette technique est la plus employée, une norme AFNOR ayant même été définie pour sa fabrication.
Le bilan environnemental est exceptionnel : emploi de terre habituellement délaissée, pas de transport, pas de cuisson : Zéro énergie dépensée ! un mur à ossature bois isolé en ouate de cellulose et parement bois intérieur et extérieur consomme 50% de moins en énergie non renouvelable qu’un mur en parpaing, isolé en laine de verre et placo. Le meilleur résultat est obtenu par la réalisation des murs de refend en terre économisant près de 70 % d’énergie par rapport à un mur en béton banché.
pédagogique
Les usagers ont été associés au projet, en expliquant les choix et les mises en œuvre. Les enfants visualiseront tous les jours le soleil et le bois utilisés pour produire l’énergie nécessaire au fonctionnement de leur école. : l’entrée de l’école est située sous un auvent supportant 30 m2 de panneaux photovoltaïques visibles par en-dessous. Le silo stockant le bois déchiqueté, situé aussi dans le hall d’entrée, permettra le suivi de la quantité de bois utilisée.
Qualité de l’air
Le choix des matériaux a été pensé pour atteindre trois objectifs majeurs :·
– dépenser le moins d’énergie grise pour la fabrication et le transport des matériaux·
– rechercher une qualité d’air la plus saine possible avec l’emploi de matériaux utilisant peu de colles et sans dégagement nocif pour la santé des enfants.
– augmenter le confort : la ouate de cellulose et les briques de terre crue régulent l’hygrométrie des pièces. La vapeur d’eau produite par les enfants dans les classes est pour une partie absorbée par ces matériaux, augmentant le confort. Les bois sans traitement, sont tous issus des forêts françaises : chênes pour les poteaux du préau et douglas pour l’ensemble des ossatures bois
L’installation d’une chaudière à bois déchiqueté reflète la volonté de la commune de maîtriser à 100% ses dépenses énergétiques. Les copeaux de bois sont produits par la commune par élagage des arbres en bordure de routes, déchiquetage et séchage (environ 6 mois). Une gestion qui permettra par la suite à la commune d’alimenter d’autres équipements.
Au delà du HQE (haute qualité environnementale), le projet a été pensé au sein d’une communauté : parents d’élèves, personnels enseignants, inspection académique etc... Puis, ont été organisées des visites d’équipements scolaires, de chaufferies.·Les élèves ont participé à la mise en œuvre des haies sèches et haies plessées, en écoutant les conseils avisés d’un des derniers plesseurs de France (Franc Viel).·Une vingtaine d’habitants de la commune ont reboisé une portion du canal de Nantes à Brest en choisissant des essences de bois compatibles avec l’emploi des branchages en tant que combustible de chaudière bois.·
La réalisation exceptionnelle de 10 000 briques de terre crue : plus de 75 tonnes - a été faite par une entreprise d’insertion et une entreprise spécialisée dans les matériaux sains : Tierrhabitat (Teillé 44).
Financement
Montant de l’opération : 1 860 000 € T.T.C.
Financements : Commune de la Chevallerais : 1 200 000 € TTC , Etat DGE : 65 000 € ; Ministère de l’intérieur : 150 000 € ; Conseil Général Loire Atlantique : 450 000 € ; ADEME :12 000 €
Le jardin de l’école
L’école de la Chevallerais est construite sur une ancienne parcelle de bocage en centre bourg, dont on garde la trace et les qualités :
– Une haie de chênes têtards au Sud.
– Une haie plessée à l’est (pliée à partir des jeunes pousses arbustives existantes). (1)
– Un fossé existant au Nord.
– Une noue à l’entrée Ouest (fossé existant élargi pour retenir l’eau des fortes pluies et ménager l’aval).
– Une clôture ganivelle coupe-vent en châtaignier de 1m de haut pour faire jardin et toujours sentir la pièce de bocage où l’on est, et pour voir au-delà , l’église, les jardins du bourg.
– Une école au milieu de la parcelle en recul de la haie pour mieux ménager ses racines et l’apprécier toutes les saisons.
– Une cour aux pièces de jeux pentagonales, formes ouvertes et ludiques.
– Des seuils sablés pour laisser l’eau pénétrer dans la terre.
– Des buttes de terre du chantier pour jouer et éviter de voir cette terre partir on ne sait où boucher une mare ou encore la vue du paysage au bord d’une route.
– Un potager pour découvrir les plaisirs et les joies du jardinage.
– Un verger pour le voir fleurir et en manger les fruits.
(1) Le plessage
« Ils étaient dans l’habitude de couper de jeunes arbres, de les courber, d’y placer transversalement de nombreuses branches, et d’entremêler le tout d’épines, afin qu’Ã l’instar d’un mur, ces haies leur servissent de retranchements, à travers lesquels il n’était possible ni de pénétrer, ni même de rien voir. » écrit césar dans « La guerre des Gaules »
Le plessage est une forme d’entretien de la haie champêtre. Il consiste à entailler à la base les arbustes de la haie pour les plier et les entrelacer sur des piquets. La haie devient ainsi une clôture vivante très efficace. La taille de la haie permet d’obtenir du bois de chauffage tout en renforçant
l’épaississement de la haie .
Selon sébastien Argant, Franck Viel est sans doute le grand diffuseur du plessage en France, et arpenteur de la technique en France, au Royaume Uni et peut-être même ailleurs. Il le fait tellement bien que je pense que ce n’est plus le dernier plesseur en France, mais peut -être bien le nouveau premier. Ses coordonnées : vielfranck@free.fr
Voir ci-dessous un document tiré des cahiers d’ethnobotanique de Salagon dirigé par Pierre Lieutaghi qui a écrit par ailleurs et entre autres « la plante compagne », « le livre des bonnes herbes » .
Contact : Franck Viel - 02 43 71 87 49 ou vielfranck@free.fr
Voir aussi : http://orch-idees.ovh.org/spip.php?article71 — et — http://www.arche-nature.org/FicheArticle.asp?IdArticle=260