Ecrit le 20 octobre 2010
Des camions de lait, bloqués
Des camions de lait ont été bloqués la semaine dernière par des paysans : sur St Gildas des Bois, Vay, Herbignac, fégréac « Pour deux motifs » explique Dominique Lebreton, « L’un : des revenus trop bas. l’autre : un soutien à l’occupation du CNIEL ». Et bien entendu, comme dit Patrick Baron, dans le cadre des actions nationales engagées au sujet de la réforme des retraites.
Revenus trop bas ? « Tous les paysans actuellement sont dans la merde. Le libéralisme européen organise la concurrence entre les bassins de production. Et, fait nouveau, l’industrie agro-alimentaire s’interroge. Actuellement la Colarena baisse le prix qu’elle accorde aux producteurs de lait. Ceux-ci souhaiteraient se tourner vers Lactalis ou Saint-Père mais ces deux laiteries refusent de prendre de nouveaux producteurs, car il y a trop de lait ! Et, de plus, on nous incite à produire davantage. Il n’y a aucune régulation de la production. La surproduction fait baisser les prix et forcera des agriculteurs à cesser leur activité. Nous avons déjà perdu la moitié des paysans en 20 ans, et ça continue et ça s’accélère ! ». La Confédération Paysanne réclame donc des décisions pour mettre fin à cette guerre économique agro-alimentaire.
Le CNIEL (Centre National Interprofessionnel de l’Economie Laitière) gère à Paris la Maison du Lait. Celle-ci a été occupée le 9 septembre 2010 par la Confédération Paysanne et trois militants ont engagé une grève de la faim le 28 septembre. Explication : tous les producteurs de lait paient une taxe qui alimente le budget du CNIEL. Cet organisme verse 296 000 € par an à la FNPL fédération nationale des producteurs de lait. Et la FNPL verse 395 000 €/an à la FNSEA, syndicat majoritaire. « donc nos cotisations obligatoires financent la FNSEA » dit la Confédération Paysanne et la politique laitière est définie en cogestion avec les industriels privés et la FNPL « sans que nous y soyons associés ». La Confédération Paysanne demande donc une place au conseil d’administration du CNIEL.
l’action a été vaine : la police a évacué les locaux du CNIEL le 14 octobre 2010. Cependant le ministre s’est engagé à lancer lui-même une série de réunions de travail pour traiter les sujets de fond de la filière laitière : fin des quotas, contractualisation, avenir de la Pac entre autres.
Ecrit le 20 octobre 2010
La peste soit des pesticides
De 2002 à 2009, 34 pathologies chroniques graves ont été reconnues comme maladies professionnelles des agriculteurs, liées aux pesticides. c’est ce qu’écrit la MSA (mutualité sociale agricole) des Deux-Sèvres/Vienne, en reconnaissant officiellement les dangers encourus par les agriculteurs qui manipulent des pesticides.
« Il aura fallu combien de cancers et autres maladies professionnelles pour en arriver là ? » dit Patrick pérès, apiculteur. « Quand l’AFSSA, les Multinationales et les autres reconnaîtront-ils que nos abeilles en crèvent aussi par millions ? Pour le moment ils se contentent de nous faire croire qu’il n’en est rien ! ».
Ecrit le 20 octobre 2010
Agricultrices et alimentation
" En ouvrant de nouveaux marchés, en innovant, les industries agro-alimentaires
ont su entretenir, aiguiser l’appétit de tous leurs clients ". Cette phrase, extraite du dossier de presse du Salon International de l’agro-alimentaire 2010, illustre bien la dualité de la question alimentaire aujour-d’hui : répondre aux besoins physiologiques et psychologiques des consommateurs, en les nourrissant et en les surprenant par l’innovation.
Cette problématique est aussi celle des agricultrices de Loire-Atlantique, soucieuses de comprendre les finalités de leur métier et d’anticiper ses évolutions. c’est pourquoi une soixantaine d’entre elles se sont réunies le 14 octobre à Châteaubriant à l’invitation de la Chambre d’Agriculture et de la Mutualité sociale agricole.
Jean-Louis Lambert, sociologue de l’alimentation, a expliqué les nouvelles demandes des mangeurs :
Le prêt-Ã -manger et les différentes formes de restauration collective
Les problématiques de santé : nutrition, obésité, médicalisation de l’alimentation (« le gras devient signe de pauvreté et de mauvaise santé. L’embonpoint d’hier est devenu obésité »)
l’alimentation et le développement durable : des conflits apparaissent : on veut de la diversité, et des prix faibles ; des aliments sains en même temps que des fruits hors saison ; des produits bien emballés et longue conservation, ce qui suppose un coût énergétique important.
Annie Hupé
Annie Hupé, est agricultrice et présidente de l’association de gestion de la cantine scolaire de Villepôt. A ce titre, elle est très impliquée dans l’étude prospective menée par la Chambre d’Agriculture de Loire Atlantique, en partenariat avec la communauté de communes du Castelbriantais sur la restauration hors domicile et les capacités des agriculteurs du secteur à répondre à la demande.
« Nous avons 35 structures : IME, CAT, cantines scolaires, cantines des établissements hospitaliers, centre de loisirs, etc Soit 1 625 000 repas annuels, 7706 repas par jour. En face il y a 710 agriculteurs dont 42 en vente directe (volaille, viande bovine, maraîchage, un peu de fromage etc ) ». Une expérimentation a été faite en juillet 2010 au Centre de Loisirs pour la fourniture de fruits et de produits laitiers. « Nous avons un projet avec l’hôpital de Châteaubriant : viande, pommes bio, produits laitiers. A Villepôt la cantine fait appel aux produits locaux ». La réflexion autour d’une alimentation bio progresse.
Imelda
Imelda Figureau, jeune viticultrice de Pont St Martin réalise 30 % en vente directe. Constatant que les gens préfèrent « des produits plus ronds, plus souples » que le muscadet, elle adapte sa production. « Nous vendons même du jus de raisin et nous savons passer du temps avec les clients qui reviennent vers l’authenticité et qui viennent déguster sur place ». Elle conseille même les personnes qui souhaitent un vin adapté à tel ou tel plat.
Dans le Pays d’Ancenis un groupe de 16 agricultrices cherche à mieux comprendre le fonctionnement et les enjeux sous-jacents des différentes filières de transformation et de consommation de leurs pro-ductions. géraldine et Françoise ont donc parlé de vente à la ferme, de produits du Terroir, d’AMAP (Associations de maintien
de l’agriculture paysanne). Le choix de produits bio a été présenté comme « un acte idéologique d’achat », le besoin de lien social autour de la cuisine et de l’alimentation.
Une participante a essayé d’expliquer que se nourrir « bio » ne revient pas plus cher que la nourriture traditionnelle, car cela exige un autre type de consommation. Mais elle n’a pas été entendue, pas encore .
En conclusion, a dit une participante : « les consommateurs mangeront ce que les agriculteurs sauront vendre ». Ici, en l’occurrence, les agriculteurs sont des agricultrices et à voir l’assistance fournie et dynamique, il n’y a pas de crainte à avoir.
Des pesticides pour les enfants
L’environnement est un sujet de discorde entre les agriculteurs et les écologistes, entre la nécessité de protéger les cultures et la nécessité de protéger la santé.
l’association écolo « générations futures » a eu l’idée saugrenue de compter les polluants pouvant se trouver dans l’assiette des enfants. Après avoir concocté un menu type : 5 fruits et légumes, pas trop de gras, l’association est allée faire ses achats et a envoyé le contenu à quatre labos indépendants. résultat : 28 polluants au petit déjeuner : lait au pyralène, jus de raisin aux fongicides, pain de mie aux insecticides, beurre à la dioxine. Dans la pomme : 2 insecticides, 1 acaricide et 3 fongicides. Et le festin continue : steak haché avec perturbateurs endocriniens, haricots aux antimouches, salade au désherbant. Saumon, riz complet, tomates, yaourts : les substances cancérogènes sont partout. En une journée un enfant de 10 ans est exposé à 81 substances chimiques, pesticides, métaux lourds et autres polluants
Bien sûr, chacun de ces invités-surprise ne dépasse pas les limites autorisées, mais que se passe-t-il quand on prend en compte l’effet cocktail de ces substances ?
« Nous partageons pleinement les questionnements de cette étude sur la nécessité de travailler sur les effets synergiques possibles entre les différents types de contaminants », a précisé Marc Mortureux
Directeur de l’Agence nationale chargée de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Une étude devrait paraître en 2011.