Ecrit le 1er juin 2011
« dépendant : état de celui qui est subordonné, qui n’est plus autonome » : une des pires situations de la vie « dit Henri Baron, qui se définit modestement comme » Paysan Retraité " mais qui fut, en son temps, maire de Fercé, président de la Chambre d’Agriculture de Loire-Atlantique et Conseiller Régional des Pays de Loire (entre autres choses). Il détaille, ci-après, ses réflexions :
La dépendance, c’est le grand dossier citoyen et politique de l’année. Un dossier que le président de la République et le Gouvernement ont mis à l’ordre du jour avec une lancinante question : cela va coûter combien et qui va payer ?
Il faut exiger en première analyse l’évaluation aussi précise que possible du coût net réel pour la société, pour l’économie de la Nation, de ce cinquième risque à couvrir. Ceci doit être conduit par des économistes garantissant une parfaite objectivité, à partir de questions de bon sens.
Je me permets de lister celles qui me viennent à l’esprit, sans prétendre à l’exhaustivité :
– Combien d’emplois pérennes sont déjà ou vont devoir être créés et affectés au service des personnes dépendantes ? Selon une estimation présentée à l’assemblée des départements de France, celles-ci seraient déjà 1 100 000 et pourraient passer à 1 400 000, d’ici à 2030.
– Quelle masse salariale en conséquence, va dans la durée, apporter des ressources aux salariés et générer ainsi de la consommation, un développement de l’économie locale, des cotisations retraites ?
– Quels matériels et quels équipements vont être nécessaires - et largement améliorés au fil des années - pour favoriser une meilleure autonomie de ces personnes dépendantes, et quels profits vont en retirer les constructeurs ?
– Combien d’heures de travail rémunérées seront nécessaires pour construire des locaux adaptés ou des mises aux normes, et quels bénéfices pour les entreprises concernées ?
– Quelles productions de médicaments actuels ou nouveaux (sur 20 ans par exemple), vont être élaborées et commercialisées à cette fin, et quels profits vont en retirer les laboratoires et leurs distributeurs ?
Bref, pour essayer de regrouper ces questions en une seule :
comment prendre en considération dans la balance
« recettes/dépenses »
de ce cinquième risque,
l’ensemble de ces gains et profits pour la société ainsi que leurs retombées fiscales, induits par un état de dépendance croissant au fil de l’âge, et concernant un nombre toujours plus important de personnes ?
La dépense à la charge des personnes dépendantes et de leurs familles, le soutien budgétaire approprié des collectivités locales, doivent être « mis en sorties » dans cette balance.
La dépense dépassant la recette, selon le montant qui sera établi, il en résulte alors un solde net à couvrir et une question : qui va et qui doit payer ce solde ?
Tout le monde
Je réponds sans hésitation, « Tout le monde, obligatoirement solidaire. » C’est, à travers ce sujet, une vision de la Société qui doit s’affirmer ; elle sera digne ou méprisable selon les choix qui seront faits.
Toutes les ressources, profits, bénéfices, rentes, salaires, allocations.., doivent être pris en compte pour calculer une contribution ; ce calcul devra se faire de façon progressive, sans plancher ni plafond, à proportion juste et équitable, du plus petit perçu au plus gros encaissement, de la plus faible retraite aux plus grosses « stock-options »
Ainsi, citoyens conscients, nous aurons tous la fierté de contribuer de manière solidaire au financement nécessaire pour solder la couverture dépendance.
Et cela essentiellement pour une raison logique d’humanité. La dépendance et sa misère humaine concernent toutes les classes sociales, toutes les catégories ; et ce n’est pas un choix, c’est subi.
Les hommes publics les plus importants, les savants, les chercheurs, les intellectuels, les enseignants, les cadres, les paysans, les ouvriers, les manœuvres, les femmes, les hommes ...tous ceux qui ont construit le passé pour que leurs successeurs assurent le présent et préparent à leur tour l’avenir tous sont de potentielles mains tendues à la solidarité nationale. Une véritable honte serait de produire d’autres gains pour des compagnies d’assurances privées, sous prétexte de prétendre entourer dans la dignité Ies victimes - fragilisées et souffrantes - de l’accroissement de l’espérance de vie.
Une société qui refuserait de soutenir collectivement et solidairement la charge de la dépendance pour chacune d’entre elles, serait une Société qui entrerait dans la décadence, sinon dans la déchéance.