Ecrit le 12 octobre 2011
déplacements doux à La Chapelle Glain
« Je suis heureux de représenter ici les 32 000 communes de moins de 2000 habitants » a déclaré Michel Poupart, maire de La Chapelle Glain, intervenant le 13 septembre à Châteaulin sur « le partage de la voirie dans les communes rurales » - et le 15 septembre à Paris sur le thème : « développer la marche en ville ».
Depuis des décennies, comme dit la sociologue Sonia Lavadinho, « l’image du piéton des villes est devenue celle d’une personne vulnérable, victime potentielle de la circulation, plutôt pauvre, usager captif des transports publics et marcheur contraint. Bref une image dévalorisante » L’intérêt pour la marche renaît à partir de la fin des années 1990, comme « un choix de plaisir » et les modes de déplacement « doux » cessent d’être ringards pour devenir « branchés ».
« il faut pour cela redonner une visibilité à la marche, installer une signalétique, des trajets et des temps de parcours » dit la revue « Ville et vélo » (n°48) en illustrant l’article de photos ... de La Chapelle Glain.
Il ne s’agit pas d’une largeur de trottoirs mais d’une qualité d’ambiance des scènes de la vie urbaine. Ce que révélait d’ailleurs une participante aux manifestations de la fin de l’année 2010 (au sujet des retraites) « habituellement je ne peux pas marcher parce que je m’ennuie. Mais ici, à la manif, je suis surprise de faire un si long parcours sans fatiguer ».
D’où la nécessité d’enchanter - ou de réenchanter - la ville, pour faire en sorte que les piétons aient du plaisir à marcher dans les rues, les avenues et les places, qu’ils ne sentent pas le temps passer - Souvent les trottoirs larges et confortables restent déserts, « il faut imaginer des espaces variés, ponctués par des »événements« : ici un jardin de poche, là une fontaine, une façade animée. Le piéton aime être surpris. Il peut même accepter de marcher 5 minutes dans un lieu un peu ingrat s’il sait que, ensuite, des quartiers agréables et animés l’attendent ». car l’un des plaisirs de la marche, c’est l’arrêt, pour les rencontres qu’il favorise !.
La Chapelle-Glain, modeste commune de moins de 850 habitants, prouve qu’avec peu de moyens on peut mettre en place un projet cohérent.
« Chez nous la commune est traversée par deux routes départementales ... et des trottoirs étroits. L’une supporte 6000 véhicules/jour dont 15 % de poids lourds et matériels agricoles » dit Michel Poupart. « En prenant en compte les pôles d’attraction (mairie, église, supérette, boulangerie, école, terrain de sports, salle multifonctions), nous avons défini les besoins des cheminements piétons, avec l’aide du cabinet Archidée ».
Bien sûrla population est systématiquement concertée et informée et adhère à la démarche, « même lorsque la municipalité achète des maisons en centre-bourg, pour les détruire, pour aérer ou pour les aménager : une maison, devenue bibliothèque, a été rabotée en rez-de-chaussée, créant un encorbellement et élargissant le trottoir de 1,50m ». Il existe maintenant des chemins ensablés et plantés pour aller à pieds d’un bout à l’autre de la commune et accéder aux principaux pôles de vie. « Les parents n’hésitent plus à envoyer les enfants seuls à l’école ou acheter du pain ».
Les commerces revivent, le plan d’eau avec zone de loisirs et aire de pique-nique, en plein cœur du bourg, à deux pas de la mairie, incite à la promenade : le sentier pédestre y fait 12 km ! Très apprécié par les convives lors de mariages dans le restaurant voisin ! Cette zone de loisirs est intéressante car des accès-brouettes ont été pensés, permettant aux riverains, enclavés en bordure de la rue principale, de desservir leurs jardins.
Devant la salle multifonctions, et à l’entrée du nouveau lotissement, un aménagement de qualité a été réalisé (circulation, fleurissement).
Des bancs ponctuent les cheminements, appréciés par les jeunes mamans et les personnes âgées... et favorisant le lien social. « Plus on offre de possibilités d’arrêt, plus ça donne envie de marcher » dit Michel Poupart. Une aire de co-voiturage évite les stationnements intempestifs sur les trottoirs et apporte des clients à la supérette voisine. Celle-ci met en valeur les produits agricoles locaux.
Pour la municipalité, c’est une opération « 5 C » : Confort, Convivialité, Clarté, Commodité, Connection, s’appuyant sur une signalétique très claire, et privilégiant les haies bocagères, les espaces verts (qui se marient bien avec les poteaux rouges !) et tous les aménagements ponctuels nécessaires, faits avec les moyens du bord : un tractopelle, du rabattage de route pour le fond, du sable en surface et des plantations, sans oublier d’entretenir les espaces, sans produits chimiques. Deux employés communaux s’en occupent et la mairie n’hésite pas, si nécessaire, à faire appel à une association des chômeurs !
Bref, une commune « marchable » pour une vie apaisée !
Un médecin pour La Chapelle Glain, enfin !
Des fresques au Relais Glainois