Comme chaque année, le Conseil Général a organisé une discussion. Cette fois c’était sur « Entreprendre » avec, notamment, M. Deniaud vice-président du CG, Mme Bataille (présidente de ILAN : initiative Loire-Atlantique Nord), M. Fourny (Chambre des métiers), et les dirigeants de Delta-méca (M. Christian Caillé, entreprise d’usinage de Couë ron), Bâticréateurs (M. Alain Gerling, Coopérative d’activité et d’emploi pour les métiers du bâtiment et bientôt de l’agriculture), et M. Alain Durand (Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire). Dommage, il y avait peu de monde. Mais où étaient les élus (à part quelques-uns !), mais où étaient les chefs d’entreprise de la région ? où étaient les syndicalistes ?
Il a été question de financement (L’entreprise Alexen de Châteaubriant reconnaît que le prêt obtenu a été déterminant), de frilosité des banques (heureusement que les appuis apportés par ILAN aident au déblocage de fonds), de conseils donnés aux futurs créateurs et repreneurs.
Il a été question de bâtiments (il y a un projet de charcuterie à Derval, avec M. Barthélémy qui recherche un local adapté). Il a surtout été question des projets des futurs créateurs sans lesquels ceux-ci ne sauraient avoir l’énergie personnelle et l’enthousiasme pour mener à bien leur entreprise.
Il a été question aussi du personnel, dont le bien-être au travail constitue un des critères de bonne marche de l’entreprise. Les trois intervenants MM. Caillé, Gerling et Durand ont beaucoup insisté sur toutes les formes de coopérative, d’actionnariat, de participation effective du personnel.
Il a été question aussi des marchés de travaux. « Les collectivités territoriales devraient privilégier les groupements d’entreprises plutôt que de choisir des grands groupes comme Vinci qui cassent les prix et se moquent pas mal de l’emploi local » a dit un participant. Le Conseil Général a indiqué son souci du développement des petites et moyennes entreprises.
Autre souci : la transmission des entreprises. « Il faut y penser avant le départ en retraite du chef d’entreprise, mettre en avant les compétences internes, impliquer les salariés, les inciter à maintenir l’entreprise aux normes pour qu’elle soit plus facilement reprise ». Mais le problème est souvent financier.
M. Alain Durand raconte qu’il a eu l’occasion d’étudier la reprise d’une entreprise de grues. « Je l’avais évaluée à 18-20 millions d’euros, ma surprise a été de voir qu’il y avait 5 repreneurs entre 38 et 42 millions : il s’agissait des fonds d’investissement de banques françaises n’ayant aucune compétence dans le domaine industriel. En faisant ainsi monter les enchères, elles empêchaient une reprise locale, seul un grand groupe pouvait faire l’acquisition ». Et un jour ce grand groupe supprime le directeur, puis le service « recherche et développement », voire le service commercial et il ne reste qu’un atelier décentralisé là où il y avait une entreprise. A terme, c’est la disparition. Tout cela dans une logique financière et non dans une logique de développement économique (et humain !).
Les différents intervenants ont demandé, en outre, que la culture de l’entreprise puisse intégrer la notion d’échec : « il faut accepter qu’un entrepreneur ne réussisse pas à tous les coups et lui permettre de rebondir ! ».
(Ndlr : pour un créateur d’entreprise, solliciter un crédit bancaire après une liquidation relevait jusqu’Ã présent de l’exploit. L’entrepreneur était en effet fiché auprès de la Banque de France pendant trois ans et pouvait susciter la méfiance continue des banquiers. Pour la ministre des Petites et moyennes entreprises, Fleur Pellerin, connaître un échec dans un parcours d’entrepreneur n’a rien d’anormal et ne devrait pas être stigmatisé. Depuis le 9 septembre 2013, la Banque de France a mis fin au fichage de quelque 144 000 chefs d’entreprise qui vont donc pouvoir tenter une nouvelle chance et se relancer plus facilement dans la création d’une nouvelle société, et ainsi générer de l’emploi. Cette mesure, annoncée par le président de la République lors des Assises de l’entrepreneuriat en avril dernier, a pour objectif de ne pas brimer l’esprit d’entreprise, dans un contexte de relance économique. Cela ne concerne pas les faillites frauduleuses, ni les liquidations pour fautes de gestion).