Ecrit le 30 janvier 2013
Baisser les allocs-chômage des cadres
La question de la dégressivité des indemnités chômage refait surface, avec le dernier rapport de la Cour des Comptes : le système français est peu dégressif, du fait du plafond d’indemnisation très élevé, plus de 6000€ en France, contre autour de 2000€ en Belgique et en Allemagne.
Les Econoclastes s’interrogent sur la pertinence d’une baisse du plafond, en renvoyant notamment à un article de la Tribune disant que la baisse du plafond devrait s’accompagner d’une baisse des cotisations des cadres, or ils contribuent beaucoup et bénéficient peu des indemnités car is sont très peu exposés au chômage. Par sûrque l’on y gagne, nous dit le journaliste
Comme toujours sur ce sujet, je renvoie à l’excellent article des Ecopublix, qui montrait qu’une proportion non négligeable des personnes à très haut salaire attendaient le dernier moment pour reprendre un emploi, contrairement aux personnes à salaire plus faible. Logique : ces personnes à très haut salaire peuvent très vite retrouver un emploi, elles peuvent s’accorder entre deux jobs une bonne pause en vivant d’allocations généreuses et retourner à l’emploi lorsque l’allocation s’arrête (je force le trait, je ne dis pas que 100% de ces personnes font ça).
Un rapport du CERC, datant de 2005, évoquait déjà cette question. A l’époque, une baisse du plafond à 1500€ aurait concerné 14,6% des allocataires ; une baisse du plafond à 1800€ en aurait concerné 8%. A 3000€, on tombait à une proportion de 2,3%. A l’époque toujours, le passage à un plafond de 1500€ aurait conduit à une économie pour l’Unedic de 2,75 milliards d’euros par an. Somme non négligeable, potentiellement mobilisable pour accompagner les personnes à l’inverse très exposées au risque de chômage.
Bref, compte-tenu de ces éléments, une baisse du plafond d’indemnisation en France semble une mesure intéressante. Ni miraculeuse, ni révolutionnaire, mais plutôt adaptée : bien calibrée, elle permettrait de réduire ces comportements opportunistes et de se doter de moyens financiers supplémentaires pour former les personnes les moins qualifiées par exemple.
Ecrit le 6 février 2013
La crise s’aggrave. désespoirs
Bientôt nous ne pourrons plus écouter, ni la radio, ni la télé car les mauvaises nouvelles tombent en cascade. Doux, pétroplus, Sanofi, AirFrance, PSA Citroë n, Renault, ArcelorMittal, Goodyear : dans ces grosses « boites », les licenciements se comptent par centaines, voire par milliers. On ne sait plus où donner de la tête et le nombre de chômeurs a fait un bond formidable en France et en Europe au cours de l’année 2012.
Le pire c’est que les plans sociaux des grandes entreprises, aussi catastrophiques et spectaculaires soient-ils, représentent moins de 20% destructions d’emplois en France. L’essentiel vient de suppressions de postes dans des petites entreprises, de la baisse du recours à l’intérim et du non renouvellement des CDD.
Une bonne nouvelle pourtant : le nombre de défaillances dans l’industrie et les services à l’industrie s’est presque stabilisé en 2012, avec 10 446 faillites sur l’année, soit 1,1 % de plus qu’en 2011. Mais ces procédures concernent des entreprises de taille plus importante en moyenne. résultat : l’impact sur l’emploi a fait un bond inquiétant. Selon l’indicateur Coface-Usine Nouvelle, en 2012, les entreprises en faillite ont concerné au total 68 307 emplois, cela marque une évolution de 22 % par rapport à l’année précédente.
Le coût des défaillances a aussi explosé pour les fournisseurs. l’ardoise globale des encours menacés est en hausse de 44 % sur l’année pour atteindre 1,6 mil-
liard d’euros, avec le risque de voir un cercle vicieux se développer, avec des défaillances de fournisseurs en cascade. « Les entreprises réduisent leurs dépenses de nettoyage ou de gardiennage, en fragilisant les entreprises de ce secteur. Avoir des défaillances d’entreprises de taille significative n’était pas le cas les autres années », juge Jennifer Forest, analyste chez Coface.
Toujours plus !
Dans la zone euro, 18,715 millions de personnes étaient au chômage en décembre 2012. En un an, la situation s’est considérablement aggravée avec 1,796 million de chômeurs en plus (soit + 10,6 %) ! Le taux de chômage dépasse les 26 % en Espagne et en Grèce.
Dans toute l’union européenne, on compte 25,926 millions de personnes au chômage à la fin de l’année 2012, soit 1 763 000 de plus qu’en décembre 2011 soit une augmentation de 7,3 % en un an.
Le chômage de longue durée est l’une des principales préoccupations des décideurs. Outre ses effets financiers et sociaux sur la vie personnelle, le chômage de longue durée affecte négativement la cohésion sociale et, en fin de compte, peut entraver la croissance économique.
Martin Schulz , président du Parlement européen, parle, à juste titre, d’une possible « explosion sociale » en Europe et le directeur exécutif de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) appelle à une amélioration de la protection sociale. En même temps on apprend que : « Les actifs financiers détenus par des particuliers et leurs familles et dissimulés dans des paradis fiscaux atteignent entre 21.000 et 32.000 milliards de dollars (soit 17.000 - 25.500 milliards d’euros). ».
Mercredi 13 février 2013, un chômeur s’immole par le feu
La famille dit son incompréhension
Marche à Nantes en mémoire de ce chômeur
16 février : un lecteur nous écrit :
A lire la presse (Canard Social, Ouest-France, Libération, ...), je constate que deux Ministres sont venus et repartis : le Ministre du Travail, M. Michel Sapin, débarqué en urgence pour ce maudit événement ; la sous-Ministre des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, Mme Carlotti, dont la venue était programmée et dont l’emploi du temps s’est vu bouleversé. Vu de loin, on pourrait dire que l’Etat a fait son boulot. Moi, ça m’a foutu en rogne. Toujours d’après la presse (je n’ai assisté à aucune des réunions), tous deux ont tressé des louanges à la qualité et la réactivité des services du personnel de l’agence Pôle-Emploi Nantes Est et plus généralement ont donné quitus à Pôle-Emploi en France pour le travail effectué dans des conditions difficiles et souvent en 1re ligne. Bon, j’admets qu’ils étaient obligés, de par leur fonction, de soutenir l’Assurance-Chômage, même si son contact avec son public n’a jamais été autant dématérialisé et déshumanisé. Bien sûr, tous les deux y ont été de leur petite larme (de crocodile, pensant au prochain train ou avion à prendre) pour la famille du défunt (paix à son âme, lui qui n’a plus de souci de boulot ou d’argent). Mais je n’ai pas trouvé la plus petite ligne écrite d’encouragement ou de compassion à l’adresse de l’immense foule des chômeurs, de leur condition et de leur galère. Rien, nada ! LÃ , ce n’est plus digne d’un Gouvernement socialiste. C’est même une insulte (ou un déni) pour ceux qui survivent avec les minimas sociaux (RSA , ASS, mêmes droits !). Et j’ai une pensée encore plus émue lorsqu’arrive la fin de droits.
On dit bien facilement que « plaie d’argent n’est pas mortelle ». En voici la preuve contraire.